Avec la mise en valeur des Antiquités nationales au XIXe siècle, sous l’impulsion de Prosper Mérimée, et l’influence de l’art romantique, les artistes se cherchent des racines ailleurs que dans l’Antiquité. La Bretagne, empreinte de mystère avec ses légendes et sa ferveur religieuse, alliées à une architecture gothique remise au goût du jour, à ses sites mégalithiques et à ses paysages littoraux, est propice aux aspirations des créateurs.
Architecture
Mégalithes
La Bretagne abrite l’un des plus importants ensembles mégalithiques du monde. Ce sont des constructions de grande taille réalisées à partir de blocs de pierre brute simplement assemblés et dotés d’une fonction symbolique. Ils ont été érigés au néolithique, entre 5000 et 2000 av. J.-C., sans doute par des agriculteurs sédentaires. Les menhirs (“pierre longue” en breton) sont de gros blocs de pierre fichés dans le sol, dressés vers le ciel, oblongs ou en forme de dalle, parfois décorés. Le plus grand menhir de Bretagne actuellement debout, le menhir de Kerloas dans le Finistère, mesure 9,50 m de haut ; le Grand Menhir de Locmariaquer (p. XXX), aujourd’hui brisé, devaitmesurer 20 m. Les plus imposants pèsent 350 tonnes. Quant à leur signification, quelques hypothèses sont avancées par les spécialistes : culte de la fécondité lié à leur symbolique phallique, représentation d’une divinité, lieu de cérémonie ou délimitation territoriale. Certains estiment qu’ils obéissaient à une fonction cosmique, liée au culte du soleil, ou qu’ils définissaient un système de calendrier.
Architecture religieuse
Art roman
La Bretagne n’est pas une terre de référence pour l’architecture romane, mais offre néanmoins de beaux édifices exposant les éléments les plus caractéristiques de cet art. Parmi les constructions de grande ampleur, on distinguera la tour carrée de Saint-Sauveur de Redon, l’abbatiale Saint-Gildas-de-Rhuys, l’église SaintSauveur de Dinan, la tour d’Hastings à Tréguier, l’abbaye Sainte-Croix de Quimperlé et les vestiges du cloître de celle de Daoulas.
Gothique et dentelles de pierre
Avec l’arrivée du gothique, les églises se transforment. Remplaçant le plein cintre, la croisée d’ogives offre plus de résistance et permet aux édifices de s’élancer en hauteur. Sous influences normande et anglaise, le premier gothique breton donne naissance à la cathédrale de Dol ou à la nef de celle de Saint-Pol-de-Léon. Les façades sont sobres, mais l’édifice est prolongé de tours-clochers surmontées de flèches qui accentuent l’effet de verticalité.Les XVe et XVI e siècles constituent un âge d’or pour la Bretagne : les paroisses s’enrichissent et rivalisent pour afficher leur foi. Le gothique se fait flamboyant (les formes décoratives, ondoyantes, rappellent des flammes). Les édifices, notamment les porches, se parent d’un riche décor, véritable dentelle de pierre. La statuaire se déploie grâce au recours à la kersantite, pierre plus facile à travailler que le granit.
Architecture rurale et meubles bretons
L’habitat breton varie selon les régions. La partie orientale de la Bretagne privilégie les longères réalisées en grès ou en schiste ; l’Ouest offre des habitations réalisées en granit, plus ramassées, moins exposées au vent. La pierre est la plupart du temps apparente, mais en bord de mer les murs sont enduits à la chaux, ne laissant nus que le tour des fenêtres et les pierres d’angle.
Peinture
L’école de Pont-Aven et les impressionnistes
C’est bien entendu Pont-Aven, petite localité du Finistère sud, qui vient à l’esprit lorsque l’on évoque la présence des peintres en Bretagne. Au XIXe siècle, cette région, à l’écart du développement industriel et qui reste repliée sur ses traditions, a attiré nombre d’artistes en quête d’authenticité, parmi lesquels des impressionnistes. Venus se confronter à de nouveaux paysages, à la lumière et à ses effets changeants, ainsi qu’à l’infinité des couleurs de la Bretagne, ils s’installèrent au Faoüet, à Locronan, à Douarnenez, à Quimperlé ou à Concarneau.
Les peintres de l’histoire et du quotidien
Le sentiment breton dans la peinture s’exprime d’abord dans le respect des thèmes classiques (histoire et religion). Ainsi, légendes bretonnes et sujets “gaulois” font leur apparition.
