Idées week-end

Swinging London

  • Publié le 07/11/2013 6 minutes de lecture

Dans les années 1960, la culture pop triomphe à Londres. Revivez le temps où l'on dansait le rock en chemise à jabots et en robe à sequins à travers chansons et films.

The Rolling Stones, Satisfaction

1965

«I Can't Get No Satisfaction…» On ne présente plus la plus célèbre des chanson des Stones. Le refrain explosif de Mick Jagger et le riff vindicatif de Keith Richard – que l'intéressé se targue d'avoir trouvé dans son sommeil! –, incarnent à eux seuls l'essence du rock. Jouée à chaque concert, ou presque, du «plus grand groupe de rock and roll du monde», la chanson s'entend partout, de façon audible dans Apocalypse Now de Francis F. Coppola, ou inaudible dans la reprise live de Bjork. On oublie souvent que Satisfaction dresse un constat impeccable sur la frustration engendrée par le système consumériste, y compris quand il s'agit de «se faire une fille» (sic) au mauvais moment – la provoc sexuelle faisant partie de leur fond de commerce. Allez, tous en chœur…

L'hôtel Hilton de Londres a donc vu Keith Richards attaquer le morceau en rêve. Vous pouvez toujours remonter aux sources et vous rendre à Dartford, dans le Kent, la ville natale de Mick Jagger et Keith Richards, les piliers du groupe, voire sur le quai de la gare où ces copains d'enfance se sont retrouvés pour échanger des disques. Le départ d'une belle aventure… La municipalité a donné à treize de ses rues le nom des chansons les plus connues des Stones, dont la «Satisfaction Street»! À Londres, rendez-vous au 102 Edith Grove Street dans le quartier de Chelsea, c'est là que les deux compères, plus Brian Jones, ont mangé leur pain noir. Insatisfaits de tout, et conscients de rien. Ils croyaient mourir avant trente ans. Vous, non, alors profitez.

The Beatles, The Fool on the Hill

1967

On fait souvent de drôles de rencontres en se promenant dans Londres. Prenez Paul Mc Cartney, il sortait son chien sur la colline de Primrose quand un homme lui apparut soudainement; après avoir échangé trois mots, Paul se retourne un court instant vers l'animal, mais entre-temps, voilà que l'inconnu s'est volatilisé! Inspirant, n'est ce pas? C'est au domicile paternel, à Liverpool, que Mc Cartney a composé cette chanson poétique au célèbre solo de flûte. Elle figure dans l'album le plus psychédélique des Fab Four, Magical Mystery Tour, enregistré dans les mythiques studios d'Abbey Road.

Culminant à 78 mètres, Primrose Hill, dans le quartier de Camden, offre une vue imprenable sur Londres. C'est également un lieu qui compte dans l'histoire du rock: outre la chanson des Beatles, cette butte verdoyante a servi de décor pour la photo illustrant un album des Rolling Stones, Between the Buttons, en 1966, et celle du single d'Oasis, Wonderwall en 1995.

The Who, My Generation

1965

Deux accords en sol et en fa, guitare et basse, et le bégaiement volontaire de Roger Daltrey ont provoqué pas mal d'orgasmes dans le public. Un son qui cogne, qui bute, qui crache, et un hymne génial écrit par Pete Townshend le jour des ses vingt ans. Un blues certes pauvre harmoniquement, mais puissant et tordu, avant d'exploser dans un chaos final. Le morceau ne s'est imposé que progressivement sur la scène rock, mais il comporte la phrase emblématique de cette génération du baby-boom, versant destroy: «Hope! Die before I get old».

The Who est un groupe londonien pur jus, qui pratiquait un rock explosif avant de godiller dans la pop, le symphonique et l'opéra-rock. Pour un retour aux sources, partez vers l'école d'art d'Ealing, quartier chic et résidentiel, où les membres du groupe se sont rencontrés. Dans le quartier de Soho, le Marquee Club du 90 Wardour Street, était la salle de concerts mythique où les Who, les Kinks et tant d'autres ont fait leurs gammes. Ce temple du Swinging London a malheureusement fermé en 1988. On peut encore traîner à Covent Garden, dans Upper Saint Martins Lane, pour tenter d'en capter quelques effluves.

The Kinks, Waterloo Sunset

1967

Bourrés de talent mais barrés par les Beatles et les Stones, les Kinks furent condamés à jouer les seconds rôles de la pop britannique. Les frères Davies, duo de loser magnifiques qui en étaient l'âme, surent pourtant se distinguer du psychédélisme béat de la côte californienne en lui opposant leur dandysme et leur désespoir. Compositeur hors pair, Ray Davies a signé avec Waterloo Sunset un tube mélancolique qui se hissa en son temps à la deuxième place des charts britannique et reste aujourd'hui comme l'une des plus belles chansons des sixties. Un an plus tard, les Kinks enregistrent The Village Green Preservation Society, album qui fit fantasmer les lycéens frenchies en séjour linguistique à Brighton et continue d'exercer une grande influence sur la scène musicale britannique.

