L’expérience inoubliable d’un voyage au Svalbard
S’il y a une destination européenne qui se rapproche au plus près de l’image qu’on se fait du « Pôle Nord », c’est bien le Svalbard ! Cet archipel situé en Norvège, entre la mer du Groenland et la mer de Barens, offre vraiment la sensation de se trouver sur une autre planète, ou du moins à l’écart du monde. Soyez prêts à dévorer des yeux un véritable concentré de paysages à couper le souffle, uniquement mis en compétition par des rencontres animalières singulières et pleines d’émotions.
Découvrir et respecter la faune locale
Côté faune, le maître des lieux est bien sûr l’ours polaire. Celui que l’on rêve de croiser – ou plutôt d’observer à distance en toute sécurité -, mais dont on doit se prémunir ET protéger. Le Svalbard compte environ 3000 individus à la fourrure blanche sur l’entièreté de son territoire, ce qui ne veut pas dire que vous en verrez forcément beaucoup lors de votre exploration. Chérissez ces rencontres inoubliables si elles se présentent et profitez de l’instant !
« J’adore les animaux, en particulier les mammifères, et c’est une véritable chance de pouvoir les observer dans leur milieu naturel », souligne Chiara Giulia Bertulli, biologiste spécialiste des mammifères marins et de l'environnement, embarquée sur le MS Spitsbergen, qui nous emmène pour une croisière d’expédition autour du Svalbard. « Je mesure la chance de le faire maintenant, sans savoir ce que le dérèglement climatique nous réserve. Je craque aussi pour les renards arctiques parce qu’ils sont très curieux et joueurs, parfois ils s’approchent de nous quand nous débarquons sur la terre ferme ! » On vous souhaite évidemment d’en apercevoir, même si vous aurez beaucoup plus de chances de vous approcher de rennes, qui peuplent ce territoire depuis des siècles.
Dans l’eau, les deux espèces que vous avez le plus de chance d’observer sont les phoques et les morses. Ces derniers ont par exemple l’habitude de s’installer en groupes sur l’ilot plat de Moffen, au nord du Spitzberg (île principale du Svalbard), qui symbolise le 80e degré nord. On les trouve aussi régulièrement proches des plages de Chermsideøya, Phippsøya ou Kapp Lee.
Notre conseil : gardez vos distances et observez les animaux tout en respectant leur tranquillité. « Tous les ans, les accompagnants HX sont formés, scientifiques ou spécialistes outdoor, notamment pour savoir réagir en cas de rencontre avec un ours polaire, explique Rubio Carmona Antonio, responsable des activités outdoor sur le MS Spitsbergen. Cela inclut d’apprendre à connaître les habitudes et réactions potentielles de l’animal, mais aussi l’utilisation d’armes à feu, de fusée de détresse, ainsi que des exercices de sécurité et de sauvetage. De la même manière, les phoques, les morses ou certains oiseaux peuvent s’avérer agressifs, particulièrement en période de reproduction, donc il faut apprendre à les connaître, les respecter, et à potentiellement anticiper leurs réactions. »
Enfin, les ornithologues, amateurs ou passionnés, s’en donneront à cœur joie, tant sur l’eau que sur les sites de débarquement. Sternes arctiques, eiders à tête grise, mouettes tridactyles, labbes parasites, guillemots de Brünnich, macareux moines, bernaches… de nombreuses espèces survolent le Svalbard, viennent y nicher et s’y reproduire.
Cette observation de la faune locale nous rappelle aussi que la région était très prisée pour la chasse, notamment celle des mammifères marins, pendant des siècles. Ces traditions et leur évolution vers la protection des espèces endémiques est très bien détaillée dans le musée de Longyearbyen, la capitale de l'archipel, mais certaines zones de débarquement disséminées tout autour de l’archipel témoignent de ces expéditions. Sur la plage de Chermsideøya par exemple, on trouve des géoglyphes laissés par trois expéditions différentes, entre 1898 et 1942.
Mais la découverte la plus impressionnante de toutes se trouve sur la plage de Bamsebu, où plusieurs centaines de squelettes de belugas sont encore visibles sur le sol. Il s’agissait ici d’une zone de chasse particulièrement prisée et la cabane qui s’y trouve (Bamsebu signifie d’ailleurs « cabane à ours »), construite en 1932, peut encore être utilisée, même si la chasse est bien évidemment interdite.
Miser sur les activités outdooor
Pour apprécier pleinement la magie des paysages époustouflants du Svalbard, il y a une activité plutôt évidente : la randonnée ! Selon le lieu où vous aurez la possibilité de débarquer (dans le respect de l’environnement, des animaux qui s’y trouvent, et selon les conditions météorologiques du moment bien sûr), les découvertes peuvent s’avérer multiples et les niveaux de difficultés variés. Parmi nos coups de cœur, citons Kapp Lee, situé sur Edgeøya, la troisième plus grande île du Svalbard, intégrée dans la réserve naturelle de Søraust.
