Paysages de brousse ou de montagne, forêts sèches ou tropicales, maquis minier, plages de sable fin, lagon paradisiaque, faune et flore remarquables… L’archipel calédonien peut se targuer d’abriter un patrimoine naturel vraiment extraordinaire ! Deux points forts dans ce tableau : la Chaîne, le massif montagneux qui parcourt la Grande Terre, et plus de 15 000 km2 de lagon inscrits à l’Unesco.
Géographie et géologie de la Nouvelle-Calédonie
La Nouvelle-Calédonie (18 580 km2) se situe dans la partie sud-ouest de l’océan Pacifique, au nord du tropique du Capricorne. Il s’agit d’un archipel comprenant une île principale, la Grande Terre (16 350 km2), l’île des Pins (152 km2), les îles Loyauté (1 980 km2) et les minuscules îles Belep. Diverses dépendances, disséminées très loin des principales composantes de l’archipel, totalisent une superficie de 4 km2.
Grande Terre
Cette île montagneuse en forme de cigare, de 450 km de long pour 50 km de large, est la troisième île du Pacifique Sud par la superficie, derrière la Nouvelle-Zélande et la Nouvelle-Guinée. Elle est traversée tout du long par une chaîne montagneuse centrale, dont les plus hauts sommets sont le mont Panié (1 629 m), sur la côte nord-est, et le mont Humboldt (1 618 m), au sud-est. De ces montagnes dévalent de nombreuses rivières qui se jettent dans la mer. Les crues sont fréquentes pendant la saison des pluies.
Les deux côtes de la Grande Terre présentent des physionomies très contrastées. La côte est, au vent, humide, luxuriante et montagneuse, se distingue par son littoral creusé par d’étroits et profonds estuaires. La côte ouest, sous le vent, est plus sèche, pourvue de larges plaines verdoyantes et de vastes baies peu profondes, bordées de forêts de mangrove et de plages infestées de moustiques. Le sud de la Grande Terre se compose d’un plateau ferrugineux de 250 m d’altitude, parsemé de petits lacs naturels et de marais.
Contrairement à de nombreuses îles du Pacifique, la Grande Terre ne résulte pas de l’activité volcanique. Elle faisait partie du Gondwana, continent qui regroupait l’Afrique, l’Amérique du Sud, l’Antarctique, le sous-continent indien, l’Australie et la Nouvelle-Zélande. La Grande Terre et la Nouvelle-Zélande se sont séparées de l’Australie il y a environ 80 millions d’années. Quelques millions d’années plus tard, la Grande Terre s’est détachée de la Nouvelle-Zélande et est devenue une île.
Le sous-sol de la Grande Terre regorge de richesses minérales. La Nouvelle-Calédonie abrite l’une des plus grandes réserves de nickel
du monde.
Autres îles
Les îles Loyauté et l’île des Pins doivent leur origine à une chaîne volcanique sous-marine, inactive depuis 10 millions d’années, située sur la bordure orientale de la plaque australienne. Il s’agit d’îles coralliennes très poreuses et exondées, c’est-à-dire créées par l’élévation du récif consécutif à l’effondrement des anciens volcans. En grande partie plates, elles ne possèdent aucune rivière. L’eau douce est recueillie dans des citernes. Sur l’île des Pins, on notera la présence de quelques collines et ruisseaux.
Récif et lagon
La Nouvelle-Calédonie possède 1 600 km de récif. Le principal récif-barrière encercle la Grande Terre, dont il est distant de 10 à 60 km. Il mesure 600 km de long sur sa façade occidentale et 540 km sur sa façade orientale. Il délimite un superbe lagon turquoise, considéré comme l’un des plus grands lagons du monde, de 25 m environ de profondeur à l’ouest et de 40 m en moyenne à l’est. Par endroits, le récif est interrompu par des vallées sous-marines, vestiges d’anciens lits de rivière, atteignant jusqu’à 80 m de profondeur. Outre le récif-barrière, des récifs frangeants entourent toutes les petites îles.
L’intérieur du lagon est parsemé de récifs et d’îlots de tout type et de toute taille.
Faune et flore en Nouvelle-Calédonie
La faune et la flore calédoniennes sont originaires de l’est du Gondwana. Lorsque la Grande Terre s’est détachée de l’ancien continent il y a 80 millions d’années, les espèces ont évolué de manière isolée ; aussi, certaines plantes et certains animaux, surtout des oiseaux, sont uniques dans l’archipel, qui présente la plus grande diversité au monde au kilomètre carré.
