Le palais des Doges à Venise.

Venise

Palais des Doges

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Derrière son élégance gothique et ses atours en dentelle de marbre rose et blanc, le palais des Doges (Palazzo Ducale) construit au XIVe siècle dans le quartier de San Marco a été le siège du gouvernement vénitien pendant plus de sept siècles. Il brava les orages, les guerres, les conspirations, les banqueroutes et de nombreux incendies. Mais il ne réussit pas à retenir Giacomo Casanova, seul évadé qu’ait connu la prison des Plombs. 

L'architecture du palais

Après la destruction d’une partie du palais par un incendie en 1577, sa reconstruction fut confiée à Antonio Da Ponte, qui restaura les façades gothiques en pierre blanche d’Istrie et en marbre rose de Vérone. Mélangeant les styles et les époques, il réalisa une ravissante colonnade coiffée de chapiteaux médiévaux sur lesquels sont représentées les grandes guildes vénitiennes. Au niveau supérieur, la loggia donnant sur la piazzetta (petite place) cache sous ses fioritures un passé sombre : c’est là que les condamnations à mort étaient lues, entre les 9e et 10e colonnes en partant de la gauche. Face à la place, la monumentale Porta della Carta (porte du Papier), de Giovanni et Bartolomeo Bon (1438), était l’entrée par laquelle les dignitaires accédaient au palais des Doges ; c’est là qu’étaient affichés les décrets et que se tenaient les scribes. 

Que voir dans le palais des Doges ?

La cour intérieure du palais des Doges 

En entrant dans la vaste cour intérieure, on est saisi par les colossales statues de Mars et de Neptune, sculptées par Sansovino et encadrant la Scala dei Giganti (escalier des Géants), dessinée par Antonio Rizzo. Remarquez les angelots sur les piliers. Les marches taillées dans le marbre, glissantes, sont interdites d’accès. Juste après la cour, dans l’aile donnant sur la place, le Museo dell’Opera renferme une collection de colonnes et de chapiteaux en pierre provenant des palais des doges antérieurs. 

Le premier étage du palais

À l’extérieur de l’Armurerie, un escalier descend à la Quarantia Civil Vecchia (Vieille Quarantie civile), sorte de cour de justice divisée en sections gérant les affaires criminelles, les litiges civils concernant les Vénitiens et ceux concernant les autres possessions de Venise. Cette dernière salle est utilisée par des restaurateurs que vous pouvez voir par les fenêtres. Au-delà se trouve l’immense Sala del Maggior Consiglio (salle du Grand Conseil, 1419), qui abrite le trône du doge sur fond de Paradis, une fresque de 22 m sur 7 m réalisée en partie par Domenico, le fils du Tintoret – on y voit les portraits de quelque 500 personnalités vénitiennes, dont plusieurs clients du maître. Cette salle s’ouvre sur une autre à peine moins vaste, la Sala dello Scrutinio (salle du Scrutin), ancienne bibliothèque utilisée pour les élections du doge et des divers conseils d’État. D’ici, il faut revenir sur ses pas et traverser d’autres salles de la Quarantia Civil Vecchia, avant de rejoindre les prisons. Les appartements du Doge, sont au même niveau. 

Le deuxième étage du monument

Au niveau de la loggia, empruntez la somptueuse Scala d’Oro (escalier d’Or) de Sansovino, aux riches stucs dorés, pour atteindre les niveaux supérieurs. Dans la Sala delle Quattro Porte (salle des Quatre Portes), de Palladio, les ambassadeurs en visite patientaient sous l’étalage exubérant des vertus de Venise signé Giovanni Cambi (il Bombarda), connu pour ses stucs grandiloquents. On accède ensuite à l’Anticollegio (Anticollège), où attendaient les délégations et où le Tintoret emprunta les thèmes de ses tableaux à la mythologie. Rares étaient ceux qui étaient reçus dans la Sala del Collegio (Collège), conçue par Palladio, et dont le plafond est décoré des Allégories de Venise et de ses Vertus, de Véronèse, également l’auteur de La Victoire de Lépante (1578), sur le mur du fond. Dans la Sala del Senato (Sénat), remarquez au plafond le Triomphe de Venise reine des mers (1590), du Tintoret. Jamais complot d’État ne fut fomenté dans plus beau cadre que celui de la Sala del Consiglio dei Dieci (salle du Conseil des Dix), dont le plafond révèle Junon déversant des dons sur Venise (1554), de Véronèse. Au plafond de la Sala della Bussola (salle de la Boussole) se trouve Saint Marc récompensant les vertus (1556), de Véronèse. La visite se poursuit avec la Sala d’Armi (Armurerie). 

