Envie d’une nature à couper le souffle en pleine ville ? Enfourchez votre vélo et partez à la découverte de la voie Appia, avec ses mausolées, ses villas, ses catacombes, ses champs, ses chevaux, ses moutons… pour un voyage à travers 2 300 ans d’histoire. Dans un sens, il s’agit de la plus ancienne autoroute du monde !
La Via Appia Antica, l'une des plus anciennes routes de Rome
La voie Appienne permettait jadis de rallier Brindisi, dans le sud de l’Italie. Fouler les pavés de l’ancienne “reine des voies” (560 km), usés par des siècles d’utilisation, est une expérience extraordinaire. La route est bordée de vestiges de villas de campagne de l’époque romaine et de monuments funéraires grandioses, qui témoignent de l’importance qui était accordée aux défunts.
Pour les Romains, la Via Appia Antica était la Regina Viarum, la “reine des routes”. Le consul romain Appius Claudius Caecus en fit réaliser le premier tronçon (90 km) en 312 av. J.-C., lorsqu’il n’était encore que censeur. Puis en 190 av. J.-C, la voie Appia Antica fut prolongée jusqu’à Brindisi, sur la côte adriatique. Aujourd’hui, cette superbe voie pavée, bordée de multiples ruines romaines et de hauts pins, marque un des secteurs chics de Rome.
Les sites et catacombes à visiter sur la Voie Appienne
La Porte San Sebastiano et le musée des Murs
La voie Appia commence à la Porta San Sebastiano, la plus grande des portes percées dans le mur d’Aurélien au Ve siècle. Pendant la Seconde Guerre mondiale, le secrétaire du parti fasciste, Ettore Muti, vécut ici. Aujourd’hui, c’est le lieu du Museo delle Mura, qui retrace l’histoire des fortifications et permet de parcourir 50 m au sommet du mur.
L'église Santa Maria in Palmis
Cette petite église à l’extrémité nord de la voie Appienne marque l’endroit où saint Pierre fuyant Rome eut une vision du Christ. “Domine, quo vadis ?” (“Seigneur, où vas-tu ?”) aurait-il demandé ; et Jésus aurait répondu : “Venio Romam iterum crucifigi” (“Je vais à Rome pour me faire crucifier de nouveau.”) Se joignant à lui, l’apôtre regagna la ville, où il fut arrêté et exécuté. Un premier sanctuaire fut élevé au IXe siècle, avant d’être reconstruit aux XVIe et XVIIe siècles. La façade date de 1637.
Les catacombes de saint Callixte
Les catacombes de saint Callixte, les plus vastes et les plus visitées de Rome, renferment les tombes de 16 papes, de dizaines de martyrs et quelque 500 000 chrétiens. Des escaliers creusés dans la roche descendent vers un dédale souterrain dépassant les 20 km, dont seules quelques galeries éclairées sont ouvertes au public. Des visites de 45 minutes, proposées en plusieurs langues, partent régulièrement. Les guides délivrent quantité d’informations intéressantes sur la vie des premiers chrétiens et les sépultures importantes. Une route d’accès agréable permet d’éviter un tronçon de la Via Appia où passent beaucoup de voitures.
Les catacombes de sainte Domitille
Ces catacombes de sainte Domitille couvrent près de 17 km de galeries répartis sur quatre niveaux. Situées quelque 500 m à l’ouest des Catacombe di San Callisto, à l’écart du principal tronçon de la Via Appia Antica, elles furent creusées sous le lieu de sépulture de Flavia Domitilla, nièce de l’empereur Domitien et membre de la riche famille des Flaviens, et accueillirent jusqu’à 150 000 sépultures. La Basilica dei Santi Nereo e Achilleo (fin du IVe siècle), dédiée à deux légionnaires romains martyrisés sous Dioclétien, est un bel édifice semi-souterrain à trois nefs.
Mausoleo delle Fosse Ardeatine
Environ 500 m au sud-est des catacombes de sainte Domitille, ce mausolée rend hommage aux 335 habitants de Rome sommairement exécutés par les nazis le 24 mars 1944 dans les fosses Ardéatines en représailles d’une attaque des partisans italiens. On peut voir sur le site la grotte du massacre, le mausolée où reposent les victimes, des sculptures et un musée.
Les Catacombes de San Sebastiano
Édifiée par l’empereur Constantin au IVe siècle, la basilique fut presque entièrement détruite par des raids sarrasins au IXe siècle. L’église actuelle, du XVIIe siècle, est dédiée à saint Sébastien, qui fut martyrisé et enterré sur le site à la fin du IIIe siècle. En 826, sa dépouille fut transférée à Saint-Pierre, puis de nouveau inhumée dans la basilique au XIIe siècle. La Capella delle Reliquie conserve l’une des flèches dont les archers romains le percèrent, ainsi qu’un fragment de la colonne à laquelle il était attaché. Dans l’église, une plaque de marbre porterait les empreintes des pieds du Christ.
