La situation sécuritaire en Colombie
La signature, en 2016, d’un accord de paix entre le gouvernement colombien et les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), le plus grand groupe armé du pays, a marqué un grand pas vers la fin de la guerre civile qui sévit depuis longtemps dans le pays. Cependant, d’autres groupes armés, des organisations criminelles et des gangs locaux ont comblé le vide laissé par les FARC dans les régions reculées où l’État est absent. Des soldats dissidents des FARC opèrent dans certains secteurs et l’ELN (Armée de libération nationale) n’a pas encore déposé les armes. En juin 2023, un accord de cessez-le-feu de 6 mois a été signé entre l’ELN et l’État, sous l’impulsion de Gustavo Petro, premier président de gauche du pays et ex-guérillero.
Aujourd’hui, la plupart des voyageurs trouvent la Colombie globalement plus sûre que ses voisins les plus proches – un incroyable revirement de situation. Bien sûr, tous les problèmes ne sont pas résolus. La petite criminalité perdure, surtout dans les plus grandes villes. En outre, les guérilleros, les paramilitaires et les narcotrafiquants continuent de sévir dans de nombreux départements colombiens ; il est donc essentiel de planifier ses déplacements si l’on veut sortir des sentiers battus.
Les régions à éviter en Colombie
Selon l’Observatoire des situations de déplacement interne, les départements d’Arauca, de Cauca, du Valle del Cauca et du Putumayo font partie des zones à éviter. Dans l’Arauca, la violence et les déplacements sont le résultat d’une trêve rompue entre l’ELN et les FARC, engagés dans des combats armés. Des civils et des militants sociaux ont été pris entre deux feux.
Bogotá, Medellín, Cali, Carthagène et Barranquilla affichent le nombre de morts violentes le plus élevé, tandis que Leticia, Mitú, Mocoa, Puerto Carreño, San Andrés, Tunja et Yopal ont le taux le plus faible. Si les étrangers sont plutôt victimes d’agressions et de vols à l’arraché, 2023 marque une recrudescence d’attaques à main armée à Bogota, Palomino, Santa Marta, Medellín, Cartagena et Cali.
Les principaux dangers en Colombie
Découvrez les risques auxquels vous pouvez être confrontés en Colombie ainsi que les dangers liés à la consommation de drogues et de substances illicites.
Vols et attaques à main armée en Colombie
Les vols constituent le principal danger auquel sont confrontés les voyageurs. En général, le phénomène est plus problématique dans les grandes villes. La méthode la plus couramment utilisée est le vol à l’arraché des sacs, téléphones portables ou appareils photo. Attention également aux pickpockets et aux individus qui profiteront d’un instant d’inattention pour prendre vos affaires et partir en courant. Détourner l’attention de la victime fait souvent partie de la stratégie des voleurs. Ces derniers opèrent généralement en duo ou en groupe, souvent à moto: un ou plusieurs individus font diversion pendant qu’un complice effectue la besogne. Certains jouent la carte de la sympathie, d’autres se font passer pour des policiers et demandent à vérifier vos effets personnels. Dans les banques, soyez particulièrement prudent lorsque vous retirez de l’argent et méfiez-vous des escrocs qui se font passer pour des employés de banque et proposent leur aide –une tactique de vol classique.
Si possible, laissez votre argent et vos objets de valeur dans un endroit sûr avant d’aller vous balader dans les rues. Dans la pratique, le mieux est d’avoir sur vous une liasse de petits billets, que vous donnerez à votre assaillant en cas d’agression –si vous n’avez vraiment rien sur vous, les voleurs frustrés peuvent devenir encore plus agressifs. Dans les grandes villes, il y a parfois des attaques à main armée, même dans certains quartiers huppés. Si vous êtes abordé par des voleurs, il vaut mieux leur donner ce qu’ils cherchent, mais essayez de garder votre calme et ne leur remettez pas tous vos objets de valeur d’un coup – ils se satisferont peut-être de votre liasse de petites coupures. Ne tentez pas de fuir ou de lutter –vous avez peu de chance de leur échapper et des malheureux ont perdu la vie pour de la menue monnaie. Ne comptez pas sur l’aide des passants.
