Offerte par la France en 1886, la Liberté éclairant le monde, aussi appelée la “Mère des exilés”, a été conçue comme un symbole de la liberté, comme le rappellent les vers du poème Le Nouveau Colosse, d’Emma Lazarus (1883) gravés à sa base : “Donne-moi tes pauvres, tes
exténués / Qui en rangs pressés aspirent à vivre libres / Le rebut de tes rivages surpeuplés.ˮ “Lady Liberty” fut longtemps la première image que découvraient les immigrants européens à leur arrivée à New York.
De l’Égypte aux États-Unis
Saviez-vous que le gigantesque cadeau de la France à l’Amérique n’était pas, à l’origine, destiné aux États-Unis ? En effet, le sculpteur Frédéric Auguste Bartholdi avait initialement en tête une colossale sculpture vouée à garder l’entrée du canal de Suez en Égypte, une des plus grandes prouesses techniques de la France du XIXe siècle. Son ode à l’ingéniosité hexagonale devait intégrer des éléments de deux des Sept Merveilles du monde : le colosse de Rhodes et le phare d’Alexandrie. Cependant, l’ambitieux monument ne parvint pas à s’attirer de solides financements. Le salut viendra grâce à son ami Édouard René Lefebvre de Laboulaye, juriste, écrivain et militant antiesclavagiste. Celui-ci proposa d’offrir un cadeau à l’Amérique pour symboliser le triomphe du républicanisme et des valeurs démocratiques communes à la France et aux ÉtatsUnis. Bartholdi y vit une chance à ne pas laisser passer. Rapidement, il s’attela à la tâche, modifiant sa vision pour transformer son fiasco du canal de Suez en “Liberté éclairant le monde” : un cadeau enviable pour célébrer le centenaire de la Déclaration d’indépendance.
La genèse de la statue de la Liberté
Bartholdi consacra près de vingt ans à réaliser son rêve : créer ce géant de cuivre creux et l’ériger
dans la baie de New York. Malgré les nombreux problèmes financiers, le projet fut mené à bien, notamment grâce aux efforts de Joseph Pulitzer et de la poétesse Emma Lazarus, dont l’ode à la statue faisait partie d’une campagne d’appels de fonds lancée pour financer le piédestal, conçu par
l’architecte américain Richard Morris Hunt. Par ailleurs, le travail de Bartholdi se heurta à un défi structurel, résolu grâce à Gustave Eiffel, qui conçut l’ossature métallique interne de la statue.
L’œuvre ne fut achevée qu’en 1884, en France. Elle entama sa traversée pour New York en 350 morceaux emballés dans 214 caisses ; il fallut quatre mois pour la rassembler et l’ériger sur un piédestal de granit. Sa spectaculaire inauguration, en octobre 1886, fut accompagnée du premier défilé new-yorkais avec serpentins et d’une flottille de près de 300 vaisseaux. Le National Park Service gère la statue et Liberty Island depuis 1933. En 1984, une restauration a été entamée sur la robe de cuivre oxydée de la vieille dame, qui a été inscrite la même année au patrimoine mondial de l’Unesco.
La statue de la Liberté aujourd’hui
Si vous réservez bien en avance, vous pourrez monter les 162 marches (escarpées) qui mènent du
haut du piédestal à la couronne de Lady Liberty, d’où la vue sur la ville et la baie est grandiose. Attention : l’accès à la couronne est très limité, et le seul moyen d’y accéder est de réserver son billet bien à l’avance : le plus tôt est donc le mieux (on peut s’y prendre 6 mois avant). Une même personne n’a le droit de réserver que quatre billets, et les enfants doivent mesurer au moins 1,21 m. Si vous avez manqué les billets pour la couronne, vous aurez probablement plus de chance avec ceux donnant accès au piédestal, d’où la vue est également imprenable. Ils sont aussi en nombre limité et doivent être réservés, soit en ligne, soit par téléphone.
Vous n’avez de billet ni pour l’un ni pour l’autre ? Pas de panique. Tous les billets de ferry pour Liberty Island et Ellis Island donnent accès au parc autour de la statue, où vous pourrez faire une visite guidée (ou audioguidée), et au récent Musée de la statue de la Liberté, ouvert en 2019. La boutique de souvenirs et la cafétéria sont aussi ouvertes à tous. Un conseil : apportez un casse-croûte et dégustez-le au bord de l’eau, face aux gratte-ciel de Manhattan qui se détachent sur le ciel.
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