Buenos Aires : Les Incontournables

Le meilleur de l'Argentine

Les sites à visiter en voyage en Argentine, les expériences à vivre, les parcs nationaux et curiosités naturelles...

Les Milongas

Sensuel et mélancolique, le tango représente la quintessence de Buenos Aires. Bien que né dans les bordels des quartiers pauvres d'immigrés, il dissimule souvent ses origines modestes sous les paillettes et le champagne de spectacles destinés aux touristes. Pour une approche plus authentique, fuyez les groupes en circuit organisé et franchissez la porte d'une milonga, où des Porteños de tous âges – certains en jeans, d'autres en bas résille – miment sur la piste de danse la séduction et les affres de la passion.
Commencez par la Confitería Ideal, un café historique du centre-ville doté d'une grande salle de bal à l'étage. Ses lustres anciens, ses colonnes en marbre et ses velours fanés composent un décor à l'élégance surannée, qui attire chaque soir des danseurs expérimentés évoluant au son d'un orchestre. Des cours précèdent la milonga fréquentée par des habitués, qui commence elle à 23h.
Quand vous saurez enfin différencier Carlos Gardel d'Astor Piazzolla, direction El Beso ou le Centro Región Leonesa, qui dispensent aussi des cours avant le bal sous une lumière plus tamisée. Les timides qui n'osent enlacer un(e) inconnu(e) peuvent toujours commander un verre de vin et admirer les tangueros en action. Évitez toutefois de fixer trop longtemps quelqu'un en particulier car cela équivaut à une invitation à danser.
 

Le Cementerio de la Recoleta

Ne manquez pas de faire un tour dans le Cementerio de la Recoleta, dont les monuments grandioses n'ont rien à envier à ceux du Père-Lachaise à Paris.
Consacré en 1882 dans le quartier huppé de Recoleta, le premier cimetière public de Buenos Aires couvre près de 55 000 m2 et regroupe quelque 4 800 tombes où reposent les plus grandes familles de la ville. Parmi les personnages célèbres enterrés ici figurent les présidents Domingo Sarmiento et Hipólito Yrigoyen, la légende de la boxe Luis Ángel Firpo, dit le « taureau sauvage de la pampa », et, bien sûr, Eva Perón. Contre toute attente, la dépouille de celle-ci n'occupe pas une sépulture grandiloquente mais le sobre caveau de granit noir des Duarte.
L'attrait du lieu dépasse cependant de loin la seule notoriété de ses résidents. Son dédale d'allées étroites recèle en effet une architecture funéraire témoignant des styles les plus divers, du néogothique à l'Art nouveau. En zigzaguant à la suite des chats errants, vous découvrirez au détour d'un tombeau croulant des chérubins de pierre, des vitraux voilés de toiles d'araignée et des stèles gravées de vers poétiques.
 

Le Stade de la Bombonera

À Buenos Aires, le fútbol n'est pas qu'un jeu. Il inspire une ferveur quasi religieuse, vidant les rues les jours de match et jetant dans un état de transe les spectateurs. Assister à une rencontre à La Bombonera, le fameux stade du Club Atlético Boca Juniors, est une expérience inoubliable. À moins d'être accompagné d'un Porteño aguerri, mieux vaut toutefois ne pas braver la foule des supporters excités et acheter ses billets auprès d'un tour-opérateur.
Les deux équipes rivales incarnent le clivage géographique et social de la ville : le Club Atlético River Plate (« River ») représente le Nord bourgeois, Boca Juniors le Sud populaire. Siège de la seconde, la Bombonera se tient au cœur d'un des quartiers les plus difficiles de Buenos Aires. Le dimanche après-midi, 55 000 fans survoltés investissent les gradins pour deux heures d'un spectacle à forte teneur dramatique. Le stade vibre et bourdonne alors au rythme de percussions et des cris lancés à l'adresse des officiels.
L'atmosphère devient particulièrement frénétique, pour ne pas dire incontrôlable, à l'occasion du Superclásico, le face-à-face tant attendu qui oppose les ennemis de toujours. Il ne vous reste plus maintenant qu'à choisir votre camp entre Los Millonarios (« les millionnaires ») et Los Bosteros (« les manieurs de crottin »), en esquivant si possible les échauffourées qui éclatent immanquablement sur le parking.

