Art, culture & société

Culture : les Caraïbes en films, disques, livres

Embarquer sur le bateau de Jack Sparrow ou passer un morceau de zouk à la maison, c’est bon pour le moral ! Paradis tropical, les Caraïbes valent aussi d’être découvertes à travers les grands écrivains qui en révèlent la culture et retracent les destins de leurs habitants.

1. Le Vieil Homme et la Mer (Cuba)

Ernest Hemingway, 1952

Fiction tardive dans l’œuvre d’Hemingway, ce court roman raconte le combat héroïque d’un vieux pêcheur cubain aux prises avec un marlin (sorte d’espadon) dans les eaux du Gulf Stream. Une métaphore limpide de la bravoure de l’homme face à la nature. L’écrivain lui devra en partie son prix Nobel de littérature en 1954. Quant au personnage qui lui inspira l’histoire, Gregorio Fuentes, capitaine d’un bateau de pêche, il mourut à 104 ans sans avoir jamais lu le bouquin.

Avec ses 5 746 kilomètres de côtes et ses eaux chaudes très poissonneuses, Cuba est l’endroit idéal pour la pêche en mer. Toutes les grandes stations balnéaires proposent des sorties de pêche en haute mer. Si La Havane est une bonne destination avec ses deux marinas, le meilleur centre de pêche est celui de Cayo Guillermo, immortalisé dans le roman posthume d’Hemingway, îles à la dérive. En juin, s’y déroule un tournoi international de pêche sportive. Espadons, thon, requins croisent au large. Tous à vos moulinets !

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Un marlin. Domaine public

2. L’amour au temps du choléra (Colombie)

Gabriel García Márquez, 1985

Flamboyant roman d’amour, épique et baroque. Garcia Marquez, après son chef-d’œuvre, Cent ans de solitude, en commet un autre. Cette fois, son héros en prend pour cinquante ans. À la fin du XIXe siècle, Florentino, un jeune télégraphiste, pauvre, poète et musicien, s’éprend de la plus jolie fille du coin, lui jure une passion éternelle, mais la belle finit, bourgeoisement, par convoler avec un médecin. L’amoureux transi n’a plus qu’à multiplier les conquêtes, faire fortune comme armateur et prouver à sa dulcinée la fougue et la constance de ses sentiments. Un admirable portrait d’érotomane. En 2007, Mike Newell en fera un film avec Javier Bardem dans le rôle de Florentino.

García Marquez ne situe pas le décor de son livre mais tout indique qu’il l’emprunte à Carthagène des Indes, un port colombien de la mer des Caraïbes. Il connaissait bien les lieux pour y avoir passé sa jeunesse. Enrichi par la traite des esclaves et le commerce de l’or sous l’Empire espagnol, la vieille ville, classée au patrimoine de l’Unesco, a conservé d’imposantes fortifications, une cathédrale pas moins remarquable et des palais de style andalou. Mais la Carthagène moderne abrite aujourd’hui plus d’un million d’habitants. C’est une destination courue par les Américains dont les bateaux de croisière viennent mouiller au large. Vous voilà prévenus.

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Une rue de Carthagène, décor supposé de L'amour au temps du choléra. eduardobeltrame.fot.br. CC BY-NC-SA

3. Alejo Carpentier, Le Siècle des Lumières, 1962 (Antilles)

Écrivain cubain d’ascendance française et russe, Alejo Carpentier a intitulé cette fabuleuse fresque romanesque comme s’il s’était agi d’un essai historique. En fait, ses personnages nous font vivre la Révolution française dans l’arc des Antilles, de la Havane à Cayenne en passant par la Guadeloupe. Pris sous le feu des Anglais, les partisans de Robespierre vont propager la bonne parole républicaine et l’usage de la guillotine sous des tropiques créoles qui vivent de l’esclavage. Alejo Carpentier, promoteur du réalisme magique, parvient à restituer les sentiments et les idéaux de l’époque. Sous sa plume, la Déclaration des droits de l’homme tourne à la farce et à la danse macabre dans ces colonies du Nouveau Monde.

La Guadeloupe ne se trouve pas aux premières loges du roman d’Alejo Carpentier pour rien. C’est à Pointe-à-Pitre que le révolutionnaire Victor Hugues proclama le premier décret abolissant l’esclavage en 1794. Il fut ensuite rétabli en 1802 par l’administration impériale avant d’être définitivement aboli en 1848 grâce à l’action de Victor Schœlcher, auquel un musée est dédié en ville. Ceci étant, on vient surtout en Guadeloupe pour profiter de ses plages idylliques, explorer les envoûtantes petites îles des Saintes et de Marie-Galante et randonner dans sa nature luxuriante !

4. Pirates des Caraïbes : la Malédiction du Black Pearl (Saint-Vincent-et-les-Grenadines)

Gore Verbinski, 2003

Le premier des quatre films de la franchise a remis à l’honneur la flibuste, grâce à un cocktail d’humour, de fantastique et d’aventure bien dosé. Johnny Depp, bandeau sur le front, part à la poursuite du maléfique capitaine Barbossa qui se transforme en mort-vivant au clair de lune. Après l’échec commercial de plusieurs films de pirates, les producteurs craignaient un bide retentissant. D’où la divine surprise. Un succès mondial, et Johnny Depp, propulsé au firmament des stars.