À l'origine, Waterloo Sunset s'intitulait Liverpool Sunset et décrivait le coucher du soleil sur la Mersey. Mais la sortie du disque Penny Lane/Strawberry Field, dédié à Liverpool, par les Beatles incita Ray Davies à se replier prudemment sur Londres. Faussement guilleret dans sa mélodie, Waterloo Sunset s'avère imbibé par le tempérament dépressif de son auteur. La Tamise est sale, un couple franchit le pont et le crépuscule se pointe. Pour vous mettre dans un tel état d'esprit, pointez-vous sur le London Bridge, en semaine, aux heures matinales, de préférence à contre-courant des salariés de la City qui déboulent en masse compacte, costume anthracite et attaché-case à la main. Une armée de clones à vous fendre l'âme. Sinon, partez respirer l'air de la campagne anglaise, ces rockers-là avaient aussi la fibre rurale.

The Jam, Carnaby Street

1977

Bien qu'ayant débuté leur carrière en pleine période punk, les membres de The Jam n'ont jamais renié leur goût pour la tradition mod des sixties. Bruce Foxton, le bassiste du groupe, a commis une chanson moqueuse sur le folklore du Swinging London. À l'époque, il fallait produire des singles à la chaîne, et cette face B de l'album All Around The World marque le changement d'époque d'une décennie à l'autre. La crise est là, et le bon vieux rock and roll se revitalise pour chasser les douces vapeurs baba et le strass disco.

Située dans le quartier de Soho, Carnaby Street est décrite par The Jam comme le reflet de la splendeur et de la décadence du royaume britannique. Entre 1965 et 1969, cette artère fut la vitrine du Londres psychédélique, une parade hallucinée et un laboratoire de la mode. Ce n'est plus aujourd'hui qu'un défilé de boutiques franchisées et de fringues de marque. Vous pouvez remonter cette rue piétonne, comme on flâne sur le boulevard Montparnasse en pensant aux années folles ou sur la Via Veneto de Rome en invoquant les mânes de la Dolce Vita.

Blow-up

Michelangelo Antonioni, 1966, Italie

Dans Blow-up, tout est histoire de focale. Thomas, un photographe de mode, saisit sur sa pellicule un couple qui s'embrasse dans un parc. En développant les photographies, il découvre, d'agrandissement en agrandissement, qu'il a surpris une scène de meurtre. Un Londres furieusement psychédélique sert de cadre à cette intrigue en forme de thriller, inspirée par une nouvelle de Julio Cortázar. Le cérébral Antonioni, qui passait alors pour le chantre des bourgeoises italiennes en détresse, réussit à merveille son incursion dans les milieux frivoles de la capitale britannique. Tout à la fois récit policier sans résolution, réflexion sur notre rapport aux images et à la réalité et documentaire sur l'effervescente culture pop, Blow-up gagnera la palme d'Or au festival de Cannes. Brian de Palma en fera un remake en forme d'hommage dans son Blow Out en 1981.

Maryon Park, dans le quartier de Charlton village, au sud-est de Londres, contient la scène clé du film. La pelouse, repeinte en vert pour le tournage, vous paraîtra plus terne… Soho et Carnaby Street font aussi partie du décor, mais l'esprit du Swinging London est à chercher dans les brocantes. En revanche, plus rien du club de Windsor, The Ricky Tick Club, où se produisaient les Yarbirds, avec Jimmy Page à la guitare. Antonioni les avait choisis, de préférence aux Who et au Velvet… Parmi les survivants, quelques Mods traînent encore leurs boots sur les bords de Tamise.

Image

Derrière sa réflexion philosophique, Blow-up peut aussi se voir, de façon plus frivole, comme un défilé de mode sixties

Austin Powers

Jay Roach, 1997, Grande-Bretagne

Trente ans après, à quoi ressemblait l'onde de choc du Swinging London? Réponse: à Austin Powers. Austin Powers porte les lunettes de Michael Caine dans The Ipcress File, la jabot de George Lazenby dans Au Service secret de Sa Majesté sur le torse velu de Sean Connery: c'est l'espion britannique idéal des sixties. Flanqué d'une top model tout de cuir vêtue façon Emma Peel, il se fait passer pour le photographe de Blow up, tout en dansant comme un dieu sur du Quincy Jones dans les rues de Londres. La belle idée de Mike Myers, l'interprète de l'espion libidineux et de sa nemesis le Dr. Evil, fut d'extirper ce pur produit du Swinging London pour le projeter, trente ans plus tard, dans une Amérique déprimée, allant jusqu'à y faire chanter Burt Bacharach en personne, l'auteur de The Look of love. Mike Myers rend hommage à la musique et à l'état d'esprit psychédélique (et shagedelic) de toute une époque. Deux ans plus tard, Austin Powers ferait le chemin inverse en retournant, grâce à une machine à remonter le temps, dans le jus de ses sixties.

L'ouverture d'Austin Powers est une citation du film A Hard day's night, où l'on voit les Beatles se faire courir après par une horde de fans, dans les rues de Londres. Leur fuite, filmée mi-documentaire, mi-comédie, les amène jusqu'à la gare de Paddington, dans l'ouest de la ville. Mise en service au milieu du XIXe siècle, elle rallie l'aéroport de Heathrow – au cas où vous débarqueriez.

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