Albanie

Albanie : environnement, nature et animaux

Situé sur la côte orientale de la péninsule balkanique, l’Albanie réserve d’agréables surprises à ceux qui aiment la nature et souhaitent observer faune et flore sauvages. Chaque saison de l’année offre d’excellentes occasions de découvrir des milieux riches en biodiversité et des espèces fascinantes. Le printemps est idéal pour se perdre à travers les paysages multicolores et parfumés du maquis, constellés de fleurs et de papillons. Plus tard dans la saison, les montagnes déploient leur belle végétation alpine et leurs forêts sauvages. Les lacs et le bord de mer sont un terrain d’exploration inépuisable aux beaux jours d’été, tandis qu’à l’automne et en hiver l’avifaune migratrice qui trouve refuge dans les lagunes côtières promet aux passionnés d’ornithologie de splendides rencontres.

Géographie

L’Albanie a beau être un petit pays, sa biodiversité a de quoi combler les voyageurs passionnés de nature. Sur moins de 0,5% du territoire européen, elle concentre près de 30% de la faune et de la flore de l’ensemble de notre continent, avec de nombreuses espèces extrêmement rares qu’on ne rencontre que sur son territoire, et dont l’habitat est circonscrit à l’intérieur des frontières du pays.

C’est à la fois dans un passé lointain et dans le présent que résident les causes de cette richesse biologique. Il y a des milliers d’années, lors des glaciations, l’Albanie a constitué le refuge d’un grand nombre d’espèces végétales et animales poussées vers le sud par la calotte glaciaire qui recouvrait une grande partie de l’Europe. Au terme des périodes glaciaires, beaucoup d’entre elles sont restées confinées dans les chaînes montagneuses, où l’on peut les observer aujourd’hui encore, grâce à la faible anthropisation de certaines zones de l’arrière-pays.

Environ 70% du territoire est recouvert de montagnes, dont l’altitude moyenne dépasse les 700 m. Quant aux bords de mer, ils sont caractérisés par un climat méditerranéen doux et s’étirent sur près de 400 km. L’Albanie possède donc une grande diversité d’habitat, avec des transitions qui, en l’espace de quelques kilomètres, mènent des récifs jusqu’aux sommets alpins, en passant par des forêts de feuillus et de conifères. Chacun de ces milieux abrite une faune et une flore caractéristiques.

L’automne et le printemps sont pluvieux, et les neiges abondantes qui tombent en montagne alimentent les rivières, les lacs et les zones humides. La lagune de Karavasta, dans le parc national de Divjakë-Karavasta, les lacs de Shkodra et de Prespa sont réputés dans le monde entier pour être les sites de nidification et d’hivernage d’une avifaune hors du commun. Mais le véritable joyau, c’est le lac d’Ohrid, à la frontière entre l’Albanie et la Macédoine du Nord. Selon les scientifiques, ce lac très profond, vieux d’environ 1,5 million d’années, abrite une communauté biologique incroyablement riche, qui comprend au moins 300 espèces endémiques d’algues, de mollusques, de crustacés et de poissons.

La biodiversité de l’Albanie n’est encore que partiellement connue, car l’exploration scientifique s’est quasi interrompue dans la seconde moitié du XXe siècle, quand la dictature communiste d’Enver Hoxha a coupé le pays du reste du monde. Heureusement, les connaissances s’accumulent à nouveau à grande vitesse et les revues scientifiques font constamment état de découvertes.

La nature en Albanie

La flore

Selon les plus récentes estimations, la flore regroupe environ 3400 variétés, un chiffre destiné à s’accroître au rythme de la progression des recherches, puisque de nouvelles espèces de plantes sont régulièrement découvertes. La flore albanaise compte de nombreuses raretés, souvent limitées à des espaces restreints, voire aux seules pentes de certaines montagnes. Environ 5% de la flore albanaise est endémique ou sous-endémique, c’est-à-dire qu’elle est entièrement – ou presque entièrement – confinée à l’intérieur des frontières du pays. C’est le cas de la Scilla albanica, aux fleurs d’un bleu intense, identifiée en 1930 par le botaniste italien P. L. Giuseppi. On avait perdu sa trace pendant près de 80 ans à cause d’une erreur dans les notes de Giuseppi, mais en 2008 elle a finalement été retrouvée dans les montagnes au sud-est de la ville de Shkodra. La tulipe d’Albanie, décrite en 2010, est encore plus rare avec ses spectaculaires fleurs jaune et rouge. Selon l’Union internationale pour la conservation de la nature, il n’en existerait pas plus de 300 spécimens, circonscrits à deux petites zones du nord-est du pays, près de Kukës, où ils sont menacés par la création d’un réservoir artificiel et par le pâturage de bovins et d’ovins.

