Ouest du Bhoutan

Dzong de Punakha

Le Phungtang Dechen Photrang Dzong (“Palais du grand bonheur”) est peut-être la plus belle forteresse du pays, surtout au printemps quand les jacarandas en fleur subliment ses imposants murs blanchis à la chaux. Il fut le deuxième édifié au Bhoutan par le Shabdrung Ngawang Namgyal et il servit de capitale et de siège du gouvernement jusqu’au milieu des années 1950. Tous les rois du Bhoutan ont été couronnés ici et le dzong est encore aujourd’hui la résidence d’hiver du dratshang et du Je Khenpo.

Guru Rinpoché avait prédit la construction du dzong : “…une personne nommée Namgyal arrivera à une colline ressemblant à un éléphant”. Lorsque le Shabdrung visita Punakha, il choisit la pointe de la trompe de l’éléphant endormi, au confluent de la Mo Chhu et de la Pho Chhu, pour édifier un dzong.

La construction du dzong actuel commença en 1637 et s’acheva l’année suivante. Des éléments furent ajoutés ultérieurement, notamment une chapelle pour commémorer la victoire sur les Tibétains en 1639 et les armes confisquées durant la bataille y sont conservées. Le Shabdrung établit ici une communauté monastique regroupant 600 moines provenant du Cheri Goemba.

Le dzong mesure 180 m de long et 72 m de large ; l’utse s’élève sur six niveaux. Le dôme doré coiffant l’utse fut construit en 1676 par le 4e desi, Gyalse Tenzin Rabgye. Beaucoup de détails du dzong furent ajoutés entre 1744 et 1763 durant le règne du 13e desi, Sherab Wangchuck. Il légua entre autres le chenmo (grand) thongdrol, un immense thangka représentant le Shabdrung, présenté au public une fois par an durant le tsechu. Le septième dalaï-lama, Kelzang Gyatso, offra le toit en cuivre.

De fréquents incendies (le dernier en 1986), le grave séisme de 1897 et le débordement de la Pho Chhu en 1994 ont endommagé le dzong, aujourd’hui restauré.

Il est accessible par le pont Bazam, qui fut reconstruit en 2008 après que celui d’origine (XVIIe siècle) fut emporté par une crue en 1958. La salle au-dessus de l’entrée du pont présente une exposition sur les rénovations et l’architecture des ponts à poutres en porte-à-faux au Bhoutan.

Outre sa position stratégique au confluent, le dzong compte d’autres atouts pour le protéger des envahisseurs : son escalier en bois escarpé à l’entrée est escamotable et sa lourde porte en bois reste fermée la nuit.

Le dzong possède trois docheys au lieu des deux habituels. La première cour (côté nord) est réservée à l’intendance et accueille un énorme chörten blanc de la victoire et un arbre de la Bodhi. Dans l’angle au fond à gauche se trouvent une collection de pierres et un sanctuaire dédié à la Tsochen, reine des naga (divinités à tête humaine et corps de serpent), dont une statue se dresse sur le côté.

Séparée de la première cour par l’utse, la deuxième abrite les quartiers monastiques ainsi que deux salles, dont l’une où Ugyen Wangchuck, qui allait devenir le premier roi, fut fait chevalier commandeur de l’ordre de l’Empire des Indes en 1905.

Dans la cour la plus au sud, le temple conserve les dépouilles du tertön Péma Lingpa, et du Shabdrung Ngawang Namgyal. Le Shabdrung mourut ici et son corps est toujours conservé dans le Machen Lhakhang (machen signifie “corps embaumé sacré”), qui fut reconstruit en 1995. Le cercueil scellé ne doit jamais être ouvert. Hormis les deux lamas gardiens, seuls le roi et le Je Khenpo sont autorisés à pénétrer dans cette pièce où ils viennent y recevoir une bénédiction avant de s’adonner à leurs obligations.

À l’extrémité sud se trouve le kunrey, ou salle d’assemblée “aux cent piliers” (qui n’en compte en fait que 54). Les fresques exceptionnelles, qui furent commandées par le deuxième desi, représentent la vie du Bouddha. Les énormes statues dorées du Bouddha, de Guru Rinpoché et du Shabdrung datent du milieu du XVIIIe siècle, et les piliers sont ornés de beaux panneaux en or. Les boiseries finement sculptées et peintes en doré, rouge et noir contribuent à la légèreté artistique de l’ensemble, en dépit du gabarit titanesque du dzong. C’est la seule chapelle toujours ouverte aux visiteurs.

Le trésor le plus précieux du Bhoutan est le Rangjung (autoportrait) Kharsapani, une représentation de Chenresig conservée dans le Tse Lhakhang, dans l’utse du dzong. Elle fut rapportée du Tibet par le Shabdrung et joue un rôle important dans les célèbres festivités du dromchoe de Punakha. Le public n’y a pas accès.

Après être sorti du dzong par le côté nord, vous pourrez visiter le Dzong Chung (Petit Dzong), un bâtiment plus modeste qui conserve une statue du Bouddha depuis 1326. L’édifice marque le site du dzong d’origine. Au nord du dzong s’étend un terrain de crémation, identifié par un grand chörten ; à l’est se tient un palais royal.

9h-17h juin à mi-nov, 11h-13h et 15h-17h mi-nov à mai
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