Palazzo Te

C’est ici que Frédéric II de Gonzague retrouvait sa maîtresse Isabella Boschetti pour ses escapades galantes. La décoration cultive le thème de la séduction, avec des fresques saisissantes, des motifs ludiques et des symboles codifiés. Ce palais des plaisirs de style Renaissance est l’œuvre maîtresse du célèbre architecte Giulio Romano, dont les somptueuses compositions maniéristes se déploient ici avec des trésors d’imagination.

Romano, qui était l’étudiant le plus doué de Raphaël et avait échappé à une peine de prison à Rome pour avoir réalisé des gravures pornographiques, était le candidat idéal pour cette commande. Utilisant la technique du trompe-l’œil, il s’écarta du classicisme froid des années antérieures et privilégia des perspectives distordues, des couleurs pastel et des symboles ésotériques.

La deuxième salle, la Camera delle Imprese (chambre des Emblèmes) renferme une forte symbolique : la salamandre, qui représente Frédéric, les quatre aigles des Gonzague et le mont Olympe, symbole de Charles Quint, empereur du Saint-Empire romain, qui conféra leurs titres aux Gonzague et au nom duquel ils dirigèrent Mantoue. Derrière les emblèmes de la Renaissance se cachaient des messages, des devises et des vertus, afin que les visiteurs du palais puissent “lire” les alliances et comprendre les subtilités du pouvoir politique. Ainsi, la devise de Frédéric, “Quod huic deest, me torquet” (“Ce qui lui manque me tourmente”), renvoie-t-elle au caractère passionné de duc comparé à son emblème, la salamandre au sang froid.

La narration symbolique est à son paroxysme dans la Camera dei Giganti (chambre des Géants), une pièce surmontée d’une coupole où chaque centimètre carré est couvert de fresques représentant des géants rebelles (des sujets déloyaux) gravissant le mont Olympe (symbole de Charles Quint) avant d’être balayés par la foudre de Jupiter (Charles Quint). L’ensemble est impressionnant. Debout au milieu de la salle, le visiteur est à la fois spectateur et acteur, puisqu’il se sent scruté par les regards inquiets des dieux olympiens.