Ces dernières années, la politique divise les Polonais. Un abîme s’est creusé entre les deux grands partis, la Plateforme civique (PO), parti libéral de centre gauche autrefois mené par Donald Tusk, et le parti nationaliste Droit et Justice (PiS), très conservateur. Les médias, la justice, les immigrants et la communauté LGBTQ+ sont au cœur du débat.
Coutumes
Les Polonais sont réputés pour leur conservatisme et leur traditionalisme, qui est une réalité. Leur hospitalité, fondée sur l'adage: "Un hôte chez soi, c'est Dieu dans la maison", n'est pas une notion usurpée. À noter que ce peuple n'est pas réputé, en revanche, pour sa ponctualité. Lorsque vous êtes invité chez un particulier, arrivez un peu en retard pour ne pas trouver votre hôte au fourneau.
Langue
Le polonais appartient à la famille des langues slaves de l'Ouest (avec le tchèque et le slovaque). Les langues étrangères les plus pratiquées sont l'allemand et l'anglais, mais il est utile de maîtriser quelques mots de polonais pour voyager à travers le pays, notamment hors des grandes agglomérations.
- Oui: tak
- Non: nie
- Et: i
- D'accord: dobrze
- Quoi: co
- Où: gdzie
- Bonjour: dzien dobry
- Bonsoir: dobry wieczor
- Bonne nuit: dobranoc
- Au revoir: do widzenia
- Merci: dziekuje
- Excusez-moi: przepraszam
- Madame: pani
- Monsieur: pan
- Parlez-vous anglais, français?: Czy Pani/pan mowi po angielsku/francusku?
- Je ne comprends pas: Nie Rozumiem
- Eau: woda
- Aéroport: lotnisko
Nourriture
La cuisine polonaise porte les traces du cosmopolitisme du pays: les influences juive, allemande, hongroise, russe y sont très nettes. La nourriture polonaise est abondante et substantielle: soupes épaisses, sauces, pommes de terre, boulettes de viande, et peu de légumes! Les plats nationaux les plus connus sont le bigos (choucroute et viande) et le barszcz (soupe de betteraves). On arrose les repas de vodka (ne manquez pas la vodka à l'herbe de bison), mais le vin et la bière lui font de plus en plus concurrence aujourd'hui.
Religion
La Pologne est un pays profondément religieux : les Polonais sont catholiques à 88 %. On relève l'existence d'une Église orthodoxe qui, en 1596, a décidé de reconnaître l'autorité de Rome. C'est l'Église uniate. L'Église orthodoxe (1,3% de la population) subsiste à l'extrême-est du pays. Enfin, notons la présence des vieux croyants, un courant marginal issu de l'orthodoxie. Les juifs ont pour leur part été quasiment rayés de la carte durant l'occupation hitlérienne.