La Bretagne, terre d’écrivains
Chateaubriand et les grandes voix du XIXe siècle L’écrivain romantique François-René de Chateaubriand (1768-1848) est incontestablement le plus illustre talent de la littérature bretonne. Dans Mémoires d’outre-tombe, l’auteur évoque son enfance passée au château de Combourg. Félicité de Lamennais (1782-1854), originaire de Saint-Malo, entré dans les ordres, s’est fait connaître par ses thèses prônant la subordination du pouvoir temporel au pouvoir spirituel, développées notamment dans De la religion considérée dans ses rapports avec l’ordre politique et social.
Le renouveau celtique
Longtemps considérée avec dédain, la culture bretonne connaît, à partir de la seconde moitié du XIXe siècle, un regain d’intérêt – ou plutôt une révélation – et la “bretonnité” devient peu à peu une fierté revendiquée. Ce phénomène s’inscrit dans le mouvement plus vaste, et plus ancien, de redécouverte et de revendication de l’héritage celte, en Irlande, en Écosse, au pays de Galles et même aux États-Unis.La grande vague de transformation qui gagna la Bretagne au sortir de la Seconde Guerre mondiale sonna le réveil de ce patriotisme breton, entraînant une véritable effervescence culturelle. Cette affirmation identitaire, soutenue certes par des groupes régionalistes, autonomistes, très minoritaires, ne rime pas avec un quelconque passéisme. Toutes ses manifestations affichent d’ailleurs une vitalité et un caractère festif très communicatifs.
La cuisine bretonne
Terre de saveurs iodées par excellence et pays de cocagne, la région ravira les fins palais ou, tout simplement, les amateurs de produits ultrafrais. Ceux qui font attention à leur ligne consommeront à l’envi coquillages, crustacés et poissons, aliments qui possèdent des qualités nutritionnelles remarquables !
Fruits de mer
La région est une véritable corne d’abondance en matière de fruits de mer : moules, huîtres, bigorneaux, bulots, amandes, praires, palourdes, coquilles Saint-Jacques, crevettes (roses et grises), étrilles, cigales de mer, araignées de mer, tourteaux, langoustines et, bien sûr, le fameux homard breton !
Fruits et légumes
La Bretagne est l’une des premières régions agricoles françaises et fournit environ 20% des produits bio vendus en France. Les parcelles maraîchères viennent parfois mordre le littoral, comme dans le Haut-Léon. L’artichaut camus, l’oignon rosé de Roscoff (AOC en 2009), les carottes nantaises, les endives de Kerlouan, le coco de Paimpol (haricot demi-sec, AOC 1998), les choux-fleurs, les pommes de terre, les petits pois ne forment qu’un aperçu de la diversité des productions.
Beurre salé
Le beurre salé, que l’on ne consomme avec autant d’engouement dans aucune autre région, trouve son origine dans les arcanes administratives de l’Ancien Régime. La Bretagne n’était pas, alors, soumise à l’impôt sur le sel, la gabelle, et pouvait donc user et abuser de ce précieux “or blanc”, qu’elle produisait par ailleurs, à Guérande notamment,et qui servait à conserver les aliments – en particulier le beurre. De nombreuses spécialités sucrées sont estampillées “pur beurre” en Bretagne.
Crêpes et galettes
Symboles bretons, les crêpes et les galettes furent consommées dès le XIVe siècle. La crêpe est préparée à base de froment, la galette à partir de sarrasin (ou blé noir). Sachez que certains Bretons appellent galettes les crêpes, qu’elles soient au froment ou au sarrasin ! Les crêpes sont associées aux garnitures sucrées, les galettes aux salées. Le sarrasin a été introduit au retour des croisades.
Pâtisseries, biscuits et friandises
On trouve sur la table du petit-déjeuner des crêpes, mais aussi du quatre-quarts, un gâteau simple et rapide à faire (les quatre ingrédients, œufs, sucre, beurre et farine, sont présents en quantités égales en poids). Même s’il n’est pas breton à l’origine, il est ici confectionné avec du bon beurre artisanal ; c’est donc en Bretagne qu’il est le meilleur ! Le gochtial, autre mets du matin, est un succulent pain brioché à la mie dense et moelleuse que l’on vend nature, avec des raisins secs ou avec des pépites de chocolat, surtout consommé à Vannes et dans la presqu’île de Rhuys. Le pastechou du Léon est un pain doux avec des pruneaux, moins sucré que la brioche. Le kouign-amann (littéralement gâteau au beurre), originaire de Douarnenez, est un gâteau particulièrement reconstituant, composé de beurre, de farine de froment et de sucre. Ce péché mignon, à la croûte bien dorée et caramélisée, se déguste tiède.
Voir aussi
Le catalogue des éditions Lonely Planet
L’évasion commence ici, découvrez nos guides et livres de voyage.