Si le grand marécage a été construit en Californie sur les plateaux des studios Burbank, siège de la compagnie Disney, les équipes de tournage ont écumé les Caraïbes à la recherche d’anciens repaires de pirates. Saint-Vincent-et-les-Grenadines a fourni plusieurs décors au film, comme la baie de Wallilabou ou les Tobago Cays. Formé d’une grande île, Saint-Vincent, et des trente îles de l’archipel des Grenadines, cet État des petites Antilles revêt l’aspect d’un véritable paradis des tropiques avec ses plages vierges et ses récifs coralliens. Les rock stars et les membres de la jet-set ont privatisé certains croissants de sable, mais le simple quidam peut aussi aborder ces rivages idylliques grâce à un service de ferry reliant les îles.

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Baie de Wallilabou, Saint-Vincent-et-les-Grenadines. Stefano Corso

5. rue Cases-Nègres (Martinique)

Joseph Zobel, 1950

Joseph Zobel occupe une place discrète mais singulière dans la littérature de la créolité. L’enfant de Rivière-Salée sut insuffler une grande sensibilité à ses souvenirs d’enfance, dans un quartier de cabanes de Petit-Morne, au milieu des années 1930. Il y livre un portrait émouvant de sa grand-mère, M’man Tine, qui travaille dans les plantations de canne à sucre, au service des békés, les blancs créoles qui règnent sur l’économie locale. Une des compatriotes de Zobel, la réalisatrice Euzhan Palcy a porté ce livre à l’écran en 1982 dans un joli film auquel François Truffaut, si sensible aux récits de l’enfance, a participé.

La Martinique, “fleur des Caraïbes”, offre un paradis pour le visiteur, mais la bronzette et le ti-punch ont leurs limites. Zobel, lui, voulait honorer l’âme du peuple martiniquais. On peut lui rester fidèle en privilégiant les circuits et hébergements tournés vers l’agro-tourisme et le tourisme durable.

L’île abrite nombre de restaurateurs, musées, distilleries, qui répondent à ces critères de qualité et de respect de l’environnement. Le réseau Tak Tak Martinique en fournit les adresses (taktak-martinique.fr/taktak/).

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Pochette de la musique du film adapté de Rue Cases-Nègres.

6. Kassav’, Sonjé (Antilles)

Zouk béton, zouk love, zouk variété et même zouk rétro, Jocelyne Béroard, l’une des membres stars du groupe Kassav’, les balaye dans un grand éclat de rire : zouk d’abord, zouk tout court. Le mot, la musique elle-même, est déjà le fruit du melting-pot des Antilles, hérité des sept rythmes du gwoka guadeloupéen, du bélé martiniquais, du kompa haïtien, j’en passe et des meilleurs, jusqu’au rock n’roll, et évolue sans cesse depuis sa naissance à la fin des années 1970. Les instruments, les influences, les courants passent, s’échangent, les membres de Kassav’ s’en vont faire des albums solo et reviennent, et sont à l’image du zouk : vivant, protéiforme, et pourtant immédiatement reconnaissable. Le dernier album de Kassav’, Sonjé, sorti en 2013, est dédié à Patrick Saint-Éloi, héraut du zouk love.

Le zouk est devenu un symbole des Antilles françaises, en particulier de la Guadeloupe et de la Martinique, où on l’entend presque partout, dans les bars et les discothèques, mais aussi dans les bus et les petites boutiques, dans les restaurants de plage et les gîtes perdus au milieu de la forêt. Le meilleur moment, musicalement parlant, pour profiter de cette culture est indiscutablement le carnaval : le zouk et ses multiples variantes y défilent d’abord au rythme des percussions des ensembles gwoka.

7. Texaco (Martinique)

Patrick Chamoiseau, 1992

Pour remonter le passé de la Martinique, vous pouvez ouvrir quelque manuel d’histoire, consulter une encyclopédie, Wikipédia ; les faits, les dates, sont là, et défilent. Mais si vous voulez revivre cette histoire, la voir – l’entendre presque – incarnée par un visage et une parole aussi imagée que colorée, c’est dans le livreTexaco qu’il faut vous plonger. C’est l’histoire de la Martinique depuis l’affranchissement des premiers esclaves, au début du XIXe siècle, que raconte cette voix créole qui mue à mesure qu’avance le livre, à mesure que l’on avance dans ces trois générations de la famille de Marie-Sophie Laborieux, fondatrice informelle du quartier de Texaco. On est loin de Paris sur cette île des Antilles françaises où les décisions de la métropole prennent parfois des allures d’effet-papillon, mais Paris se laissa à son tour porter par cette onde de choc signée Patrick Chamoiseau, et lui décerna le Goncourt.

Texaco tire son nom des réservoirs de la bien-connue compagnie pétrolière américaine autour desquels se construisit ce qui était originellement un bidonville, avant de devenir un quartier à part entière. Situé sur la partie occidentale de Fort-de-France, Texaco garde, à l’image de l’essentiel de la ville, une ambiance très populaire, et a fait partie d’un vaste plan de rénovation urbaine sous l’égide de Serge Letchimy, qui a inspiré à Chamoiseau le personnage d’urbaniste de son roman.

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