San Telmo

San Telmo dégage un air de grandeur fatiguée et un esprit bohème. Son élégante architecture de la Belle Époque et ses villas délabrées témoignent de l'âge d'or du quartier au XIXe siècle, avant qu'une épidémie de fièvre jaune fasse fuir la bonne société d'origine espagnole vers le quartier de Recoleta, au nord.
Nombre d'hôtels particuliers furent alors occupés par des immigrés pauvres et tombèrent en décrépitude. Depuis lors, San Telmo revêt un charme populaire sans prétention, ses antiquaires, ses clubs de tango et ses restaurants drainant depuis quelques années un flux constant de touristes et de Porteños. Au cœur du barrio, la Plaza Dorrego de style espagnol accueille artistes de rue, vendeurs d'artisanat au look baba cool, routards abreuvés de bière et pickpockets maladroits (attention quand même).
Longez Defensa ou Balcarce en direction du verdoyant Parque Lezama et admirez au passage les façades romantiques agrémentées de plantes grimpantes et de balcons qui s'affaissent. Après la visite du Zanjón de Granados, une belle demeure coloniale, faite halte au Mercado de San Telmo pour acheter de quoi pique-niquer.
L'embourgeoisement du quartier pourrait à terme en altérer l'atmosphère, mais les vieux cafés du coin et les parrillas rustiques n'ont pour l'instant rien perdu de leur cachet.
 

La Culture des Cafés

Bonne nouvelle pour les francophiles, les amateurs de littérature et les caféinomanes : Buenos Aires n'a pas usurpé son surnom de Paris du Sud. Outre ses grands boulevards et son architecture Art nouveau évoquant la capitale française, elle possède aussi une culture des cafés bien vivace.
Anciens repaires d'écrivains célèbres, les cafés du centre-ville font toujours partie intégrante de la vie locale. Commandez un café con leche y medialunas (café au lait et croissants) pour observer à loisir ces établissements rétro où se mêlent toutes les couches de la société. Vous y verrez des serveurs en tenue, des objets décoratifs liés au tango, de vieilles photos aux murs et de larges devantures vitrées encadrant le va-et-vient animé de la rue.
La tournée commence par le pittoresque 36 Billares, lieu de prédilection de García Lorca, et se poursuit au Café Tortoni, le doyen du genre ouvert en 1858, que fréquentait assidûment le mythique chanteur de tango Carlos Gardel. La présence de touristes armés d'appareils photo n'empêche pas les employés du coin de passer prendre un cafecito (petit expresso). Après avoir dégusté dans ce cadre historique un café cortado (expresso avec un peu de lait) accompagné de churros (beignets), terminez votre parcours par le vénérable Café Richmond, lieu de rendez-vous de Jorge Luis Borges et de ses acolytes.

Artisanat et Brocante

Si le soleil brille et que vous brûlez d'envie de dépenser vos pesos, rien ne vaut les marchés en plein air qui fleurissent le week-end. Les acheteurs s'y pressent pour dénicher tout et n'importe quoi, des vieilles théières aux bijoux en argent d'inspiration mapuche en passant par les pulls en cachemire et les bottes en cuir faites main. Chacun oublie ici les difficultés économiques pour s'adonner sans retenue au shopping.
Les amateurs de foire à la brocante mettent directement le cap sur la Feria San Pedro Telmo, la plus ancienne du lot. L'axe principal, Defensa, grouille de gens qui farfouillent parmi les siphons bleus et les lunettes de soleil vintage sur fond d'orchestres de tango. Au coucher du soleil, une milonga débute sur la Plaza Dorrego.
Toute une gamme d'articles de créateurs sont en vente dans les stands du marché de la Plaza Francia, à Recoleta. On y trouve aussi des marchands de sandwichs bien garnis et des musiciens qui jouent devant un public assis pieds nus sur l'herbe. Plus au nord, les marchés autour de la Plaza Serrano à Palermo constituent le terrain de chasse des Porteños branchés en quête de vestes militaires et de T-shirts graphiques. Si votre valise déborde déjà, qu'à cela ne tienne : rabattez-vous sur les dessous à motifs qui font fureur à Buenos Aires.
 