Cette biodiversité s’explique par la présence de la chaîne montagneuse centrale de la Grande Terre, qui a créé des niches, des biotopes et des microclimats dans lesquels les espèces endémiques ont pu prospérer. Certaines n’existent parfois que dans une petite zone montagneuse et ne sont représentées que par une seule population connue.
Faune
À l’heure actuelle, 4 500 espèces d’animaux terrestres ont été recensées en Nouvelle-Calédonie. Il s’agit principalement d’oiseaux, de reptiles et de quelques mammifères.
Mammifères
Parmi les rares mammifères du pays, seules les roussettes (chauve-souris frugivore, ou renard volant) sont indigènes. Il en existe quatre espèces. L’une d’elles, la Pteropus macmilliani, est endémique et menacée d’extinction. Ces créatures nocturnes vivent en colonies dans les arbres. Elles s’envolent au couchant et parcourent jusqu’à 15 km pour se nourrir, de fruits et de fleurs, avant l’aube. Elles font partie de l’alimentation des Kanak, mais la chasse est limitée aux week-ends d’avril et interdite sur les lieux de reproduction ou de repos. Notez qu’en cette saison, les coups de fusil nocturnes peuvent être un peu impressionnants…
Le cerf rusa (Cervus timorensis russa) de Nouvelle-Calédonie est l’un des plus grands cervidés. En 1862, une douzaine de cerfs rusa ont été introduits sur l’île. Aujourd’hui, on estime leur nombre à plus de 100 000 individus. Le cerf s’est si bien adapté qu’il occasionne très tôt des dommages dans les cultures et les plantes indigènes. On peut en apercevoir dans les fermes caldoches de la côte ouest.
Oiseaux
Avec une avifaune qui comprend 68 espèces terrestres, dont une vingtaine indigènes, la Nouvelle-Calédonie est une destination de choix pour les ornithologues et autres observateurs. L’oiseau le plus connu est le cagou, emblème de la Nouvelle-Calédonie, malheureusement menacé. Votre meilleure chance d’en observer sera au parc provincial de la Rivière Bleue ou au parc zoologique et forestier
de Nouméa.
Les perruches d’Ouvéa sont les oiseaux endémiques les plus menacés. Citons également les frégates, qui présentent une envergure impressionnante, les tourterelles et les pigeons, notamment le notou, pigeon indigène de grande taille, ou pigeon impérial (Ducula goliath), dont la population devient “vulnérable”.
Vous verrez un grand nombre de sternes néréis (Nereis sterna nereis) dans les îlots autour de la Nouvelle-Calédonie.
Reptiles
Les serpents calédoniens sont essentiellement marins (voir plus loin Faune marine). À terre, il existe deux espèces de serpents aveugles et un boa, rare et inoffensif. Ce dernier vit uniquement dans les îles Loyauté où il a été introduit par les immigrants polynésiens au XVIe siècle pour se nourrir.
Plusieurs espèces de lézards évoluent dans les paysages de Nouvelle-Calédonie mais les geckos sont de loin l’espèce la plus courante. Ce lézard nocturne insectivore, très bruyant, possède des pattes dotées de petits disques couverts de crochets microscopiques qui lui permettent de grimper aux murs et aux plafonds. Farouche, cette petite créature à la peau diaphane et aux grands yeux sort le soir pour se gaver de papillons de nuit et de moustiques.
Il existe quatre variétés de geckos géants endémiques, dont le rare Rhacodactylus leachianus. Mesurant 35 cm de long, sans la queue, ce “géant” vit dans la forêt humide.
Faune marine
Les eaux de Nouvelle-Calédonie offrent un fabuleux spectacle de couleurs et de formes. Vous verrez défiler plusieurs espèces de requins (pointe blanche, pointe noire, requin gris, requin nourrice, requin guitare), des raies pastenagues, des tortues, des dugongs (ou “vaches marines”), des dauphins, des napoléons, des loches, des poissons-perroquets, et pourrez admirer des dizaines d’espèces de coraux multicolores, des éponges, des concombres de mer et quantité de mollusques divers, dont le troca, le cauris et le cône, le bénitier, le calamar et le superbe nautile.