Car le pastoralisme est très répandu, et des milliers d’années de pâturage intense ont façonné un paysage essentiellement ouvert, dont les prés, les buissons et les arbustes sont les principaux composants. Selon Global Forest Watch, les forêts couvrent environ 17% du territoire albanais, mais elles ne sont pas toutes en bon état : la déforestation illégale a causé la perte d’environ 30000 ha entre 2001 et 2017.

L’altitude conditionne fortement la végétation. Le maquis méditerranéen, qui prédomine le long des côtes, déploie au printemps les couleurs de centaines d’espèces différentes, dont cistes, bruyères, genêts et orchidées sauvages. Ailleurs, par exemple dans le parc national de Divjakë-Karavasta, des forêts côtières composées d’imposants pins d’Alep et de pins parasols ont été en partie préservées.

Aux altitudes intermédiaires, jusqu’à 1000 m environ, la végétation d’origine, composée de forêts de chênes, de charmes et de châtaigniers, a été largement remplacée par l’agriculture et les pâturages. Toutefois, de vastes chênaies ont été conservées à certains endroits, notamment dans le parc national du Mont Dajti, près de Tirana. Plus haut, là où la pluie est plus fréquente, comme dans le parc national de la vallée de Theth, on trouve des hêtraies. Dans les zones montagneuses moins pluvieuses, telles que le parc national de Llogara, dans le sud du pays, la forêt de conifères est plantée d’arbres majestueux et rares, à l’image du sapin de Bulgarie et du pin de Bosnie. Au-dessus de 1 500 m et jusqu’à la limite supérieure de végétation arborée (soit à une altitude d’environ 2000 m), c’est le règne des pins noirs, pins mugo et genévriers mêlés à de vastes prairies alpines qui produisent des floraisons spectaculaires au printemps.

La faune

On compte plus de 80 espèces de mammifères terrestres et marins, mais certains groupes, comme les rongeurs et les chauves-souris, ont été peu étudiés. Il est donc certain que ce chiffre augmentera avec les nouveaux programmes de recherches. Trois grands prédateurs habitent les montagnes d’Albanie orientale, mais ils sont méfiants et difficiles à observer : la population d’ours est estimée à 150-250 individus, celle des loups à 200-300, tandis qu’il ne resterait qu’une quarantaine de lynx entre l’Albanie et la Macédoine. La loutre, peu fréquente en Europe, est assez commune dans les rivières albanaises, signe de la grande qualité des eaux du pays. Sangliers et chevreuils sont répandus, tandis que les chamois surgissent dans certaines zones montagneuses protégées, comme dans les vallées de Theth et Valbonë. Le long de la côte albanaise, on aperçoit parfois le rare phoque moine.

Selon les données les plus récentes, plus de 350 espèces d’oiseaux sédentaires, migrateurs ou hivernants ont été observées en Albanie. L’organisation BirdLife International a identifié 16 “zones importantes pour la conservation des oiseaux” (ZICO) qui occupent environ 5% du territoire. Les ZICO les plus riches en avifaune sont sans aucun doute les lagunes côtières de Velipojë et Karavasta et les lacs de Shkodra et Prespa, respectivement partagés entre l’Albanie et le Monténégro pour le premier, l’Albanie, la Macédoine du Nord et la Grèce pour le second. Bien que ces sites offrent toute l’année d’excellentes opportunités d’observation ornithologique, l’hiver reste le moment le plus propice, quand ils se remplissent de milliers et de milliers de canards, foulques, grèbes et autres oiseaux aquatiques. Quant au cormoran pygmée, il fréquente les lacs d’Albanie en toute saison. Enfin, la lagune de Karavasta est réputée à travers le monde pour la présence d’une colonie nidifiante du gigantesque pélican frisé, dont l’envergure dépasse les 3 m. Aux lacs de Prespa vous découvrirez à la fois le pélican frisé et le pélican blanc, légèrement plus petit.

Environ 40 espèces de reptiles sont dénombrées, dont trois de tortues terrestres. La plus fréquente est la tortue d’Hermann, répandue dans tout le pays, tandis que la tortue grecque et la tortue bordée se limitent à des petites zones à la frontière avec la Grèce et la Macédoine du Nord. Dans les lacs et les rivières, on remarque souvent la couleuvre tessellée, un serpent totalement inoffensif, par ailleurs excellent nageur. En Albanie, il existe quatre espèces de vipères, la plus commune étant la vipère à cornes, dont la morsure, bien que peu fréquente, relève des urgences médicales. Enfin, 16 espèces d’amphibiens complètent le tableau, dont la rare salamandre noire, qui habite les montagnes du Nord. Cas unique parmi ses congénères, cette espèce typique des hautes altitudes ne pond pas d’œufs : elle met bas une fois par an, donnant naissance à deux petits seulement, déjà métamorphosés et identiques aux adultes.