Les Vins Argentins

Les connaisseurs de vins trinquent à la santé de l'Argentine, l'un des premiers producteurs mondiaux. L'industrie vinicole se concentre dans la province de Mendoza, dont le climat sec et ensoleillé se prête idéalement à la culture de la vigne. Parmi les cépages réputés, le Malbec donne un rouge moyennement corsé, le Torrontés indigène un blanc aromatique.
Pour bien apprécier la qualité des crus argentins, il est préférable de prendre des cours de dégustation. Le Britannique Nigel Tollerman, sympathique propriétaire du service de livraison 0800-Vino et sommelier de l'hôtel de Francis Ford Coppola à Buenos Aires, propose dans sa petite cave d'Abasto des séances informelles incluant un « kit d'arômes », un assortiment de fromages et certains vins rares. Des dégustations accompagnées de mets gastronomiques sont organisées par Anuva Vinos, un club qui exporte aux États-Unis et en Europe des vins soigneusement sélectionnés. L'Américain Daniel Karlin conduit quant à lui des dégustations dans des restaurants haut de gamme. Il peut aussi, à la demande, en organiser une à votre hôtel. Enfin, les caves élégantes du restaurant La Bourgogne, à l'Alvear Palace Hotel, réservent la formule la plus sélecte : un sommelier très professionnel disserte sur des vins servis avec des amuse-bouches illustrant la gastronomie des régions de provenance.

La Plaza de Mayo

Créée en 1580, la Plaza de Mayo a été le théâtre de nombreux événements dramatiques de l'histoire contemporaine argentine, dont les mouvements de protestation massifs organisés par les syndicats, l'appel d'Eva Perón depuis le balcon de la Casa Rosada en 1945, les bombardements militaires de 1955 et la fusillade de la police qui tua cinq manifestants durant la crise économique de 2001. Si cette place centrale peuplée de pigeons demeure aujourd'hui encore le lieu de manifestations et de rassemblements quasi quotidiens, le rendez-vous pacifique des Madres de Plaza de Mayo (« mères de la place de Mai ») chaque jeudi est de loin le plus émouvant.
Depuis 1977, ces femmes dénoncent l'enlèvement, la torture et l'exécution de quelque 30 000 personnes sous la junte militaire entre 1976 et 1983. À la mémoire de leurs enfants et proches « disparus », elles ont fondé une association officielle vouée à la recherche des victimes, revêtant des écharpes blanches symboliques et organisant des marches régulières pour réclamer justice.
Bien que scindées en deux groupes depuis 1986, l'un focalisé sur les objectifs initiaux, le second militant en faveur d'autres causes, les mères de la place de Mai ont assisté ensemble le 30 avril 2007 au concert célébrant le 30e anniversaire de leur action. Vous pouvez les soutenir en faisant un saut au Café Literario Osvaldo Bayer.

La Boca

La Fundación Proa, un édifice blanc et argent aux lignes épurées, domine majestueusement le cours pollué du Riachuelo, visible depuis ses baies vitrées, et les bâtiments délabrés de La Boca. Suite à des travaux de rénovation de grande ampleur, ce remarquable musée consacré à l'art contemporain d'avant-garde resplendit plus que jamais. Poids lourd de la scène artistique internationale – une exposition Marcel Duchamp a marqué sa réouverture –, il a la singularité d'occuper un bâtiment reconverti à des kilomètres des galeries de Recoleta et de Palermo.
Grâce à la fondation et à son café en terrasse sur le toit, La Boca justifie à nouveau qu'on lui consacre un après-midi entier. Site du principal port de la ville autrefois, le barrio doit son aspect vivant aux immigrés italiens qui peignaient de couleurs éclatantes les façades de leurs habitations, souvent en tôle ondulée. Aujourd'hui, les visiteurs envahissent son Caminito (« petit chemin ») pavé aux maisons multicolores, où des danseurs rendent hommage le dimanche au tango natif du lieu. Mais si le quartier présente un attrait visuel certain, c'est aussi un piège à touristes rempli de boutiques de souvenirs de pacotille et le secteur de Buenos Aires qui détient le record de criminalité. Mieux vaut donc être prudent et gagner le centre en bus ou en taxi.
 

La Peña del Colorado

Si vous n'avez pas le temps de passer une journée dans une estancia (grande exploitation agricole) ou d'aller à la Feria de Mataderos, vous pourrez quand même avoir un avant-goût de la culture des gauchos sans quitter Buenos Aires. Les peñas sont des clubs de musique folklorique où des orchestres se produisent devant un public jovial qui mange de la cuisine paysanne. Mais la vraie fête commence après le concert, quand les spectateurs se passent harmonicas et charangos (guitares à cinq cordes) pour faire un bœuf.
D'ordinaire peu connus des touristes, ces établissements rustiques traditionnels se trouvent un peu partout en ville. Essayez par exemple la chaleureuse Peña del Colorado, à Palermo, qui sert des spécialités provenant des confins du pays comme l'agneau de Patagonie, les tamales (farine de maïs, viande et fromage cuits à la vapeur dans une feuille d'épi de maïs) de la province de Tucumán ou les gnocchis farcis de manioc cultivé par les Guarani. Du maté et des vins argentins arrosent le tout. On y entend à tour de rôle des chanteurs de la province de Jujuy interprétant de vieilles complaintes, des guitaristes uruguayens et de jeunes groupes folkloriques composés de percussions et d'instruments à vent.
Le week-end, la peña fait le plein de vrais et faux gauchos, de touristes enthousiastes et de citadins stressés venus décompresser. Le vino patero liquoreux qui coule à flots aide à se mettre dans l'ambiance et donne le courage de se joindre au bal populaire qui conclut la soirée.