Vous apercevrez peut-être un amphibien appelé tricot rayé (Laticauda semifasciata), l’une des douze espèces calédoniennes de serpents de mer, qui vivent à la surface de l’eau ou à terre. Doté d’une queue aplatie qui fait office de pagaie et de narines étanches lui permettant de demeurer jusqu’à une heure sous l’eau, le tricot rayé est très venimeux. Même si certains plongeurs se risquent à le toucher, restez prudent. On le retrouve fréquemment dans la région de Nouméa et surtout sur l’îlot Amédée.
On peut voir régulièrement des baleines à bosse (Megaptera novaengliae) durant les mois d’hiver (entre juillet et septembre), lorsqu’elles viennent se mettre à l’abri des eaux froides de l’Antarctique avec leurs petits.
Plantes
Près de 80% des 3 250 espèces végétales à fleurs de Nouvelle-Calédonie sont indigènes.
Arbres
La Nouvelle-Calédonie a en grande partie perdu sa forêt vierge. Aujourd’hui, la forêt indigène ne couvre plus que 4 000 km2, soit environ 20% du territoire. Parmi les différentes essences, citons l’Araucaria columnaris, ou pin colonnaire (qui a donné son nom à l’île des Pins), un pin de la famille des araucariacées qui atteint 60 m de haut pour un diamètre de 2 m. Son milieu naturel est la côte. Utilisé pour la fabrication des pirogues et des charpentes, il était planté dans les villages kanak ; les bosquets isolés des régions montagneuses indiquent donc la présence d’anciens peuplements. Dans la symbolique culturelle kanak, cet arbre représente la virilité et délimite les lieux sacrés.
L’immense banian (Ficus prolixa), de la famille du figuier, déploie un vaste feuillage et d’importantes racines adventives aériennes. Sa vie commence par une graine déposée par un oiseau ou le vent sur un autre arbre. Ses racines descendent des branches vers le sol, encerclant le tronc de l’arbre hôte qu’elles finissent par étrangler. Les racines servent à la construction des flotteurs de pirogue, la sève à la fabrication des balles de cricket.
Le roi des forêts de Nouvelle-Calédonie est le houp (Montrouziera cauliflora), un arbre endémique à croissance lente et au bois dur et très recherché. Il donne de superbes fleurs rouges.
Le kaori (Agathis lanceolata), un conifère de la famille des araucariacées, est largement exploité pour son bois d’excellente qualité, souple, léger et dépourvu de nœuds. C’est l’un des géants de la forêt (jusqu’à 40 m de haut).
Quant au niaouli, il s’agit d’un arbrisseau à fleurs blanches et au tronc tortueux possédant une écorce blanc-argenté. Ses feuilles sont riches en huile essentielle commercialisée pendant longtemps sous le nom
de gomenol.
Écosystèmes
Sur la Grande Terre, on rencontre divers écosystèmes. La savane à niaoulis est un type de prairie, prédominante sur la côte ouest, née après défrichage et brûlage des terres en vue de la création de pâturages pour le bétail. Elle est surtout dominée par les niaoulis, mais on trouve aussi du gaïac, du bois de fer et du chêne-gomme.
La fougère arborescente est présente dans les forêts humides de la Grande Terre, notamment dans le parc des Grandes Fougères.
La flore côtière comprend la mangrove, qui croît essentiellement sur la côte ouest et couvre près de la moitié du littoral de l’île. Derrière elle, ou derrière la plage, pousse une petite bande protectrice composée de casuarinas, d’acacias, de pandanus et de pins, tandis que la forêt d’estuaire regroupe le bois de rose, les santals, les plantes grimpantes et les pins.
Le maquis minier est un type de végétation couvrant 30% de la Grande Terre. Il se compose d’arbres et d’arbustes divers adaptés aux sols pauvres en éléments mais présentant une concentration anormale de minéraux lourds. C’est notamment le cas au sud, où s’est développée une flore spécifique, adaptée à cette teneur.
Parcs et réserves de Nouvelle-Calédonie
La Nouvelle-Calédonie possède des parcs et des réserves à la fois terrestres et marines.
Zones terrestres
Il existe trois types de réserves : les réserves naturelles, les réserves botaniques ou zoologiques spécifiques et les parcs provinciaux. Le niveau de protection varie selon le statut, mais seule la réserve naturelle est soumise à un accès réglementé.