La drogue en Colombie
La cocaïne et la marijuana sont peu chères et il est très facile de s’en procurer dans les grandes villes de Colombie. Toutefois, acheter et consommer de la drogue est une très mauvaise idée. Beaucoup de Colombiens regardent d’un très mauvais œil le tourisme lié à la drogue, en particulier dans les petites localités. Il est important de noter que la plupart des Colombiens ne sont pas des usagers de substances illicites, et que beaucoup considèrent que le trafic de drogue avec l’étranger a provoqué des décennies de violents conflits. Ainsi, demander où se procurer de la drogue, ou en consommer ouvertement, pourrait vous attirer de graves ennuis (sachez aussi qu’il est illégal d’acheter, de vendre ou de consommer de la drogue, en quelque quantité que ce soit).
On vous proposera parfois de la drogue dans la rue, dans un bar ou en boîte de nuit : n’acceptez jamais. Il se peut que les vendeurs soient de mèche avec la police, ou que leurs complices vous suivent puis vous arrêtent, se faisant passer pour des policiers et vous menaçant de vous faire jeter en prison si vous refusez de leur donner de l’argent. Il est arrivé que de la drogue soit dissimulée dans les affaires de voyageurs, donc restez attentif. À l’aéroport, si un inconnu vous demande de prendre ses bagages à bord, refusez systématiquement.
Le commerce de la cocaïne en Colombie
Ce qui peut apparaître à certains comme une distraction inoffensive contribue à la violence et au chaos qui ravagent chaque jour les campagnes colombiennes. Des individus se battent et meurent pour obtenir le contrôle du commerce de la cocaïne. Acheter et consommer de la cocaïne est une façon de financer ce conflit. On estime qu’à elles seules, les Fuerzas Armadas Revolucionarias de Colombia (FARC) perçoivent 200 à 300 millions de dollars américains par an sur la production de cocaïne.
Plus encore, la production de cette drogue a des conséquences catastrophiques pour l’environnement. Le processus de fabrication requiert l’utilisation de produits chimiques comme le kérosène, l’acide sulfurique, l’acétone et le carbure, qui sont simplement déversés sur le sol ou dans les cours d’eau après usage. En outre, on estime que 500 à 3000 km² de forêt tropicale vierge sont rasés chaque année pour permettre la culture de la coca.
L’ayahuasca
L’ayahuasca, appelé yagé en Colombie, est un breuvage psychédélique sacré utilisé lors de cérémonies de purification spirituelle dans certaines cultures autochtones. Des touristes ont été blessés, sont tombés gravement malades, voire sont morts après en avoir consommé. Ces cérémonies, non réglementées, se déroulent souvent dans des régions isolées, sans accès aux autorités locales ou aux services d’urgence
La drogue des voleurs
En Colombie, environ 50 000 personnes sont victimes de vols chaque année après avoir été droguées à la scopolamine, aussi appelée burundanga ou “souffle du diable”. Utilisée par les voleurs pour provoquer la soumission de leur victime, elle peut être incorporée à n’importe quel aliment ou boisson, ou soufflée en poudre au visage. Les criminels sévissent dans les boîtes de nuit, les bars et les restaurants, et via les applications de rencontre. Le principal effet est la perte de discernement, même si la victime reste consciente. Le voleur peut alors lui demander de donner tous ses objets de valeur, ce qu’elle fera docilement. Pire, des cas de viol ont été rapportés.
La police en Colombie
L’armée colombienne est parfaitement digne de confiance et la police fédérale a bonne réputation, mais les policiers locaux ont une renommée un peu moins glorieuse. Ils sont mal payés et des incidents de corruption et de brutalité envers des touristes ont été rapportés. Conservez toujours une photocopie de votre passeport (avec votre tampon d’arrivée) sur vous, et ne transportez jamais quelque drogue que ce soit, dans la rue ou lors de vos déplacements.