Les prisons et le niveau de la loggia du palais des Doges

Vous suivez ici le chemin des condamnés, qui empruntaient le pont des Soupirs pour rejoindre les Prigioni Nuove (Nouvelles Prisons). Sur trois étages, les cellules froides et humides, du XVIe siècle, sont couvertes de protestations d’innocence. Leur sol est pavé de marbre dérobé par le doge Enrico Dandolo lors du sac de Constantinople (1204). L’une des pièces recèle une petite collection de découvertes archéologiques. Après avoir repassé le pont, le circuit descend jusqu’au niveau de la loggia et traverse les salles réservées aux censeurs, aux procureurs d’État et aux capitaines de vaisseaux. 

Les appartements du doge 

Les appartements privés des doges occupent une large portion du premier étage, au-dessus de la loggia. Les 18 lions rugissants qui ornent la Sala degli Stucchi (salle des Stucs) rappellent que le doge tout-puissant vivait tel un lion en cage dans sa suite dorée, qu’il ne pouvait quitter sans autorisation. Les appartements, décorés d’œuvres de grands maîtres, étaient fastueux, avec une dizaine de pièces aux cheminées en marbre sculptées par Tullio et Antonio Lombardo, un jardin en terrasse et un accès privé à la basilique. La Sala dello Scudo (salle de l’Écu) est couverte de cartes du monde illustrant l’étendue de la puissance vénitienne (et les limites de ses cartographes) vers 1483 et 1762. 

La carte du Nouveau Monde situe la Californie près de la Terra Incognita d’Antropofagi (le “Pays inconnu des anthropophages”), c’est-à-dire le Canada, où se serait trouvée Cuzco. Les cartes sont beaucoup plus faciles à lire une fois que l’on a compris que le nord ne se trouve pas nécessairement en haut. Cet espace accueille désormais des expositions artistiques temporaires de grande envergure, nécessitant l’achat d’un billet séparé. 

Les salles secrètes du palais

Les secrets d’État de la Sérénissime vous seront dévoilés lors d’un intéressant circuit de 1 heure 15, Itinerari Segreti. Il passe par des cellules humides, les pozzi (puits), puis se poursuit par un passage dissimulé jusqu’au quartier général secret du Conseil des Dix, exigu et dépouillé. Plus loin, la chancellerie contient des dossiers classés secrets, des rapports provenant du vaste réseau de renseignements vénitiens, des dénonciations, ou encore des jugements. Dans la salle d’interrogatoire, jusqu’en 1660, on suspendait les suspects au bout d’une corde pour leur arracher des aveux. Sous les toits, découvrez les Plombs (I Piombi), la prison où Casanova fut condamné à passer cinq ans en 1756 pour avoir corrompu des religieuses et propagé la franc-maçonnerie. Il parvint à s’évader par le toit, avant de convaincre un garde qu’il était un fonctionnaire enfermé par mégarde dans le palais à la nuit tombée. Il revint plus tard à Venise, enrôlé comme espion par le Conseil des Dix.

Horaires, billets... Les informations pratiques 

Adresse : Piazza San Marco 1 
Prix : Billet unique musées de la Piazza San Marco Tarif plein/réduit 30/15 € ou MUVE Museum Pass 36/19 € 
Horaires d'ouverture : 9h-18h

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