Colmar

Musée Unterlinden

Unterlinden, le musée incontournable de Colmar

Ce musée des Beaux-Arts, installé dans un ancien couvent dominicain, mérite à lui seul le voyage à Colmar. Le sanctuaire, fondé au XIIIe siècle “sous les tilleuls” (Unterlinden), est transformé en musée dès 1853, sous l’impulsion de la Société Schongauer, qui gère toujours les lieux. Il est aujourd’hui relié aux anciens bains municipaux (le bâtiment situé en face) par une galerie souterraine, qui fait la transition avec l’aile contemporaine, l’Ackerhof (nom qui évoque l’ancien corps de ferme du couvent).

Le retable d’Issenheim, le joyau du musée

Le chef-d’œuvre du musée trône dans la chapelle du couvent, en harmonie parfaite avec l’ex-sanctuaire. Par ses qualités formelles exceptionnelles et l’expression puissante de la souffrance, le célèbre retable d’Issenheim fascine, d’autant qu’une restauration récente lui a redonné toutes ses couleurs d’origine et sa profondeur de champ (des éléments rendus invisibles par les couches de vernis sont apparus à la lumière, à l’image des plis du manteau de la Vierge). N’hésitez pas à prendre l’audioguide pour une lecture commentée de l’œuvre.

Le polyptyque à deux séries de doubles volets se présente sous forme de panneaux de bois de tilleul peints par Mathis Gothart Nithart, dit Matthias Grünewald. Ils s’articulent autour d’une caisse centrale dont les sculptures sont signées Nicolas de Haguenau. L’ensemble a été réalisé entre 1512 et 1516. Le couronnement sculpté du retable manque, ayant disparu lors du démantèlement de l’œuvre à la Révolution. Le retable est ainsi conçu pour permettre trois représentations différentes : une lorsqu’il est fermé, la Crucifixion, une autre à l’ouverture des premiers volets, une dernière à l’ouverture des seconds.

À l’origine, il ornait le maître-autel de l’église de la commanderie des Antonins d’Issenheim, qui accueillait les malades atteints du mal des ardents, ou feu de Saint-Antoine (l’ergotisme, un fléau à l’époque). Les malades étaient portés devant le retable pour prier et implorer saint Antoine le Grand. On aperçoit celui-ci attaqué par des monstres envoyés par Satan sur l’un des panneaux (retable complètement ouvert) ; le personnage en bas à gauche présenterait les symptômes de la maladie (convulsions, membres ulcérés…). Mais le retable jouait aussi un rôle consolateur : la représentation très réaliste de la Crucifixion leur montrait une douleur à son paroxysme, tandis que la scène de la Résurrection était porteuse d’espoir.

Les œuvres médiévales et Renaissance

Les salles d’exposition autour du magnifique cloître médiéval, très bien conservé avec ses 54 arcades géminées, accueillent sur trois niveaux les collections anciennes, de la préhistoire à la Révolution. On y découvre, notamment, des sculptures romanes, des tapisseries, des vitraux et des peintures des primitifs allemands et plus particulièrement rhénans. Parmi les œuvres peintes exceptionnelles, le retable de la collégiale Saint-Martin (1462-1465) de Gaspard Isenmann, un Portrait de femme (vers 1510) exécuté par Hans Holbein l’Ancien ou la célèbre allégorie de La Mélancolie (1532) peinte par Lucas Cranach l’Ancien, ainsi que des chefs-d’œuvre du peintre et graveur colmarien du XVe siècle Martin Schongauer. Provenant de divers ateliers du Rhin supérieur et des régions voisines, la collection de sculptures du XIIe au XVIe siècle est remarquable, en particulier les sculptures religieuses en bois polychrome de la fin du gothique, tels que le bas-relief Le Martyre de Sainte-Catherine (vers 1520-1530) ou le Christ de douleur (vers 1515), en bois de tilleul polychromé, attribué à Martin Hoffmann.

Les arts décoratifs et traditions populaires

Au niveau 1 des salles du cloître, les collections d’arts décoratifs et d’histoire régionale illustrent la dimension encyclopédique du musée : céramique, orfèvrerie (le remarquable trésor des Trois-Épis des XVIe et XVIIe siècles), ébénisterie ou instruments de musique, tel le somptueux clavecin Ruckers (1624), réalisé par le facteur Hans Ruckers II, originaire d’Anvers.

L’art moderne et contemporain

Les collections d’art moderne et contemporain sont remarquablement mises en valeur par l’extension du musée, réalisée il y a quelques années par l’agence d’architecture Herzog & de Meuron. La galerie souterraine accueille les œuvres du XIXe siècle (Monet, Bonnard, Rodin…), et entame le parcours avec trois tableaux emblématiques (Le Char de la Mort de Théophile Schuler, L’Enfant Jésus parmi les docteurs de Georges Rouault et La Vallée de la Creuse de Monet), qui symbolisent l’ouverture du musée vers l’art moderne. L’Ackerhof est, lui, voué à l’art du XXe siècle : on y admire des œuvres de Otto Dix, de Nicolas de Staël, Serge Poliakoff, Jean Dubuffet, Pierre Soulages ou encore l’immense tapisserie de Guernica réalisée par Jacqueline de La Baume à la demande de Picasso, et dont Colmar détient l’un des trois exemplaires au monde.

Billets, horaires...les informations pratiques pour préparer votre visite

Adresse : pl. Unterlinden, Colmar.
Entrée payante
Horaires : tous les jours sauf le mardi de 9h à 18h
Pour en savoir plus, consultez le site internet officiel du musée Unterlinden.

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