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Publié le 19/04/2013 5 minutes de lecture
Pourquoi garder la même capitale quand on peut en bâtir une nouvelle ? Petit tour du monde des capitales construites ex-nihilo.
1. Astana, Kazakhstan, 1997
Ville provinciale isolée et balayée par des vents glacials, rien ne semblait destiner Akmola à devenir la capitale du Kazakhstan indépendant en 1994. Pourtant, la menace des séismes et le manque de place ont fait perdre son titre à la capitale d’origine, Almaty, que le président et le gouvernement ont quittée pour venir s’installer au milieu des steppes. Akmola, rebaptisée sans grande imagination Astana (un mot qui signifie capitale en kazakh), s’est lentement transformée en une métropole à la Blade Runner, hérissée de monuments futuristes.
Montez en ascenseur jusqu’en haut de la tour Bayterek, affectueusement surnommée Chupa Chups en raison de sa forme évoquant une sucette (ouverte de 10h à 22h).
2. Ramciel, sud-Soudan, Futur ?
Quelle est la première chose à faire quand on se retrouve à la tête d’un État ? On bâtit une capitale pardi ! C’est ainsi que le gouvernement sud-soudanais a décidé de délaisser son actuelle capitale, Jubak, en faveur de Ramciel, dans les prairies du centre du pays. Ce déménagement n’a pas que des partisans : certains sont d’avis que l’argent qu’il va falloir dépenser pour construire une ville flambant neuve serait mieux utilisé ailleurs, compte tenu de la pauvreté du pays.
Au moment où nous écrivions ces lignes, Ramciel n’était guère plus qu’un chantier de construction. Le conflit de l'hiver 2014 va sans doute
Brasília, Casa Thomas Jefferson
3. Brasília, Brésil, 1960
L’idée de bâtir à l’intérieur du Brésil est née au début du XIXe siècle, mais ce n’est qu’un siècle plus tard qu’a débuté la construction de Brasília sous l’égide de l’urbaniste Lucio Costa. Celle-ci est rapidement devenue un laboratoire de l’architecture moderniste, avec des lacs artificiels, de vastes parcs et de larges avenues destinés à en faire une métropole verdoyante et utopique, le tout parsemé de quelques bâtiments en forme de vaisseau spatial imaginés par Oscar Niemeyer. Certains déplorent que la ville paraisse déjà un peu fatiguée au bout de 50 ans, d’autres font observer avec enthousiasme qu’elle ressemble à un avion géant vue du ciel.
Le Santuário Dom Bosco, une église moderne illuminée par des vitraux bleus, est l’un des monuments les plus saisissants de Brasília (ouvert de 7h à 19h).
4. Belmopan, Belize, 1970
Lorsque Belize City a été dévastée par l’ouragan Hattie en 1961, les autorités du Honduras britannique ont sagement décidé qu’il valait mieux plier bagages pour s’installer plus à l’intérieur du pays, à l’abri des ravages de la mer des Caraïbes. Accueillie avec incrédulité par les délégations étrangères qui ont longtemps rechigné à déplacer leurs ambassades, la petite Belmopan (20 000 habitants) s’est accrochée à son statut de capitale. Elle reçoit quelques visiteurs de marque, notamment le prince Harry, qui a provoqué une petite sensation l’année dernière en dansant lors d’une fête de rue organisée en son honneur.
Visitez le Belize Archives Department, le service des archives, qui abrite plusieurs expositions sur l’histoire du pays – informations sur www.belizearchives.gov.bz.
Washington DC, Humberto Moreno
5. Washington DC, États-Unis, 1790
Plus ancienne que les autres capitales de cette rubrique, Washington DC est pourtant sortie de terre de la même façon, selon les plans de l’urbaniste français Pierre Charles L’Enfant. Située sur un terrain neutre n’appartenant à aucun État, connu aujourd’hui sous le nom de District of Columbia, et choisi par le président George Washington en personne, la ville permettait, de par son emplacement, de couper court aux querelles entre les États du Nord et du Sud. Depuis, bon nombre d’événements majeurs de l’histoire américaine s’y sont déroulés. Attaquée par les Britanniques lors de la guerre anglo-américaine de 1812, elle a aussi servi de champ de bataille lors du mouvement pour les droits civiques et des manifestations contre la guerre du Vietnam, avant d’être victime de l’attaque du Pentagone par Al-Qaïda le 11 septembre 2001.