Les parcs et les jardins

Même les citadins les plus endurcis éprouvent de temps à autre le besoin d'échapper aux rues embouteillées du centre de Buenos Aires. Si c'est votre cas, emballez de quoi pique-niquer – une demi-douzaine d'empanadas et une petite bouteille de Malbec devraient faire l'affaire – et réfugiez-vous dans l'un des espaces verts de la ville pour un après-midi paresseux. Le farniente vous semblera d'autant plus doux à la vue des Porteños en survêtements de couleurs vives qui courent pour garder la forme.
Du côté nord de la ville, le vaste Parque 3 de Febrero est celui qui se prête le mieux à une escapade en plein air. Cet ancien domaine de Juan Manuel de Rosas, dirigeant absolutiste de la Confédération argentine de 1835 à 1852, accueille toutes les catégories de la population : des familles font du pédalo sur le lac artificiel, des garçons musclés s'élancent à rollers, des couples flirtent dans la roseraie, des jeunes coiffés de dreadlocks grattent la guitare et des retraités sirotent du maté. Pour une faune plus exotique, allez rendre visite aux énormes carpes koï du Jardín Japonés voisin et aux paons du Jardín Zoológico.
Plus au sud, la Reserva Ecológica forme un havre de paix au bord de la rivière. Comme les habitants, achetez un choripan (sandwich à la saucisse) ou une bondiola (sandwich au porc grillé) dans l'une des parrillas ambulantes près de l'entrée et louez un vélo pour parcourir la réserve à la recherche d'un coin où vous poser.

La Feria de Mataderos

Pendant que des couples dansent la chacarera et le chamamé en plein air au son d'un orchestre folklorique, des stands de restauration proposent des plats ruraux tels que locro (ragoût de viande originaire du Nord-Ouest), empanadas et humitas (farine de maïs légèrement sucrée enveloppée dans des feuilles d'épi de maïs) qu'on arrose de vino patero (vin artisanal). Voici la Feria de Mataderos, authentique célébration de la culture paysanne argentine.
Cette foire très animée se déroule chaque week-end (sauf l'été) à Mataderos, une banlieue ouest de Buenos Aires baptisée d'après les abattoirs construits à cet endroit en 1899. Sur scène, se succèdent des danses viriles exécutées en bottes et bombachas de campo (pantalons amples des gauchos). Le spectacle le plus marquant de la journée reste toutefois la carrera de sortija au cours de laquelle des cavaliers en tenue de gardien de troupeau de la pampa se lancent au galop pour attraper un petit anneau suspendu à un ruban.
Un marché sur place vend des articles en cuir, des ponchos et des bijoux en argent à prix intéressants. Une rangée de stands de produits du terroir permet de goûter des fromages artisanaux et de la liqueur de dulce de leche (confiture de lait).
 

Le Bœuf Argentin

Le bœuf argentin est bel et bien le meilleur du monde. On peut en faire l'expérience dans l'une des nombreuses parrillas (restaurants de grillades) de Buenos Aires, dont les généreuses pièces de viande de premier choix s'accompagnent de Malbec. Ces établissements vont de l'adresse de quartier sans prétention comme La Dorita et Desnivel, populaires pour leurs grillades traditionnelles bon marché, aux tables sélectes comme Don Julio et Miranda, appréciées des branchés de Palermo.
La particularité de la viande locale vient d'une alimentation bovine basée sur l'herbe nutritive de la pampa plutôt que le maïs et les hormones de croissance. La production étant essentiellement destinée à l'export, la viande plus maigre et plus naturelle consommée sur place n'est généralement pas mature, d'où sa saveur distincte. Autre facteur de qualité, les fermiers argentins ont réalisé des croisements entre des espèces britanniques et européennes et élèvent leurs bêtes le plus souvent en plein air.
La parrillada (assortiment de grillades) constitue le test ultime du carnivore. En plus des morceaux de bœuf, elle comprend presque invariablement des chinchulines (intestins grêles), de la morcilla (boudin) et du chorizo (saucisse). De la provoleta (fromage italien) grillée et du vin rouge viennent compléter le tout.

Mis à jour le : 8 avril 2014

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