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Publié le 30/05/2024 5 minutes de lecture
Créé en 1972, ce sentier balisé de Corse est devenu une institution. Il relie Calenzana, en Balagne, à Conca, dans l’arrière-pays de Porto-Vecchio, et attire chaque année plus de 12 000 courageux venus de toute l’Europe se frotter à ses dénivelés. Le parcours suit grossièrement une diagonale orientée nord-ouest/sud-est, correspondant à la ligne de partage des eaux, sur environ 200 km.
Conçu à l’origine en 15 étapes, le tracé a été modifié en 2012. Il se décline dorénavant en 16 étapes, d’une durée moyenne de 4 heures 30 à 8 heures ; il est possible d’en fractionner certaines. En plein cœur du Parc naturel régional de Corse (ou PNRC), il traverse les magnifiques paysages sauvages de l’intérieur de l’île, perché à une altitude moyenne de 1 000 à 2 000 m, avec un point culminant à 2 225 m.
La diversité des milieux rencontrés en fait un parcours d’exception : forêts de hêtres ou de pins laricio, paysages granitiques lunaires, crêtes ventées, torrents, lacs glaciaires, maquis, sommets enneigés, tourbières, plateaux, névés… Les amoureux de la nature seront comblés. Ceux de la tranquillité également : il ne croise que 3 hameaux (Haut-Asco, Vizzavona et Bavella). Des refuges et des bergeries jalonnent l’itinéraire.
Ne vous laissez pas abuser par la faiblesse, relative, de l’altitude. Le GR®20 est un parcours de montagne qui nécessite un vrai engagement physique et ne doit pas être pris à la légère. Les dénivelés sont sans concession (environ 10 000 m de dénivelé positif au total, avec des étapes pouvant comporter 800 m de montée), le sentier est rocailleux et parfois escarpé, les conditions climatiques peuvent s’avérer difficiles, et il faut être muni d’un équipement suffisant pour être autonome pendant plusieurs jours. Une bonne condition physique et une sérieuse motivation sont indispensables pour aborder ce GR®. Reste qu’il existe des solutions pour le vivre différemment. Pensez aux options périphériques (villages reliés au GR® permettant un décrochage, possibilités de demi-étape, ravitaillement et repas dans les refuges, nuitées dans les quelques hôtels du parcours…).
Bien préparer son sac pour le GR®20
- Des chaussures de randonnée de bonne qualité et rodées (si vous achetez une nouvelle paire, faites au moins une ou deux petites randonnées avant le départ)
- Au moins un bâton de randonnée – il est préférable d’en avoir deux
- Une carte précise
- Une paire de baskets et/ou de tongs légères (pour les douches)
- Un sac à dos confortable, ajusté à votre morphologie
- Une trousse médicale
- Un coupe-vent et une cape de pluie
- Un couvre-chef pour se protéger du soleil et de la pluie
- Des lunettes de soleil et un short
- Un nécessaire de toilette (savon, serviette, dentifrice)
- Des vêtements de rechange (sous-vêtements, tee-shirts, chaussettes)
- De la crème solaire
- Un pantalon pour protéger les jambes de la végétation parfois piquante
- Une couverture de survie
- Une veste polaire
- Une lampe de poche ou frontale
- Un peu de nourriture (plats lyophilisés, aliments énergétiques)
- Un couteau multifonction
- Une gourde et une réserve d’eau (au moins 2 l)
- Un sac de couchage
- Une tente pour bivouaquer, au cas où les refuges seraient bondés
- Un téléphone portable (secours et météo)
- Du papier hygiénique
- Du fil de pêche et une aiguille solide (petite réparation de sac)
- Des gants ou mitaines en cuir (utiles pour certains passages)
- Une ou deux pinces à linge, pour faire sécher du linge mouillé sur le sac en marchant ou sur la tente
Quand faire le GR20 ?
