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Publié le 13/11/2019 5 minutes de lecture
Phobie répandue, la peur de l’avion peut transformer un voyage en une incroyable source de stress. Elle empêche même certains de se lancer pleinement dans l’aventure de leurs rêves. Trois initiés nous livrent leurs conseils pour gérer l’angoisse avant et pendant le vol.
L’avis du psychologue
Les Posen est psychologue clinicien à Melbourne. Son intérêt pour l’aviation l’a conduit à se spécialiser dans un domaine passionnant: depuis 25ans, il travaille avec des patients de tous horizons qui appréhendent de prendre l’avion, des adolescents aux PDG.“L’angoisse des passagers s’explique de deux façons: ils surestiment le danger, au sens physique ou psychologique, et sous-estiment leur capacité à affronter la situation”,explique Posen. D’après son expérience, la peur de l’avion se développe souvent chez deux catégories de gens. “C’est un trouble qui se manifeste fréquemment chez les femmes de 32 à 38ans avec enfants. Tout à coup, leurs angoisses ne sont plus une affaire purement individuelle. Il y a d’autres personnes en jeu, et ces personnes dépendent d’elles. Il arrive aussi que cette peur se développe chez des individus qui, une grande partie de leur vie, se sont trop fié à leur intellect au détriment de leurs émotions et ne savent pas reconnaître les signes d’angoisse.”Selon Posen, quelle que soit la cause sous-jacente de la phobie, le point de départ pour apprendre àla gérer est le même. “À mon avis, il faut commencer par la biologie de l’angoisse, repérer comment elle affecte le corps. Les manifestations physiques, comme l’accélération du rythme cardiaque et la transpiration, sont des indicateurs-clés.”Alors, que faire quand on présente de tels symptômes? “L’objectif est de maîtriser sa réaction de peur. N’essayez pas de retrouver votre calme: le calme n’est que le résultat, pas l’objectif, affirme-t-il. Retrouver son calme, c’est agréable, mais ce n’est pas le comportement-cible. L’objectif, c’est d’être capable de gérer ce qui nous tombe dessus, en toutes circonstances”.Posen estime que vouloir à tout prix être calme est un objectif trop ambitieux. “Les gens se disent souvent Je suis calme quand je maîtrise la situation, alors que dans l’avion, il y a justement beaucoup de choses qu’on ne maîtrise pas. Au lieu de chercher à être calme, mieux vaut chercher à se concentrer. On peut y parvenir simplement en employant des techniques de respiration. La respiration consciente induit un état de concentration qui permet de réaliser des activités soigneusement planifiéeset répétées, susceptibles d’aider le passager à gérer et maîtriser ses émotions.”

L’expertise d’une hôtesse de l’air
Cassandra Crossley est hôtesse de l’air chez Qantas. Comme Posen, elle est convaincue que savoir comment fonctionne un avion, même superficiellement, peut aider les passagers angoissés. Elle estime également que les passagers sont mal informés sur la question des turbulences. “Les gens s’inquiètent souvent des oscillations de l’avion en cas de turbulences, alors qu’il s’agit d’un phénomène normal. Elles n’ont pas d’incidence sur le vol. L’avion ne risque pas de tomber. Même quand les turbulences sont fortes et provoquent des secousses, les pilotes sont suffisamment entraînés pour faire les manœuvres nécessaires dans les situations délicates. Il est toutefois important d’attacher sa ceinture pour éviter d’être éjecté de son siège et blessé. Ça peut faire peur, mais ça finit par passer.”

Les conseils d’une passagère qui a dépassé sa peur
Agapi Markogiannakis travaille pour une société de conseil spécialisée dans le développement du leadership et la psychologie positive. Elle doit souvent prendre l’avion pour son travail. Sa peur de l’avion l’a mise à rude épreuve, mais elle a puisé dans la psychologie positive qu’elle enseigne aux autrespour apprendre à gérer sa propre angoisse. “Quand j’étais jeune, je n’étais pas aussi angoissée à l’idée de prendre l’avion. Mais depuis que j’ai des enfants, je suis devenue beaucoup plus nerveuse. Quand on laisse des gens derrière soi, on est envahi de pensées comme Et s’il m’arrivait quelque chose?, explique Markogiannakis. Même sur les courts trajets, je me sentais fébrile, surtout en cas de turbulences. Les turbulences me font vraiment paniquer.”Markogiannakis dispose de toute une série de techniques et de stratégies pour venir à bout du vol. “Les films sont essentiels pour moi et j’ai toujours de bons écouteurs pour m’isoler au maximum du bruit du moteur. Je prévois exactement comment je vais m’occuper pendant le vol. J’ai un tas de choses à faire, des magazines à feuilleter, mes snacks préférés… Je décide des films que je vais regarder et de quand je vais les regarder. Savoir à quelle heure le repas sera servi peut aussi aider.”

Traduit par : Anna Alvarez