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Publié le 06/10/2014 5 minutes de lecture
Qui oserait remettre en question des coutumes plus que centenaires?
1. Le high tea au Ritz (Londres)
C'est bien simple, ils ont tous soupé au Ritz, de Charlie Chaplin à Johnny Depp et d'Evelyn Waugh à Hugh Grant. À votre tour. Asseyez-vous à une place de choix dans la Palm Court donnant sur les Royal Gardens et voyez comme on se retourne pour évaluer votre célébrité ou votre allure. Le gratin londonien fréquente cette institution depuis 1906, date à laquelle César Ritz ouvrit l'établissement. Le thé y est accompagné de scones à la Cornish clotted cream (crème épaisse de Cornouailles), de pâtisseries fraîches et d'un assortiment de sandwichs. Mais ce qu'on mange compte nettement moins que de s'offrir, dans toute sa gloire, aux objectifs des paparazzi, s'il y en a.
Il est recommandé de réserver (www.theritzlondon.com/tea) et d'être «habillé» (jeans et baskets ne sont pas autorisés).
2. La Tomatiña à Buñol (Espagne)
Toutes les traditions ne sont pas synonymes de protocole et de respect des anciens. Témoin cette énergique célébration de la récolte des tomates, l'un des plus grands gâchis de nourriture du monde. Gens du cru ou de passage se pressent dans les rues d'une petite ville de la province de Valence pour se jeter mutuellement des tomates mûres. Selon cette tradition en vigueur depuis 1952, les femmes doivent être habillées de blanc et les hommes se mettent torse nu pour lancer plus de 100 tonnes de fruits. L'événement a pris une telle envergure que certains commerçants bâchent désormais leur devanture pour la protéger des salissures.
On peut s'enrôler pour la bataille sur www.latomatina.org.
3. Le Singapore Sling à Singapour
Peu de cocktails fleurent l'opulence coloniale comme ce breuvage lorsqu'on le déguste à Singapour, dans le célèbre Raffles Hotel, et surtout au Long Bar, lieu de fêtes pour les expatriés depuis des décennies. C'est le barman Ngiam Tong Boon, au début du XXe siècle, qui a créé ce cocktail, mélange de gin, de cherry et de Bénédictine dans des proportions à peu près égales, parfois dilué avec de l'eau de Seltz. Aujourd'hui, le Long Bar propose sa propre version, à un prix incitant à en savourer chaque gorgée, tout en admirant l'environnement luxuriant de l'hôtel, l'un des plus chargés d'histoire de l'Asie du Sud-Est.
Si le cocktail ne suffit pas à votre soif de nostalgie, réservez une chambre au Raffles (www.raffles.com/en_ra/property/rhs).
4. Le narghilé au Caire (Égypte)
Prendre une bouffée dans l'un des nombreux cafés à narghilé du Caire ne s'accompagne pas de cérémonies particulières, mais c'est la manière idéale de terminer un repas ou de savourer un verre de thé. Le narghilé filtre la fumée de tabac à travers de l'eau et les aficionados prétendent que la fumée est plus pure, car la chaleur est indirecte, encore qu'il soit parfois difficile de l'aspirer à travers les tuyaux emmêlés. Le tabac ordinaire est très apprécié, mais il est souvent parfumé par de la mélasse ou des arômes non traditionnels comme le café, la menthe, l'ananas ou même le bubble-gum. Certains établissements ont leur propre mélange d'arômes.
Le narghilé s'appelle aussi chicha ou shisha dans de nombreux pays, notamment en France. C'est ainsi qu'on trouve plusieurs bar à chichas à Paris.
5. La prière à Jérusalem
Quelle que soit votre religion, regarder ceux qui prient en silence devant le Mur des lamentations, près du Saint des Saints, est un spectacle pénétrant. Les portes du paradis s'ouvrent sous l'effet de la prière: inutile, donc, de crier. Accessible aux non-croyants, c'est un lieu sacré entre tous pour les juifs. Certains rabbins proposent que les vrais croyants viennent y prier 40 jours d'affilée pour prouver leur foi. D'après les kabbalistes, le Mur serait le lieu où toutes les prières des juifs se retrouveraient afin de monter au ciel.
