Les 7 villages les plus pittoresques d’Ardèche

Dans les replis secrets du sud-est de la France, là où les routes s’enroulent comme des rubans autour des collines, l’Ardèche révèle son âme à travers des villages figés dans la pierre, accrochés à la montagne, blottis contre les rivières. Ce sont des lieux de silence, d’art de vivre, et de beauté brute.

Si vous aimez les vieilles pierres, les paysages spectaculaires et l’authenticité farouche, cette sélection est pour vous. Voici six villages ardéchois qui racontent, chacun à leur manière, une histoire d’hommes, de nature et de temps.

Balazuc, un village suspendu entre ciel, pierre et rivière

Sa vision est une apparition. Accroché à la roche au-dessus des gorges de l’Ardèche, face à une impressionnante muraille naturelle, le bourg de Balazuc partage avec Vogüé, à seulement 10 km en amont, la mention au titre des “plus beaux villages de France” et de “village de caractère”. C’est depuis la rive droite de l’Ardèche, près du pont et du hameau du Viel Audon, que la plus belle vue s’offre à vous. 

Le château se distingue sur la gauche : cette bâtisse massive des seigneurs de Balazuc, simple donjon au XIe siècle, fut agrandie aux XIIe et XIIIe siècles puis remaniée au XVe ; c’est aujourd’hui une demeure privée. 

En contrebas, aux abords de la rivière, accessible par une calade pentue depuis la place de l’église romane, la porte de la Sablière, la mieux préservée de la ville, vestige des anciens remparts du XIIIe siècle qui la cernaient. Enfin, la nouvelle église surplombe l’ensemble des maisons imbriquées qui s’offrent au regard, et dont le lacis de calades et autres ruelles pentues, d’arcades et de passages couverts, mérite une exploration. Ici, les rosiers grimpants ont la part belle et les placettes de charme se succèdent. En contrebas, la plage compte parmi les plus belles de la région.

Image

Antraigues-sur-Volane, le balcon des poètes

Perché sur son rocher de basalte, ce village en surplomb de la vallée de la Volane est l’occasion d’une agréable escapade sous le sceau de l’art et de la nature. Fréquenté par les amis de Jean Ferrat (1930-2010) dans les années 1960-1970 (Claude Nougaro, Jacques Brel, Lino Ventura, Pierre Brasseur…), et dernière demeure de l’auteur-compositeur-interprète (sa tombe fait face à la montagne, dans le cimetière derrière l’office du tourisme), Antraigues abrite un très beau musée en son honneur.

De la charmante place du village, vaste terrain de boules à ses heures, partent de nombreuses balades et randonnées à la journée ou à la demi-journée (plan à l’office du tourisme). Un circuit des sculptures permet notamment de découvrir des visages sculptés à travers les ruelles du centre ancien, projet à l’initiative du maire-sculpteur d’alors, Jean Saussac (1965-1977), réalisé avec le concours des habitants.

Image

Vogüé, là où le château embrasse la rivière

Classé “village de caractère” et comptant parmi les “plus beaux villages de France”, le village ancien de Vogüé (en contrebas de Vogüé-Gare, son extension moderne) domine l’Ardèche et se dévoile au détour de majestueuses falaises calcaires. Construit en amphithéâtre et emblématique des villages médiévaux qui émaillent le territoire, il aligne ses ruelles pittoresques, bercées par le son de la rivière, au pied de son château. Tous les commerces sont concentrés dans la Grand-Rue, où un espace photo aménagé dans une jolie salle voûtée présente, à la belle saison, le Vogüé d’autrefois (accès libre).

Image

Labeaume entre falaises et jardins suspendus

Aux portes de Ruoms et aux confins de la vallée de la Beaume, le joli village de Labeaume est un petit joyau très touristique, accroché à son rocher et propice aux baignades dans la rivière. Son autre point fort est la balade jusqu’à son belvédère, accessible en 15 minutes à pied, qui offre un point de vue vertigineux sur le village et la rivière. Le sentier part du pont submersible situé en bas du village, près de la place. Du belvédère, il est possible de poursuivre à pied jusqu’au Mas Daudet, 1,3 km plus loin.