Arts
Littérature
En Pologne, comme dans d’autre pays d’Europe centrale, la littérature occupe une place particulière dans le cœur de chacun. Elle fut, en période d’occupation étrangère, à la fois un exutoire et l’incarnation d’un esprit national bien vivant dans l’adversité.Romanciers de la fin du XIXe et du début du XXe siècleEn 1905, Henryk Sienkiewicz fut le premier des cinq lauréats polonais du prix Nobel de littérature. Son œuvre la plus célèbre est Quo Vadis ?, un roman épique racontant l’histoire d’amour entre un Romain païen et une jeune chrétienne de la Rome antique. L’un des écrivains émigrés polonais les plus célèbres est Joseph Conrad, né Józef Teodor Konrad Nałęcz Korzeniowski à Berditchev, aujourd’hui dans l’ouest de l’Ukraine. Après avoir parcouru le monde comme marin pendant vingt ans, il s’installa en Angleterre où il se consacra à l’écriture en anglais et adopta son pseudonyme en 1895. Ses romans sont considérés comme des classiques de la littérature. Władysław Reymont), Prix Nobel en 1924, est surtout connu pour Les Paysans (Chłopi), roman en quatre parties sur la vie villageoise polonaise écrit entre 1904 et 1909, et La Terre promise (1899), qui se déroule à Łódź durant la révolution industrielle. Dans l’entre-deux-guerres apparurent plusieurs brillantes plumes d’avant-garde, dont le talent ne fut reconnu à sa juste valeur qu’après 1945. Mentionnons notamment Bruno Schulz, Witold Gombrowicz et Stanisław Ignacy Witkiewicz. Bien qu’il n’ait signé que quelques livres, Schulz est considéré comme l’une des sommités de la littérature polonaise ; Les Boutiques de cannelle, un recueil de nouvelles (Gallimard), est un bon exemple de sa prose ingénieuse et imaginative. Né en Pologne, Isaac Bashevis Singer, lauréat du prix Nobel en 1978, y passa la première partie de sa vie avant de partir aux ÉtatsUnis en 1935. Ce formidable conteur traduisit son travail, à l’origine en yiddish, sa langue maternelle, en anglais pour le public américain. Deux de ses récits les plus mémorables sont Ennemies, une histoire d’amour et Yentl, adapté en film avec en vedette Barbra Streisand. Dans Le Manoir, suivi du Domaine, il relate l’histoire d’une famille juive polonaise au XIXe siècle.
Génération de l’après-guerre
Après la Seconde Guerre mondiale, les écrivains polonais furent confrontés à un dilemme : adopter le communisme et prospérer, ou suivre une voie plus indépendante et risquer la persécution ou l’expulsion. Czesław Miłosz, qui rompit avec le régime communiste, offre une analyse du problème dans La Pensée captive. Longtemps émigré, il passa les 40 dernières années de sa vie aux États-Unis. Il reçut le prix Nobel en 1980 pour l’ensemble de ses réalisations. Le romancier Tadeusz Konwicki, jeune résistant pendant la Seconde Guerre mondiale, est une autre figure remarquable de la scène littéraire d’après-guerre. Ses œuvres d’avant 1989 menèrent les censeurs communistes au bord de l’apoplexie. Il écrivit plus de vingt romans, dont les plus connus sont La Petite Apocalypse et Le Complexe polonais. Stanisław Lem s’illustra comme auteur de science-fiction. Quelque 45 millions d’exemplaires de ses livres, traduits en 41 langues, ont été vendus à travers le monde. Le plus célèbre est Solaris, adapté deux fois au cinéma.
Auteurs contemporains
En 2018, Olga Tokarczuk reçut le prix Nobel de littérature pour Les Livres de Jakób, récit du “grand voyage” de Jakób Frank à travers l’Europe des Lumières. Cette éminente écrivaine, née en 1962, avait déjà vu l’un de ses précédents ouvrages, Les Pérégrins, salué par la critique : ce roman sur le thème du voyage à l’époque moderne avait reçu en Pologne le prix Niké (l’équivalent du prix Goncourt) puis le Man Booker Prize. En plusieurs textes courts, il décrit le parcours de personnages épris de liberté ou malmenés par l’existence. Son roman Sur les ossements des morts (publié à l’origine en 2009, et récemment traduit en plusieurs langues) a également été sélectionné pour le Man Booker Prize en 2019. Zygmunt Miłoszewski a écrit une série de romans policiers, avec pour personnage principal le procureur désabusé Teodor Szacki. Les Impliqués se déroule dans la Varsovie d’aujourd’hui et met en lumière les opérations meurtrières des peu scrupuleux services d’État polonais à l’époque communiste, tandis que Un fond de vérité aborde la question de l’antisémitisme. En couple à la ville, Jacek Dehnel et Piotr Tarczyński collaborent sous le nom de plume de Maryla Szymiczkowa sur une série policière historique se déroulant à Cracovie au tournant du 19e siècle. Le premier de leurs livres traduits en anglais, Mrs Mohr Goes Missing, qui a pour héroïne la ménagère devenue détective Zofia Turbotyńska, est dans la veine des Agatha Christie.
