Île de la Réunion

Réunion : culture et traditions

Creuset ethnique mais aussi religieux, cette population patchwork, métissée, issue d’au moins trois continents, donne l’image d’une tolérance exceptionnelle. Peut-on rêver plus bel exemple de cohabitation pacifique dans un monde si souvent tenté par le repli communautaire sous d’autres cieux ? À La Réunion, racisme et xénophobie n’ont aucun sens. Tout le monde vient d’ailleurs, être sang-mêlé est la règle. Pour le visiteur, cet esprit de tolérance, palpable, est un réel agrément. Plusieurs raisons permettent d’expliquer cette harmonie. En premier lieu, le fait que l’île était déserte avant l’arrivée des navires de la Compagnie des Indes. Aucun de ses habitants ne peut donc réellement revendiquer être “plus réunionnais” qu’un autre.À La Réunion, par ailleurs, le “Blanc” n’est pas automatiquement associé à la sombre mémoire de l’esclavage, comme c’est souvent le cas dans les îles des Antilles. L’existence des “Petits Blancs”, descendants des premiers colons européens aux revenus modestes, généralement agriculteurs dans les Hauts, a certainement une part dans cette distinction. La réussite sociale, enfin, n’a pas été limitée aux membres d’une seule communauté : de nombreux Réunionnais d’origine chinoise et Indiens z’arabes s’illustrent avec succès dans le commerce insulaire. Tout cela a-t-il créé un monde idyllique ? N’allons pas trop loin. Certains affirment en effet que l’harmonie du melting-pot réunionnais repose sur un équilibre qui tient tant que chacun “reste à sa place”. Historiquement, et même si les choses évoluent, nombre de Chinois et d’Indiens sont avant tout commerçants, les Réunionnais d’origine africaine (les Cafres) fournissent la majeure partie de la main-d’oeuvre ouvrière et agricole, et les grandes industries de la côte, notamment les sucreries, sont gérées par ceux que l’on appelle localement les “Gros Blancs”.Si la société réunionnaise vit dans l’harmonie, il existe ainsi des rancoeurs, qui s’expriment ici et là. Certains se rappellent par exemple des “zoreils dehors !” lancés aux métropolitains lors des émeutes de 1991 (qui étaient plus dirigés contre la politique de la métropole que contre les métropolitains eux-mêmes). La société réunionnaise est néanmoins digne d’être citée en exemple. D’autant plus que l’harmonie des relations entre les diverses communautés s’illustre en premier lieu sur un point qui crée nombre de frictions sous d’autres cieux : la religion. À La Réunion, les minarets des mosquées côtoient les clochers, et les temples tamouls et chinois sont au coude à coude…

Langue

Si le français est la langue officielle, le créole réunionnais est très communément parlé. Ce savoureux parler mêle au français des influences hindi, arabe ou malgache. Vous entendrez sans doute souvent:

Maintenant : AsterLa nuit : Fait noirEnfant : MarmailleMoi : MoinToi/vous : OuArbre : Pied de bois Eux : ZotMétropolitain : ZoreilExclamation courante: Oté!

Nourriture

Les gourmets découvriront dans la savoureuse cuisine créole des emprunts aux traditions culinaires française, indienne, chinoise et créole. Un apéritif, par exemple, verra souvent des samoussas (petits pâtés farcis frits, d'origine indienne) côtoyer des bouchons (bouchées de porc cuites à la vapeur à la mode chinoise).

Le plat traditionnel est le cari, ragoût parfumé dans la composition duquel entrent des tomates, des oignons, de l'ail, du gingembre et des épices. Poulet, canard ou encore poisson peuvent être cuisinés dans ce fond de sauce. Les caris sont invariablement accompagnés de riz blanc, de grains (haricots, fèves ou lentilles) et de rougail, un condiment épicé parfumé à la tomate, au citron, à la pistache. Ce pilier de la cuisine réunionnaise qu'est le rougail saucisses est cependant une exception à la règle: il ne s'agit en aucun cas d'un condiment mais d'un cari de saucisses fumées. Il en va de même du rougail boucané, qui désigne un cari de viande de porc fumée. Le cabri massalé (un mélange d'épices indiennes) est également au nombre des bonnes surprises de la cuisine réunionnaise.

Véritables institutions, les rhums arrangés sont obtenus en faisant macérer divers ingrédients dans du rhum blanc bon marché: herbes aromatiques, vanille, ananas, litchis, gingembre. Pratiquement chaque Réunionnais semble avoir sa propre recette. Les rhums arrangés peuvent être servis à l'apéritif ou comme digestif.

Religion

La foi catholique imprègne profondément l'atmosphère de l'île, où des chapelles sont partout visibles. Les hindous et musulmans pratiquent également leur culte et de nombreuses villes voient se côtoyer une église, un temple tamoul et le minaret d'une mosquée. Dans les faits, nombre d'hindous participent également aux rites catholiques. La communauté sino-réunionnaise est très discrète dans ses pratiques religieuses.

Le culte de Saint Expédit, enfin, mérite quelques lignes. Selon certaines sources, son origine remonterait à l'envoi sur l'île d'une relique expédiée par le Vatican. Le mot expédit (pour expéditeur) porté sur la caisse aurait donné son nom à ce culte qui s'apparenterait au vaudou. Badigeonnés d'un rouge vif évoquant le sang, les nombreux temples dédiés à Saint Expédit seraient en fait utilisés pour jeter des mauvais sorts.

C'est la communauté hindou qui donne à l'île – au travers de ses rites religieux traditionnels – ses coutumes les plus marquantes. Au cours du cavadee, les participants se percent les joues avec des épingles d'argent. Plus spectaculaire encore, le teemeedee les voit marcher sur des braises incandescentes répandues sur le sol.

Arts

La Réunion présente un intéressant mélange de culture française au goût créole, ou de culture créole au goût français. Côté danse, le séga réunionnais diffère des versions seychelloises, mauriciennes ou malgaches par ses apports occidentaux. Côté théâtre, les troupes du Théâtre Vollard ou du Théâtre Talipot greffent des formes théâtrales occidentales sur la tradition créole.

Les villas créoles sont l'élément le plus distinctif de l'architecture insulaire. Elles se caractérisent par leurs varangues (vérandas ouvertes) et les lambrequins (frises en bois sculptées et ajourées) qui ornent leurs toits, fenêtres et avancées.

La peinture et la gravure sont peu représentées sur l'île.

Voir aussi

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