Les catacombes de saint Sébastien s’étendent sous la basilique et au-delà. Ces sépultures souterraines furent les premières à porter la dénomination “catacombe” (du grec kata, “en bas”, et du latin tumba, “tombe”). Le site était aussi connu sous le nom de Memoria Apostolorum, car on y vénérait les apôtres Pierre et Paul. Elles s’étendent sur plus de 12 km et abritaient jadis plus de 65 000 tombes réparties sur trois niveaux. On peut y voir trois superbes mausolées décorés de stucs dans un état de conservation remarquable. Chacune des façades monumentales présente une porte, surmontée de symboles et des noms des occupants.
La Villa de Massenzio
L’élément le plus intéressant de la villa de Maxence, bâtie au IVe siècle, est le Circo di Massenzio, le mieux conservé des cirques de Rome. La construction de cette arène de 10 000 places commença vers 309, mais l’empereur mourut avant son achèvement (en 312, à la bataille du pont Milvius contre Constantin). Au-dessus du cirque se trouvent les ruines de la résidence impériale proprement dite (actuellement fermée au public pour cause de fouilles archéologiques). Près de l’arène, le Mausoleo di Romolo (Tombo di Romolo) fut construit par Maxence pour son fils de 17 ans, Romulus.
La tombe de Cecilia Metella
Datant du Ier siècle av. J.-C., ce mausolée cylindrique renferme une chambre funéraire abritant la sépulture de l’épouse de Licinius Crassus, fils du Crassus qui participa au triumvirat avec Pompée et César (60 av. J.-C.). Au XIVe siècle, le mausolée fut hérissé de créneaux et intégré au Castrum Caetani, forteresse érigée par la famille Caetani, apparentée au pape Boniface VIII, qui installa ici un péage. Une partie des anciennes pièces d’habitation accueille un musée conservant des objets trouvés sur la Via Appia.
Le site archéologique de Capo di Bove
Le site englobe les vestiges d’une villa romaine aux mosaïques élaborées. À l’arrière, un bureau vend un bon guide consacré à la voie Appienne. Non loin, un bâtiment abrite une exposition montrant l’évolution de la route au cours des deux derniers siècles, notamment à travers des photos aériennes grand format, et les efforts déployés pour la préserver des assauts du monde moderne.
La Villa des Quintili
Édifiée au IIe siècle, cette villa fait partie des splendeurs méconnues de Rome. Il s’agissait de la demeure de deux consuls, les frères Quintili, dont le faste précipita la chute. L’empereur Commode les fit assassiner et s’attribua leur propriété, à laquelle il apporta sa touche. Les ruines laissent imaginer l’opulence passée du lieu. Les thermes, qui comprennent une piscine, un caldarium (salle chaude) et un frigidarium (salle froide), constituent le plus bel élément. Un petit musée remet les choses en contexte.
La Casal Rotondo
À plus de 8 km du début de la voie Appia Antica s’élèvent les ruines hétéroclites d’un imposant mausolée du Ier siècle av. J.-C, transformé successivement en tour de guet puis ferme, entre autres bâtiments. C’est généralement là que les touristes achèvent leur balade à pied ou à vélo le long de la Via Appia.
Visiter la Via Appia : les informations pratiques
Se rendre à la Via Appia
Du nord
Prenez la ligne B du métro jusqu’à la station Circo Massimo, puis le bus n°118 jusqu’à la Via Appia Antica, où vous pourrez entamer votre marche vers le sud, essentiellement en montée.
À mi-course
Empruntez la ligne A du métro jusqu’à la station Colli-Albani, puis le bus n°660 jusqu’au terminus à hauteur de l’Appia Antica Caffè. De là, en longeant la Via Appia vers le nord vous découvrirez les sites majeurs qui la jalonnent tout en profitant de belles perspectives sur Rome à l’horizon. Sinon, vous pouvez louer un vélo au café et suivre le tronçon sud, beaucoup moins fréquenté.
Par la Villa dei Quintili
Ce circuit pédestre ambitieux couvre presque tous les sites d’intérêt. À la station de métro Arco di Travertino (ligne A), prenez le bus n°663 ou 664 jusqu’à l’arrêt Villa dei Quintili, sur la Via Appia Nuova. Pénétrez dans la villa par l’entrée est et ressortez par l’entrée principale pour parcourir une jolie portion paisible de la Via Appia Antica. 7 km vous séparent alors de son accès nord.
Attention ! Nevous fiez pas aux plans du réseau de transport de Rome, sur lesquels le bus n°789 semble traverser la Via Appia Antica au niveau de la Villa dei Quintili. En réalité, l’arrêt le plus proche se trouve 1 km au-delà, le long d’une route vraiment peu recommandable aux piétons.
Conseils pour les cyclistes
En raison de l’état de la voie, il est vivement recommandé de prendre un VTT. En été, vous pourrez louer un vélo électrique pour plus de confort. Le restaurant Cecilia Metella, avec son jardin caché, est idéal pour une pause et son personnel est très accueillant