Poésie
Le XIXe siècle donna naissance à trois poètes polonais exceptionnels : Adam Mickiewicz, Juliusz Słowacki et Zygmunt Krasiński. Surnommés la Triade des Bardes, ils décrivent dans leurs œuvres romantiques une nation privée de son indépendance. Le plus brillant des trois, Mickiewicz, autant icône culturelle que figure historique, est aux Polonais ce que Shakespeare est aux Britanniques. Originaire de Novogroudok, dans ce qui est aujourd’hui le Bélarus, et activiste politique dans sa jeunesse, il fut déporté en Russie centrale pendant cinq ans. Il quitta la Pologne dans les années 1830, pour ne jamais y retourner, et fut professeur de littérature à Lausanne et à Paris. Son poème le plus célèbre, connu de tous les écoliers polonais,est l’épique “Messire Thadée”, évocation romantique du monde perdu de la noblesse polono-lituanienne du XVIIIe siècle, déchiré par le Partage de 1795. La poète, essayiste et traductrice Maria Wisława Anna Szymborska reçut le prix Nobel en 1996 (ses livres sont publiés en français sous le nom de Wisława Szymborska). Son poème “Coup de foudre” inspira le film Trois couleurs : Rouge de Krzysztof Kieślowski.
Cinéma
Bien que l’invention du cinéma soit attribuée aux frères Lumière, certaines sources estiment qu’une partie du mérite devrait revenir au Polonais Piotr Lebiedziński ; à peu près au même moment où les deux Français organisaient leur première projection en 1895, Lebiedziński avait aussi mis au point sa propre caméra de cinéma. Le plus ancien film polonais encore existant date de 1908, mais la production de films à grande échelle ne décolla qu’après la Première Guerre mondiale. Peu d’œuvres produites dans l’entre-deux-guerres atteignirent le public international ; la plus grande contribution du pays au cinéma mondial à l’époque est l’actrice Pola Negri (1897-1987), star des films muets hollywoodiens des années 1920.
Musique
Classique
Figure emblématique de l’histoire de la musique polonaise, Frédéric Chopin cristallisa le style national en s’inspirant des danses populaires ou de cour et des airs tels que polonez (polonaise), mazurek (mazurka), oberek et kujawiak. Nul autre musicien polonais n’a utilisé de manière aussi créative les rythmes folkloriques pour des pièces de concert, ni obtenu une aussi grande reconnaissance internationale. Né dans le duché de Varsovie, Chopin émigra en France après l’échec du soulèvement polonais de 1830. C’est à Paris qu’il rencontra Franz Liszt, Camille Pleyel et George Sand, dont il devint l’amant. Il meurt précocement, à 39 ans, de la tuberculose. Chopin ne fut pas le seul compositeur inspiré par les danses folkloriques de l’époque. Stanisław Moniuszko utilisa soninspiration pour créer l’opéra national polonais ; deux de ses pièces les plus connues, Halka et Straszny Dwór, font partie du répertoire national. Henryk Wieniawski, autre composeur remarquable du XIXe siècle, a également atteint des sommets dans le monde de la musique polonaise. Au début du XXe siècle, des artistes polonais commencèrent à faire leur apparition sur la scène mondiale. Les premiers furent les pianistes virtuoses Ignacy Paderewski et Arthur Rubinstein ; ce dernier joua jusqu’à sa mort. Karol Szymanowski est une autre figure musicale de la première moitié du XXe siècle ; sa composition la plus célèbre, le ballet Harnasie, fut influencée par la musique populaire des Tatras, qu’il retranscrit en langage musical contemporain.