Le Capitole est le point autour duquel la ville a été dessinée ; le centre des visiteurs offre des visites guidées du bâtiment – voir www.visitthecapitol.gov.
6. Abuja, Nigeria, 1991
Les tensions ethniques et religieuses menaçant de déchirer le Nigeria, Abuja, au centre du pays, a été choisie comme terrain neutre pour remplacer la métropole surpeuplée de Lagos, sur la côte sud. Vingt ans plus tard, la nouvelle capitale essaie toujours de rattraper l’ancienne : elle compte moins de 10% de la population de Lagos et son influence commerciale est bien moindre. Elle abrite de nombreux bâtiments grandiloquents, mais aucun n’est aussi impressionnant qu’Aso Rock, le rocher qui domine la ville.
Le marché Wuse, très animé presque tous les jours de la semaine, est l’endroit idéal pour acheter toutes sortes d’articles, des caleçons aux bananes. N’hésitez pas à marchander.
Nay Pyi Taw, Utenriksdept
7. Nay Pyi Taw, Myanmar, 2005
Surgie il y a quelques années dans un coin perdu du pays, la nouvelle capitale du Myanmar baigne dans une atmosphère quelque peu mystérieuse. Cette ville étrange, dotée d’autoroutes à six voies, de statues colossales et de palais grandioses, a été bâtie au milieu de nulle part par les dictateurs birmans, apparemment sur le conseil de l’astrologue personnel du général Than Shwe. Elle est peu visitée par les étrangers – ceux qui ont pu s’y rendre sont surtout frappés par son gigantisme et par le silence de ses rues vides.
Le National Herbal Park compte parmi les très rares sites touristiques de Nay Pyi Taw.
Islamabad, whitecat sg
8. Islamabad, Pakistan, 1967
Bâtie pour servir d’écrin au Pakistan indépendant, Islamabad a pris les rênes lorsque les autorités ont décidé que l’ancienne capitale, Karachi, était trop exposée à des attaques par la mer. Cinquante ans plus tard, l’activité touristique reste quasi inexistante, mais le développement urbain, lui, n’a pas faibli. Dominant l’horizon, la mosquée Shah Faisal est un cadeau de l’Arabie saoudite dessiné dans le style d’une tente de Bédouin. Selon une légende urbaine douteuse, la CIA aurait pris ses minarets pour des missiles.
La mosquée Shah Faisal se trouve dans le nord de la ville, au pied des monts Margalla. Les non-musulmans peuvent la visiter en dehors des heures de prière.
9. Canberra, AustraliE, 1913
Alors que Melbourne et Sydney se disputaient pour obtenir le titre de capitale de l’Australie, il a été décidé que cet honneur reviendrait à Canberra. Les travaux ont débuté en 1913 pour bâtir une cité à laquelle les Australiens, dubitatifs, ont d’abord donné le surnom de “six banlieues en quête d’une ville” et de “cimetière sans lumière”. Après plusieurs agrandissements et réaménagements, Canberra dégage aujourd’hui un charme tranquille qui n’appartient qu’à elle. En son centre s’étend le lac Burley Griffin, un lac artificiel creusé dans les années 1960, autour duquel sont installés les institutions administratives et les musées.
Visitez le National Carillon, au bord du lac, une tour dont les cloches égrènent des mélodies tous les lundis, mercredis, vendredis et dimanches à midi.
The Secretariat Building, New Delhi, sapru
10. New Delhi, IndE, 1911
New Delhi est une capitale à la fois nouvelle et très ancienne. Au moment où les Britanniques commençaient à envisager de quitter Kolkata, leur capitale d’alors, Delhi possédait déjà une longue histoire : sur le site s’étaient déjà succédé sept cités qui avaient à certaines époques régné sur de vastes étendues du sous-continent indien. Cela n’a pas empêché les Britanniques de se lancer dans la construction d’un “nouveau” Delhi, une ville spacieuse composée de résidences et de boulevards aménagés autour des sites antiques.
Ne partez pas sans avoir visité le National Museum of India, qui retrace 5 000 ans d’histoire indienne.
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