Partant de Qafä e Pazarit, la rue de la Citadelle (Rruga e Kalaje) conduit au pied des remparts, qu’il suffit de longer pour repérer l’entrée. Une forteresse maintes fois remaniée au fil du temps s’élève ici depuis le VIIIe siècle av. J.-C. Son apparence actuelle, due à Ali Pacha de Tepelenë, remonte à 1811.

Le vaste intérieur comprend de nombreux bâtiments et espaces en plein air. La visite débute juste à droite de l’entrée par une longue galerie remplie de pièces d’artillerie de la Seconde Guerre mondiale. Les amateurs du genre admireront, tout au bout, un rare char d’assaut Fiat L6/40 de l’armée italienne.

La galerie mène au musée de la Citadelle, qui fait l’objet d’un billet à part. Le musée de Gjirokastër, au rez-de-chaussée, retrace l’histoire de la ville de la préhistoire à nos jours. L’exposition de grande ampleur, accompagnée de panneaux didactiques, couvre des aspects aussi divers que la géologie de la vallée, l’épopée d’Ali Pacha de Tepelenë, la vie dans les maisons traditionnelles et les bouleversements de la période communiste. Elle inclut par ailleurs des tableaux de style réaliste socialiste. La découverte se poursuit avec les prisons de sinistre mémoire, partiellement occupées par l’importante collection du musée des Armes. Bâties en 1929 pour incarcérer les ennemis du roi Zog Ier, elles furent utilisées ensuite par la Wehrmacht (500 détenus y partageaient 50 cellules en 1944), puis le régime d’Enver Hoxha jusqu’en 1968. Les inscriptions et graffitis sur les murs accentuent encore l’atmosphère d’angoisse qui imprègne les lieux.

À la sortie des musées, avant le rempart extérieur, des aires à ciel ouvert donnent à voir un avion de chasse de la dernière guerre des Balkans (le panneau explicatif vous en dira davantage) et une jolie perspective sur les toits du bourg. Au-delà de la grande place d’armes se tiennent la porte de Gjirokastër antérieure à la conquête ottomane, du temps où l’enceinte fortifiée renfermait l’essentiel des habitations, et les édifices les plus tournés vers la vallée. En regardant l’ample panorama qui embrasse l’horizon, on comprend mieux la position stratégique de la citadelle et la nature rebelle de la ville. Les restes d’un vieil aqueduc – aujourd’hui appelé pont de Manalat – se détachent en toile de fond.

Des panneaux intéressants abordent la vie à l’intérieur de la citadelle, des légendes et des épisodes historiques. Les portes d’accès, dont le pavage a été conçu pour éviter aux chevaux de glisser, et la tour de l’Horloge, ajoutée au XIXe siècle par Ali Pacha de Tepelenë, retiennent particulièrement l’attention.

Retournez sur vos pas et traversez de nouveau la galerie pour gagner sa partie haute. En parcourant une dizaine de mètres, vous tomberez à gauche sur l’entrée d’un jardin abritant le turbe (tombeau) de deux baba (saints) bektachis qui vécurent à Gjirokastër aux XVIe et XVIIe siècles.

Kalaja ; 084 26 90 01 ; www.gjirokastra.org ; Rruga Evlia Celebi ; 9h-18h ; 9h-18h
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