Une petite faim ? L’accueillant et réputé Bistrot de Pays Le Bec Figue sert de belles assiettes sur une agréable terrasse, face aux colonnes de l’église. Non loin, l’hôtel La Garenne constitue un point de chute confortable et pratique. 

Image

Saint-Montan, la renaissance d’un village oublié

Cet ensemble fortifié à la silhouette triangulaire, nommé d’après un saint ermite qui s’y serait installé au Ve siècle s’étage sur un promontoire rocheux à la confluence de deux cours d’eau. Il est particulièrement beau en fin de journée, quand les parois calcaires s’empourprent sous les rayons du soleil.

Le château et le village médiéval, enclave papale dans le Vivarais, furent fortement malmenés au cours des guerres de Religion. Peu entretenu dans les siècles qui suivirent, le château fut peu à peu délaissé par ses seigneurs, jusqu’à être vendu, après la Révolution, à un cultivateur. L’ensemble devint une carrière de pierre, puis la crise du phylloxéra finit par avoir totalement raison du village dans la seconde partie du XIXe siècle. En 1969, une poignée de bénévoles s’attela à la restauration des lieux. Les Amis de Saint-Montan ont depuis, grâce à l’aide de 10 000 bénévoles en 50 ans, entièrement reconstitué le village castral avec les matériaux et les techniques d’autrefois, en faisant l’un des plus beaux villages médiévaux du sud de l’Ardèche. Le résultat est en effet époustouflant ! 

En plus de son château à découvrir le temps d’une visite guidée, Saint-Montan regorge d’ateliers d’artistes (peintures, céramiques, bijoux…). On y voit encore des bénévoles à l’œuvre et le village dégage une belle énergie à laquelle son histoire et les habitants qui y sont établis – la configuration pentue des lieux attire plutôt des jeunes – participent pleinement.

Image

Jaujac, quand la lave façonne le paysage

Petit village à l’ambiance méridionale, Jaujac plonge dans la langueur les après-midi d’été, quand sa large place dominée par son café et ses platanes est désertée au profit de son site de baignade, au pied de sa coulée de basalte. C’est que Jaujac, établi en bordure de la rivière du Lignon, se targue d’être l’un des plus beaux témoignages du volcanisme en Ardèche. Ses sites naturels, tout comme le château de Rochemaure, abritant la Maison du parc, ont pour autre avantage d’être directement accessibles à pied depuis le centre du village. Et puis, lorsque c’est jour de marché, le village s’anime soudainement ! Jaujac est également une magnifique porte d’entrée au massif du Tanargue.

Image

Alba-la-Romaine, village médiéval et cité gallo-romaine

Ce joli “village de caractère”, dont l’architecture bichrome (mélange de basalte noir et de calcaire blanc) rappelle qu’il se dresse au pied du Coiron, surplombe de son austère silhouette les champs de vignes qui s’épanouissent dans la plaine.

Site gaulois (au IIe siècle av. J.-C., la moitié sud de l’Ardèche est occupée par les Helviens) puis ville romaine (du I er siècle av. J.-C. au Ve siècle), Alba accueillit les premiers évêques du Vivarais. Au Ve siècle et suite aux incursions vandales, ces derniers la délaissèrent pour Viviers. Longtemps désertée, Alba ne devint le siège de la seigneurie d’Aps qu’à partir du XIe siècle, ouvrant ainsi une longue page médiévale de laquelle date pour l’essentiel la ville actuelle. La Révolution aura néanmoins raison de ses seigneurs et de leurs symboles, château compris, lequel, à l’instar des églises, sera alors pillé. Après la Seconde Guerre mondiale, André Lhote (1885-1962), théoricien de l’art et représentant du mouvement cubiste, appela artistes et intellectuels à s’installer dans cette ville, où le rapport à l’art se cultive depuis plus qu’ailleurs. 

Son château, son excellent musée et le site archéologique attenant, ses ruelles, son hameau de La Roche et ses bonnes adresses en font aujourd’hui une intéressante halte. Durant 6 jours à la mi-juillet, le Festival d’Alba (lefestivaldalba. org), consacré aux arts du cirque, pose son chapiteau au cœur du village, investissant jusqu’aux ruines de la cité antique.