Le parc provincial de la Rivière-Bleue et la réserve de la Madeleine, dans le Grand Sud, sont faciles d’accès et possèdent de bonnes infrastructures, tout comme le parc des Grandes Fougères, inauguré en 2008, qui a pour but de protéger la forêt dense humide, qui occupe 90% des 4 500 ha du site.
Les monts Humboldt et Panié sont propices à la randonnée pédestre, mais les équipements sont limités.
Zones marines
Depuis 2008, une grande partie du lagon calédonien est classé au patrimoine mondial de l’Unesco. Les restrictions les plus importantes concernent la réserve Yves Merlet (170 km2), entre l’extrémité sud de la Grande Terre et l’île des Pins. À l’exception des scientifiques, l’entrée est strictement interdite.
Écologie en Nouvelle-Calédonie
Les Kanak ont toujours traité leur environnement avec respect, car il constituait pour eux un véritable garde-manger. Cette attitude contraste avec les pratiques actuelles telles que l’exploitation minière, la déforestation et l’élevage.
Impact de l’industrie minière
Les mines de nickel à ciel ouvert sont responsables de la déforestation, de l’érosion des contreforts montagneux, de la pollution des cours d’eau et de la dégradation du récif. Celui-ci est plus particulièrement touché à mi-chemin de la côte est de la Grande Terre, où les sédiments se déversent directement dans la mer.
Les rejets toxiques dans l’atmosphère de l’usine de Doniambo à Nouméa sont également sources de problèmes. Les agences internationales de protection de la santé publique et de l’environnement classent le nickel parmi les “substances extrêmement dangereuses” et cancérigènes, et ont révélé son effet sur l’asthme. Des mesures pour analyser la qualité de l’air dans la région du Grand Nouméa ont été mises en place en 2005.
L’usine de traitement du nickel Vale NC près de Port Boisé, dans le Grand Sud, et celle de Vavouto, près de Koné, dans la province Nord, dont la production a débuté en 2013, suscitent des controverses en raison des nouvelles méthodes d’extraction chimique qui sont mises en œuvre et du traitement des effluents rejetés en mer. Malgré les discours rassurants des groupes industriels, les associations de défense de l’environnement estiment que ces deux nouvelles usines ont un impact négatif sur les écosystèmes du lagon et risquent de causer des dégâts irréversibles.
Déforestation
Les incendies de brousse, causes d’érosion et de désertification, posent un immense problème malgré les campagnes de sensibilisation du public. Les feux, souvent volontaires, servent à défricher des terres pour l’agriculture et la chasse au sanglier (afin de canaliser le gibier dans des endroits déterminés).
Traitement des déchets
La Nouvelle-Calédonie accuse un sévère retard en matière de traitement des déchets. En dehors du verre et des huiles de vidange, qui sont recyclés localement, le tri sélectif n’est qu’à l’état de projet. Les équipements sont de fait quasi inexistants alors même que chaque habitant de Nouméa produit environ 450 kg de déchets dans une année, et que l’afflux touristique augmente encore cette masse qui pourrait être valorisée. Les communes, compétentes en la matière, mettent en cause le coût élevé que nécessiterait la mise en place de poubelles individuelles.
Pêche
Même si la pêche ne représente pas une grosse source de revenus pour la Nouvelle-Calédonie, certaines restrictions sont imposées sur l’utilisation des filets et des lignes. Les prises réalisées sur les embarcations de plaisance sont interdites à la vente et limitées à 50 kg.
Le commerce des tortues est prohibé. On peut néanmoins les chasser, en nombre limité, à certaines périodes de l’année, pour sa consommation personnelle. Malheureusement, les restaurants n’hésitent pas à contourner la loi. Il est défendu de ramasser les crabes en décembre et en janvier. Le reste de l’année, on peut les pêcher à condition qu’ils mesurent au moins 15 cm (sans compter les pinces), tandis que les langoustes doivent faire au moins 7,5 cm (hors pinces). Le ramassage des huîtres est autorisé de mai à août.
Fort heureusement, l’écosystème récifal est relativement en bonne santé. L’Acanthaster planci, une étoile de mer qui dévore les coraux, ne prolifère pas en Nouvelle-Calédonie, à la différence d’autres
régions du Pacifique.
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