Aller à Jérusalem est souvent risqué. Tenez-vous au courant des dernières restrictions concernant ce secteur et ne les prenez pas à la légère.
6. La cérémonie du thé à Kyoto (Japon)
Préparez-vous à ce qu'un grand nombre de rituels et de petits saluts précèdent votre première tasse de thé, car cette cérémonie peut durer jusqu'à quatre heures. Si tout, depuis la position des tasses jusqu'à l'ordre dans lequel il faut boire, obéit à une précision zen, c'est pour vous rappeler qu'il faut savoir vivre lentement et apprécier chaque geste. Le matcha (thé vert) peut être accompagné d'une foule de choses, du tenshin (en-cas) au kaiseki (repas comprenant quatre plats). Les plus belles cérémonies sont celles des maisons de thé du vieux Kyoto; elles peuvent s'assortir de musique ou de démonstration de danse.
En dehors de Kyoto, allez par exemple à Nara, à l'Isui-en et musée d'Art Neiraku, un endroit inoubliable dominé par un pavillon de thé ouvert, au sol tapissé de tatamis.
7. Le buzkashi en Asie centrale
Si certaines des traditions déjà évoquées vous paraissent trop tranquilles, optez pour le buzkashi. À première vue, il s'agit d'une sorte de polo pratiqué par les Afghans, les Kazakhs, les Tadjiks, les Kirghiz et les Ouzbeks. En y regardant de plus près, la balle est en réalité une chèvre décapitée, que se disputent à grands renforts de cris deux groupes d'hommes difficilement identifiables. Sport officiel du Kirghizstan, le buzkashi requiert des chevaux très bien entraînés à manœuvrer, tandis que leur cavalier tente de s'emparer de la carcasse.
C'est en Afghanistan que vous aurez le plus de chance d'assister à un match, parfois au golf de Kaboul. Dans d'autres pays, ce sport est parfois appelé ulak tartysh ou kok boru.
8. Nourrir les fantômes affamés en Chine et au-delà
La croyance chinoise veut que les portes de l'enfer s'ouvrent durant le septième mois lunaire, laissant les fantômes revenir sur terre. Ces derniers ne sont pas des zombies assoiffés de sang; plutôt débonnaires, ils sont en quête de nourriture et de distractions. Les familles préparent des festins et des spectacles dans lesquels une place est réservée aux ancêtres disparus. On brûle aussi la monnaie de l'enfer, des morceaux de papier achetés avant le septième mois, que les défunts pourront dépenser dans l'au-delà.
Certains vont jusqu'à brûler des téléphones – portables ou non – ou des voitures, toujours en papier, rien n'étant trop beau pour les chers disparus.
9. Le sauna en Finlande
Ne vous étonnez pas si un Finlandais vous propose de passer un moment avec lui dans le plus simple appareil: le sauna est au cœur de la vie finlandaise. Politique, affaires, petit verre, tout a droit de cité dans ces pièces embuées. Les meilleurs saunas sont chauffés par un feu de bois et surplombent un lac où l'on peut se jeter tout nu. Pour une séance vraiment réussie, les finlandais se fouettent à l'aide d'un vihta (bouquet de branches de bouleau).
Après ou pendant le sauna, il est de coutume de boire soit de la bière, soit un gin long drink, un cocktail aromatisé au pamplemousse.
10. La cérémonie du kava dans les îles du Pacifique
Dans le Pacifique sud, plusieurs sociétés ont élaboré un rituel autour d'une boisson préparée avec une plante dont on ne sait trop s'il s'agit d'un remède miracle, d'un narcotique ou d'une substance toxique. Élaboré dans les règles, le kava provoque une légère griserie. Autrefois, la cérémonie consistant à placer un bol de kava au centre d'un cercle servait à accueillir un visiteur ou à entamer des négociations de paix entre insulaires. Aujourd'hui, elle sert plutôt de coup d'envoi à des jam-sessions à base de chants traditionnels et de reggae.
Seuls les hommes participaient jadis à cette cérémonie, mais de nombreuses communautés autorisent désormais les femmes à s'y joindre.