Quant aux poissons, l’Albanie présente plus de 300 espèces marines, et au moins 80 espèces indigènes d’eau douce. Deux espèces endémiques de truites vivent dans le lac d’Ohrid : le Salmo ohridanus et la truite d’Ohrid (Salmo letnica). Toutes deux sont menacées par l’altération de leur habitat et la surpêche.

Selon le Plan national pour la biodiversité, environ 4000 espèces d’insectes sont signalées en Albanie, mais le chiffre réel est nettement plus élevé et de nouvelles espèces sont fréquemment signalées. C’est le cas de la sauterelle Peripodisma ceraunii, découverte en 2015 sur le mont Maja i Korrës, et du coléoptère Sciaphobus angustus, récemment remarqué dans le parc national de Llogara. Aux mois de mai et juin, les papillons diurnes sont spectaculaires. L’Albanie compte près de 200 des 500 espèces européennes. Sans aucun doute, c’est dans les montagnes à la fin du printemps et au début de l’été que vous en verrez le plus grand nombre. Mais la nymphale de l’arbousier, un grand papillon aux couleurs orange et marron, évolue plutôt à faible altitude, dans les milieux méditerranéens.

La protection de la biodiversité en Albanie

Par rapport au reste de l’Europe, l’Albanie a une densité de population plutôt faible et une économie encore basée sur les activités traditionnelles. Ces facteurs signifient que l’impact de l’anthropisation est encore relativement limité. Selon Global Footprint Network, l’empreinte écologique par habitant de l’Albanie est une des plus faibles (deuxième place) de tous les pays européens. Malheureusement, cette situation est en train de se détériorer à grande vitesse. Ces dernières années, l’Albanie est entrée dans une phase de développement économique rapide qui a inévitablement des répercussions sur l’environnement.

La pollution, principalement due aux eaux usées non traitées, menace la riche biodiversité des lacs d’Ohrid, de Shkodra et de Prespa, ainsi que de certaines des principales rivières du pays. Sans doute plus inquiétant, les habitats naturels subissent une destruction accrue en raison de l’expansion des infrastructures et de l’agriculture, notamment dans les plaines. Les lagunes côtières, vitales pour les oiseaux, ont été drastiquement réduites par le défrichement et l’élargissement des zones d’habitation, d’autant que les forêts font souvent l’objet de déboisements illégaux. Enfin, la question des déchets devient de plus en plus problématique. En clair, le tri sélectif est inexistant en Albanie, et les ordures sont souvent abandonnées ici ou là, parfois au beau milieu de zones protégées.

La Liste rouge de l’UICN fait état de 138 espèces végétales et animales menacées en Albanie. Certaines, autrefois communes, ont connu une diminution radicale. Par exemple, la population d’aigles royaux a baissé de moitié au cours des deux dernières décennies, tandis que le percnoptère d’Égypte (un vautour au plumage blanc) se limite aujourd’hui à 14 couples dans le sud du pays.

Ces dernières années, le gouvernement albanais s’efforce d’améliorer les conditions environnementales en prenant des mesures qui, espérons-le, auront des effets positifs. Selon les données les plus récentes, la qualité des eaux marines est meilleure depuis 2014, même si, près des villes côtières, des progrès restent à faire.

En 2014, le pays a décidé d’interdire la chasse, moratoire qui a été reconduit en 2016, puis en 2022 pour cinq ans. Un geste courageux compte tenu des vives protestations des associations de chasseurs. Même si la législation n’est pas respectée partout, les résultats ne se sont pas fait attendre : selon les chiffres du monitorage, le moratoire a permis l’augmentation du nombre d’oiseaux aquatiques hivernant dans les lacs.

Depuis 2005, les aires protégées ont plus que triplé. Actuellement, l’Albanie préserve 17,7% de sa surface terrestre et 2,7% de ses eaux marines. Le réseau de territoires protégés comprend 17 parcs nationaux, où la sauvegarde de la nature et l’exploitation à but récréatif sont les deux priorités. En outre, plusieurs dizaines de réserves sont gérées à des fins plus spécifiques, comme la protection d’habitats particuliers ou la gestion durable d’activités humaines traditionnelles, telles que la pêche dans les lagunes côtières. Malheureusement, les ressources financières mises à disposition des aires protégées albanaises sont limitées et les infrastructures, plutôt lacunaires. La surveillance est souvent insuffisante, et les centres d’accueil ne fournissent pas toujours des informations adéquates aux visiteurs. De plus, plusieurs parcs voient des portions significatives de leur surface protégée servir à des projets de développement et d’infrastructures qui semblent n’avoir pas grand-chose de durable. Il y a donc encore une belle marge d’amélioration, et ceux qui voyagent en Albanie ne devraient pas négliger la visite de certaines de ses aires protégées afin de soutenir leur développement et de stimuler l’économie des populations locales.

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