L’histoire du musée des Beaux Arts de Séville, considéré comme la deuxième pinacothèque d’Espagne après le Prado de Madrid, est liée à celle de l’Église. Son siège est l’ancien couvent de la Merced Calzada, un édifice maniériste bâti par l’architecte et sculpteur Juan de Oviedo au XVIIe siècle. Passé aux mains de l’État en 1836, le lieu hérita des nombreux trésors obtenus grâce à la confiscation officielle des biens du clergé.
Les plus belles œuvres de Museo de Bellas Artes
Murillo et le baroque
Le principal attrait du musée est sans conteste son imposante collection d’art baroque, à commencer par les œuvres de Bartolomé Esteban Murillo (1618-1682). L’Immaculée Conception, surnommée La Colossale en raison de ses dimensions, trône dans l’ancienne église du couvent de la Merced. Dans la même salle, on peut admirer la série que Murillo réalisa pour le Convento de Capuchinos, avec des œuvres aussi fondamentales pour le naturalisme que Santas Justa y Rufina (Sainte Juste et sainte Rufine), et la Virgen de la servilleta (Vierge à la serviette). Cette série sera visible dans sa totalité jusqu’en 2025, année où le prêt de la grande peinture El jubileo de la Porciúncula (1666) par le musée Wallraf Richartz de Cologne prendra fin.
Zurbarán et la Cartuja
Une grande spiritualité se dégage des œuvres de Francisco de Zurbarán (1598-1664), et personne ne sut mieux que lui doter la palette des blancs d’une vibrante intensité. En 1655, il réalisa trois grandes œuvres pour le Monasterio de Santa María de las Cuevas (Monasterio de la Cartuja). Dans ces œuvres, l’artiste synthétisa les principes qui régissent l’ordre des Chartreux et qui furent les siens : l’austérité et la dévotion. Les historiens de l’art s’étonnent de l’incroyable maîtrise technique d’un artiste qui n’eut guère de bons maîtres et ne voyagea que très peu.
Le fils du Greco
Dhomínikos Theotokópoulos, dit le Greco (1541- 1614), porta un soin tout particulier au Portrait de Jorge Manuel (1597-1603), représentant son fils unique. La toile attire l’attention du spectateur vers le visage et les mains du sujet au moyen d’un subtil jeu de lumière. Elle fut léguée au musée en 1897 par l’infante Marie-Louise-Fernande de Bourbon. Cette dernière fit également don à la ville d’une partie du jardin de son palais de San Telmo, qui est aujourd’hui le poumon vert de Séville et porte son nom : le Parque de María Luisa.
Le rival de Michel-Ange
Le sculpteur italien Pietro Torrigiani, compagnon et rival de Michel-Ange à la cour des Médicis, arriva à Séville en 1522 et y introduisit les nouveautés de la Renaissance. Son exceptionnelle sculpture en terre cuite San Jerónimo (Saint Jérôme) ouvrit la voie aux futures générations d’artistes locaux. On décèle son influence dans certaines œuvres du musée, notamment le Santo Domingo penitente (Saint Dominique pénitent) réalisé par Juan Martínez Montañés en 1605.
Précurseurs du maniérisme
Francisco Pacheco (1564-1644), davantage connu pour son traité El Arte de la pintura (L’Art de la peinture) et pour son lien de parenté avec Diego Velázquez – dont il était le beau-père – que pour son œuvre, fut l’un des grands précurseurs du maniérisme en Andalousie. En 1600, Pacheco et son disciple Alonso Vázquez furent chargés d’une série pour le cloître du Monasterio de la Merced – siège actuel du musée – dont on peut aujourd’hui admirer quatre œuvres, notamment San Pedro Nolasco liberando a los cautivos (Saint Pierre Nolasque libérant les captifs), d’Alonso Vázquez.
Préparer sa visite du musée des Beaux Arts de Séville
Adresse : Plaza del Museo 9, Séville
Prix du billet d'entrée : Tarif plein/membres de l’UE 1,50 €/gratuit
Horaires : 9h-21h du mardi au samedi, 9h-15h du mardi au dimanche en août, 10h-15h le dimanche et les jours fériés
Bon à savoir : Pour vous imprégner de l’atmosphère monacale des lieux, programmez sa visite tôt le matin. Le musée organise d’intéressantes expositions. Des conférences ont lieu le 2e dimanche du mois dans le cadre du programme “Mirar un cuadro” (“Regarder un tableau”). Ses 4 patios verdoyants sont une bonne raison de visiter le musée au printemps, même si toutes les saisons permettent d’apprécier leur sérénité et leurs arômes.