Dans les secteurs concernés par le tourisme, la police touristique est de plus en plus présente, et beaucoup de ces policiers se débrouillent bien en anglais. Ils sont en uniforme et facilement identifiables à leur brassard “Policía de Turismo”. Au moindre souci, adressez-vous à eux dans la mesure du possible.
Si vous vous faites voler votre passeport, des objets de valeur ou d’autres biens, rendez-vous au poste de police et déposez une denuncia (plainte). L’officier de service rédigera un rapport, qui doit comporter le récit des événements et la liste des effets volés. Choisissez bien vos mots, n’omettez aucun objet ou document volé et relisez soigneusement le compte-rendu avant de signer. Votre exemplaire du rapport vous servira de pièce d’identité temporaire et vous devrez la présenter à votre assurance pour obtenir un dédommagement. Si vous avez affaire à la police, restez calme, soyez poli et utilisez la forme de vouvoiement “usted”. Et ouvrez bien les yeux en cas de fouille de vos affaires.
Les escroqueries avec des policiers en Colombie
Vous ne devez, en aucune circonstance, vous soumettre à un contrôle de votre passeport et de votre argent par des policiers en civil. Il se peut que des malfrats se faisant passer pour des policiers en civil vous abordent dans la rue, présentent une fausse pièce d’identité, et demandent à voir votre passeport et votre argent. L’escroquerie est classique : ces “policiers” prétendront que vos billets sont faux et les confisqueront (il existe une variante, avec les bijoux). Un vrai policier colombien ne vous demandera jamais une telle chose. Cherchez un policier en uniforme, ou interpellez un passant vous inspirant confiance pour avoir un témoin de la scène, et insistez pour téléphoner à un commissariat. Cela devrait inciter les faux policiers à s’éloigner discrètement.
Les escroqueries des taxis
Il est arrivé que des criminels sans scrupule utilisent de faux taxis pour commettre des escroqueries, des vols, des viols et des “enlèvements express”. À Bogotá, ne hélez jamais un taxi dans la rue. Demandez plutôt qu’on vous en appelle un dans un hôtel ou un restaurant. Dans les grandes villes, Uber, Cabify, Beat et d’autres applications du genre fonctionnent bien et offrent des garanties de sécurité.
Nos conseils pour voyager en toute sécurité en Colombie
La plupart des gouvernements possèdent des sites Internet qui recensent les dangers possibles et les régions à éviter. Consultez notamment le site officiel du Ministère des Affaires étrangères français avant de partir.
“NO DAR PAPAYA”
Cette expression colombienne, littéralement “ne pas donner de papaye”, signifie “ne pas donner à quelqu’un l’occasion de profiter de vous”, comme un rappel qu’il faut toujours faire preuve de bon sens. Essayez de ne pas vous faire remarquer, n’exhibez pas votre argent, votre Smartphone ou autres objets de valeur, et ne vous promenez pas seul·e la nuit.
Voyager en solo
Prenez les mêmes précautions qu’ailleurs. Renseignez-vous avant d’arriver, ne vous promenez pas seul·e dans des coins louches, commandez vos taxis via une application ou demandez à un hôtel, un restaurant ou un bar d’en appeler un pour vous, et donnez régulièrement des nouvelles à vos proches.
Les règles à respecter
- Évitez de vous rendre dans des quartiers louches en ville, soyez particulièrement vigilant après la tombée de la nuit.
- Évitez de vous écarter des sentiers battus, surtout si vous n’avez pas vérifié les conditions de sécurité sur le terrain.
- Soyez prudent lorsque vous utilisez un DAB après la tombée de la nuit ; ne retirez pas d’argent dans une rue déserte.
- Gardez sur vous une liasse de petites coupures enroulées, facilement accessible, en cas d’agression.
- Ne vous impliquez dans aucune histoire de drogue.
- Méfiez-vous des cigarettes ou des boissons offertes par des étrangers ou de nouveaux “amis”.
- Prenez garde aux escrocs se faisant passer pour des policiers en civil.
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