Jazz
Le jazz a toujours ses inconditionnels en Pologne ; le fait que ce genre musical fut officiellement désapprouvé par l’ancien gouvernement communiste pendant près de quarante ans y est sans doute pour quelque chose. Krzysztof Komeda, pianiste légendaire, fut la première star du jazz polonaise dans les décennies d’après-guerre et une source d’inspiration pour beaucoup d’autres, notamment Urbaniak (violon, saxophone), Zbigniew Namysłowski (saxophone) et Tomasz Stańko (trompette), monuments de la scène jazz des années 1960. Urbaniak, qui choisit de poursuivre sa carrière aux États-Unis, est sans doute le musicien de jazz polonais le plus connu sur la scène internationale. Dans la jeune génération, Leszek Możdżer (piano) est probablement la plus grande révélation à ce jour, suivi de plusieurs autres pianistes exceptionnellement doués comme Andrzej Jagodziński et Włodzimierz Pawlik, premier musicien de jazz polonais récompensé par un Grammy en 2014. Piotr Wojtasik (trompette), Maciej Sikała (saxophone), Adam Pierończyk (saxophone), Piotr Baron (saxophone) et Cezary Konrad (batterie) sont d’autres talents polonais à suivre. Aga Zaryan est la première chanteuse polonaise à avoir signé avec Blue Note Records.
Peinture
Le premier grand peintre du pays n’était en rien polonais. Bernardo Bellotto, neveu (et élève) de l’artiste vénitien par excellence, Canaletto, était originaire de Venise. Ce spécialiste des vedute (vues de ville) qui parcourut toute l’Europe fut embauché comme peintre de cour à Varsovie durant le règne de Stanisław August Poniatowski, le dernier roi polonais. Toute une salle du château royal de Varsovie est dédiée à ses paysages détaillés de la ville, lesquels se sont révélés autant de références précieuses lors de la reconstruction de la Vieille Ville après la Seconde Guerre mondiale. Bellotto signa souvent ses toiles “de Canaletto”, si bien qu’il est communément appelé Canaletto en Pologne. Un autre peintre italien s’est distingué sous le règne deStanisław Poniatowski : Marcello Bacciarelli, portraitiste favori du souverain et auteur d’une série de tableaux illustrant les grands moments de l’histoire polonaise.
Artisanat, musique et traditions populaires
La culture populaire est bien enracinée dans les montagnes, en particulier dans le Podhale, au pied des Tatras, mais d’autres enclaves relativement modestes, telles que Kurpie et Łowicz (toutes deux en Mazovie), contribuent aussi à maintenir les traditions vivantes.La poterie polonaise caractéristique, décorée de motifs indigo sur fond blanc, en vente à travers le pays dans les magasins d’articles pour la maison et les boutiques de souvenirs, est originaire de la ville silésienne de Bolesławiec et de ses environs.Dans cette région riche en gisements d’argile naturelle, on produit des poteries depuis au moins le XIVe siècle. Une école professionnelle de céramique fut fondée à Bolesławiec en 1897 et la région compte aujourd’hui plus de vingt entreprises qui fabriquent et décorent à la main de la vaisselle et des objets décoratifs. Les nombreux musées ethnographiques en plein air de Pologne, nommés skansen (un terme scandinave), sont les meilleurs endroits où découvrir les arts et l’artisanat traditionnels, notamment ceux de Sanok et de Nowy Sącz. Les skansen rassemblent une sélection de constructions typiques du monde rural, généralement en bois (maisons, granges, églises, moulins, etc.), provenant de toute une région et souvent disposées à la manière d’un village. Les maisons sont meublées dans le style d’origine et dotées d’outils, d’ustensiles de cuisine et d’objets décoratifs. C’est une visite immersive qui permet d’imaginer la vie quotidienne, les coutumes et le travail d’autrefois. La musique folklorique est maintenue vivante par des groupes tels que l’Ensemble de chant et de danse Śląsk, créé en 1953, et le Warsaw Village Band, qui rassemble les traditions musicales anciennes depuis 1977 pour créer un son plus contemporain.
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