Il vous faudra grimper environ 200 mètres de dénivelé et traverser quelques passages boueux, mais la rencontre avec des rennes et la vue sur un immense canyon aux dégradés de verts devraient vous récompenser suffisamment. Un autre lieu où aller marcher quelques kilomètres et croiser rennes et renards ? Bamsebu. Après avoir aperçu la seule cabane privée du parc national de Sør-Spitsbergen où elle se trouve, une marche plutôt facile et roulante vous donnera le loisir d’admirer les majestueuses montagnes environnantes.
Enfin, les amateurs de cascades devraient particulièrement apprécier un joli parcours à Hemsedalen, sur l’île principale de Spitsbergen, permettant de longer la rivière, d’admirer cette chute d’eau vertigineuse et même d’atteindre un point de vue beaucoup plus élevé pour les plus sportifs d’entre vous.
Des expériences qui font se sentir singulièrement privilégiés de pouvoir y poser les pieds. « J’aime me dire de ne pas prendre pour acquis le fait de visiter le Svalbard, confirme Rubio Carmona Antonio, responsable des sorties randonnées. Mesurons la chance de pouvoir découvrir ces lieux incroyables et de vivre ces expériences. C’est cet aspect qui y rend les activités si uniques. Vous n’êtes pas simplement en train de randonner, mais en train de marcher à seulement quelques kilomètres du Pôle Nord, sur une terre en tous points hostiles à l’homme, lieu de vie d’animaux sauvages et potentiellement dangereux. »
Mais comment traverser tous ces fjords sans avoir envie de s’approcher encore plus de l’eau, aussi froide soit-elle ? L’expérience à tenter est toute trouvée : lancez-vous sur un kayak de mer ! A seulement quelques centimètres de l’eau glacée, le presque silence de votre embarcation n’est troublé que par les pétillements des bulles d’air qui s’échappent des morceaux de glace en flottaison. Et qui sait, entre deux coups de pagaie, vous aurez peut-être la chance de rencontrer un phoque curieux et enjoué, qui jouera à cache-cache entre votre kayak et la surface de l’eau. Et même si vous pourrez le faire en zodiac, s’approcher – à une distance raisonnable – des glaciers du Svalbard donne une toute autre dimension à ces géants.
Parmi les nombreux glaciers que vous aurez la possibilité d’observer, Recherchebreen offre un spot de kayak particulièrement appréciable grâce à son lagon parsemé de mini icebergs entre lesquels vous pourrez pagayer et progresser. Expérience unique. Tout comme la possibilité de tester ses limites en se lançant le défi d’un « polar plunge » : vous baigner dans les eaux glacées de l’Arctique ! Mais impossible de ne pas non plus citer la calotte glacière d’Austfonna, à l’extrême nord de l’île de Nordauslandet, la plus septentrionale de l’archipel ! Vous ne pourrez bien évidemment pas vous y promener mais la vue sur son imposant front de glace, précédé d’icebergs étincelants, et sur le glacier de Bråsvellbreen, reste inoubliable.
L’aspect environnemental d’un voyage au Svalbard
La nature arctique est impitoyable, et pourtant elle reste particulièrement fragile. C’est la raison pour laquelle la moitié de la superficie du Svalbard est protégée. L’archipel a même obtenu une qualification de destination de tourisme durable, puisque les autorités veillent à y maintenir un tourisme respectueux de l’environnement et des écosystèmes. Car si le Svalbard est très peu peuplé, les traces des activités humaines y sont bien visibles, notamment à Isflabukta, tout au nord de la région, où les voyageurs s’adonnent quand ils le peuvent à des sessions de ramassage de déchets plastiques, notamment dans la zone qui rassemble beaucoup de bois flotté, où de nombreux détritus restent piégés.
« J'aime le travail de groupe que suscite le nettoyage d’une plage, la cohésion d'équipe que vous obtenez en quelques minutes là-bas, se félicite Chiara Giulia Bertulli. Il y a une sorte de lien qui se crée immédiatement après avoir collecté un objet ou deux. Et tout le monde sans exception participe, sans hésitation. La sensibilisation y est vraiment immédiate. » Elle nous confirme que cela reste même un de ses moments préférés de la croisière. « Les voyageurs qui viennent ici ont pour la plupart déjà une idée de ce que le réchauffement climatique implique et je trouve ça vraiment intéressant à creuser à travers différents sujets, comme la géologie ou l’étude de nos prélèvements d’eau détaillés aux microscopes. » Ces échantillons permettent notamment de comprendre le fonctionnement du phytoplancton et de prélever l’ADN d’espèces marines (des cellules cutanées par exemple) qui vivent dans ces eaux, afin de pouvoir les surveiller et les étudier sans les capturer. « Cela aide encore plus à apprécier ce dont nous témoignons ici et donne envie de le préserver davantage, c’est un peu un service moral que vous vous rendez à vous-même. »
Elodie Lécadieu a voyagé au Svalbard à bord du MS Spitsbergen, navire de la flotte HX, avec le soutien de l'agence Hill & Knowlton. Les contributeurs de Lonely Planet n’acceptent aucune contrepartie en échange d’un reportage favorable.
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