La meilleure période pour parcourir le GR® s’étend de mai à octobre. Des portions du sentier restent en partie enneigées jusqu’en juin, ce qui rend certains passages délicats. Juillet et août sont très fréquentés. L’avant saison (juin) et l’après-saison (septembre) sont idéales (difficile de choisir entre les senteurs printanières et les couleurs de l’automne !). De mi-août à fin septembre, des orages, parfois violents, sont à craindre, généralement l’après-midi.
La météo pendant la randonnée
Les gardiens de refuge sont souvent les meilleurs informateurs. Certains affichent un bulletin météo, d’autres placardent des mises en garde comme «Partez tôt, orages dans l’après-midi». Les serveurs téléphoniques accessibles depuis un portable sont utiles. Ils restent cependant indicatifs, tant les conditions météorologiques sont variables sur un secteur donné. En toute saison, vous ferez face à de grandes amplitudes thermiques en fonction de l’altitude, du vent et du soleil. Équipez-vous en conséquence.
Quel budget prévoir pour faire le GR®20 ?
Le budget du «géhériste» dépend du poids de son sac ! Les partisans de l’autonomie presque totale ont un budget allégé, car ils dorment en bivouac et programment chaque repas grâce à une solide logistique. Mais la lourdeur du sac peut nuire au plaisir de la randonnée. Ceux qui dorment dans les refuges, achètent leur ravitaillement à chaque étape et profitent des plats préparés par les gardiens peuvent se contenter d’un sac de 8 à 12 kg. Mais leur budget doit être plus important. Suivant les cas, nous vous conseillons de prévoir entre 20 et 35 euros/jour. La carte bancaire n’est acceptée que dans certains refuges, gîtes ou hôtels privés sur le parcours. Prévoyez des espèces. D’autant que si le GR®20 croise quelques hameaux (Haut-Asco, Vizzavona et Bavella), il n’y a pas de distributeur sur l’itinéraire. Un chéquier pourra vous être utile dans bien des cas.
Refuges : quelques règles à respecter
Objectif de la journée, le refuge fait bien souvent figure d’oasis pour le randonneur fatigué, surtout quand le mauvais temps est de la partie. Il convient de veiller à ce qu’il reste agréable et réparateur pour tous. Si les gardiens donnent le ton en faisant respecter quelques règles, ils ne peuvent pas être derrière tout le monde. Au-delà du bon sens, il semble utile de rappeler certains points :
Enlevez vos chaussures dégoulinantes et laissez-les à l’entrée.
Quand vous avez fini de manger, libérez la table (il n’est pas rare de voir des randonneurs timides manger debout pendant que d’autres tapent le carton sur l’unique table du refuge !).
Lavez votre vaisselle tout de suite après avoir mangé. Certains refuges ne comptent que quelques casseroles et les couverts sont souvent en nombre insuffisant (alors qu’il arrive que l’on en retrouve dans les poubelles…).
Si les poubelles sont pleines, n’hésitez pas à jeter les sacs dans les bacs placés à l’extérieur.
Si vous faites chauffer de l’eau pour le petit-déjeuner, pensez à remplir la casserole à fond, vous ferez certainement des heureux.
Si vous veillez un peu, respectez le sommeil des autres.
En période d’affluence, les refuges sont bondés, et il n’est pas rare de compter plus de 100 personnes au moment des repas. Ces petites attentions multipliées par autant de randonneurs rendent la vie plus facile. Du savoir-vivre, du bon sens : un peu comme à la maison. C’est finalement ce que l’on attend d’un refuge.
Nord-sud ou sud-nord : dans quel sens parcourir le GR®20 ?
Dans quel sens faire le GR® ? Près des deux tiers des randonneurs optent pour le trajet nord-sud. Accès à Calenzana plus facile, description du topoguide faite dans ce sens, habitudes… Nous avons suivi le mouvement, sans raison objective. Certains plaident en faveur du trajet sud-nord, en se basant sur le fait que le tronçon sud, plus facile, favorise l’adaptation de l’organisme à l’effort. D’autres, à l’inverse, préfèrent commencer par les étapes du nord, tant qu’ils sont «frais». D’autres enfin préfèrent l’option sud-nord au seul motif que le nombre de marcheurs est plus faible dans ce sens.