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Publié le 18/02/2020 4 minutes de lecture
La saga du Brexit qui dure depuis la fin du mois de juin 2016 a fini par se solder par le retrait du Royaume-Uni de l’Union Européenne le 31 janvier dernier. Quelles sont les conséquences pour les voyageurs européens qui souhaitent y passer des vacances ? Faudra-t-il un passeport, voire un visa après la date butoir du 31 décembre 2020 ? Quelles autres choses et formalités risquent de changer d’ici-là ? Lonely Planet défriche le terrain pour vous.
Pas de changements administratifs d’ici fin décembre
Commencez par vous rassurer : officiellement, rien ne change d’ici le 31 décembre 2020 en matière de papiers à fournir pour traverser la Manche. Vous pourrez toujours vous rendre au Royaume-Uni muni de votre carte d’identité ou de votre passeport. Ce délai de 11 mois permet en effet de garantir un passage en douceur vers une nouvelle relation entre l’Europe et la Grande-Bretagne. Autre point rassurant, les procédures de sorties de territoire pour les mineurs sont toujours les mêmes d’un côté comme de l’autre.
Attention au cours de la livre
Malgré cette volonté de «passage en douceur», les mois passent vite et les incertitudes s’installent, notamment sur le cours de la livre. Depuis le 31 janvier, on n’observe aucune chute de la monnaie anglaise mais plutôt un maintien du taux de change variant entre 1,18 et 1,20 euros. Cependant, même si depuis l’annonce du Brexit en juin 2016, la livre a perdu 15% de sa valeur, les experts sont dans l’incapacité de prévoir si la monnaie britannique va continuer à baisser ou au contraire augmenter. Si vous prévoyez un voyage outre-Manche cette année, restez donc attentif au taux de change. Par contre, ne vous inquiétez pas d’une possible augmentation des prix des transports pour le Royaume-Uni. Les principales compagnies maritimes, aériennes et l’Eurostar qui desservent la Grande-Bretagne assurent que les conditions de vente, le prix des réservations et des billets ne changeront pas avant fin décembre. Elles ont d’ailleurs largement communiqué sur le sujet.
Le Royaume-Uni a besoin des touristes français
Car oui, le Royaume-Uni a besoin des touristes français. Selon les chiffres de Visit Britain, l’organisme officiel chargé de la promotion du tourisme au Royaume-Uni, 1,64 million de Français se sont rendus en Grande-Bretagne en 2018 pour un séjour strictement touristique, contre 1,77 million en 2017 et 1,89 million en 2015. On observe donc un léger tassement qui pourrait être inquiétant pour le pays s’il se confirmait dans les mois et années à venir car les touristes français représentent le deuxième contingent de visiteurs en volume derrière les Etats-Unis ! Mais on peut aussi anticiper un autre scénario : un pic du tourisme français et européen au Royaume-Uni en 2020 par peur de ce qui pourrait arriver après !
A partir de 2021, plusieurs scenarii à imaginer
Difficile, voire impossible, d’anticiper quelles seront les nouvelles modalités d’entrer sur le territoire britannique à partir de janvier 2021. Le pays et l’Europe auront-ils le temps d’adapter leurs postes frontières à d’éventuels visas ? La Grande-Bretagne en exigera-t-elle pour des séjours touristiques de courte durée ? Comment le secteur du tourisme s’adaptera-t-il aux changements ? Les prix des hôtels, des restos, des transports augmenteront-ils ? D’autres questions se posent également sur les frais d’itinérance des téléphones portables encore gratuits jusqu’à la fin de l’année mais qui ne le seront probablement plus en 2021. Quant à votre carte européenne d’assurance maladie, elle ne sera plus valable et il faudra vous munir d’une assurance voyage. A priori, rien ne changera pour les conducteurs et les conductrices : outre le fait que les Britanniques continueront bien sûr à rouler à gauche, votre permis de conduire sera toujours valable pour louer une voiture et conduire en GB.
L’épineux problème de la frontière entre les deux Irlande
Si vous prévoyez un voyage outre-Manche, il faudra aussi vous tenir au fait des affaires internes du pays et notamment de l’épineux problème de la frontière terrestre entre l’Irlande du Nord (appartenant toujours au Royaume-Uni) et la République d’Irlande (toujours dans l’UE). Cette frontière est aussi désormais la seule frontière terrestre - avec la route longue de quelques kilomètres qui sépare l’Espagne de Gibraltar - entre le Royaume-Uni et l’Europe. Longue de 500 km et suivant un parcours sinueux basé sur un tracé longeant des paroisses datant d’il y a 100 ans, la frontière entre les deux Irlande est un véritable gruyère. Aujourd’hui quasi-invisible, la ré-équiper en «frontière dure» comme du temps des Troubles - guerre civile entre les républicains et les unionistes irlandais - est non seulement pratiquement impossible mais aussi contraire à ce que la grande majorité des Irlandais souhaitent, qu’ils vivent d'un côté ou de l’autre. D’après les dernières négociations entre l’Union Européenne et le Royaume-Uni, en 2021, ce sera à l'assemblée d'Irlande du Nord de décider de reconduire ou d'abandonner les règles européennes. A suivre donc si vous décidez de voyager d’une Irlande à l’autre ou d'entrer au Royaume-Uni via la République d’Irlande.
Pragmatisme et humour
Surveillez aussi de près le cas de l’Ecosse où comme en Irlande du Nord, la majorité des citoyens a voté pour rester en Europe. En décembre dernier, le gouvernement écossais a en effet demandé un nouveau référendum sur l’indépendance du pays en 2020. Bref, en ces temps particulièrement incertains pour la couronne, une seule chose est sure, les caractéristiques du peuple britannique ne changent pas : l’humour, l’auto-dérision et le pragmatisme sont toujours de rigueur. Ouf !