Aventures de papier pour aventuriers sur canapé
Inspirez-vous de ces récits mettant en scène des personnages et des lieux étonnants, avant de partir vous-même sur la route.
1. La Longue Route, Bernard Moitessier, 1971 (Polynésie Française)
Bernard Moitessier a ouvert la voie de l'utopie maritime. Il a navigué dans toutes les eaux du globe comme en témoignent ses ouvrages, de La Longue Route à Tamata et l'Alliance. En avril 1969,il s'apprête à boucler en tête le Golden Globe Challenge, l'homérique tour du monde à la voile, en solitaire et sans escale, organisé par le Sunday Times. Mais le «vagabond des mers du Sud» se fiche de la compétition. Il met les voiles de son ketch Joshua en direction de Tahiti. Adieu les honneurs de la course. Son sillage à lui est lumineux, mêlé de rêves et d'étoiles. Il en tire un carnet de bord devenu un livre-culte.
>>> C’est en Polynésie que le navigateur a fait ses plus longues escales, jetant notamment l’ancre à Papeete.
2. Courrier de tartarie, Peter Fleming, 1936 (Asie centrale)
En 1935, Peter Fleming entreprend de rallier Pékin à l'Inde via le Xinjiang. Il faut une bonne dose de culot pour pénétrer dans cette vaste province prise en étau entre le gouvernement de la lointaine Nankin, les velléités sécessionnistes des musulmans chinois et les visées expansionnistes de la Russie soviétique… et interdite aux étrangers. Une célèbre voyageuse se trouve alors aussi à Pékin: Ella Maillart. Ils partageront sept mois de caravanes, de montagnes et de déserts. Courrier de Tartarie relate cette odyssée de 5 600 km avec un flegme tout britannique et un humour dévastateur.
>>> La région du Xinjiang, bien qu’autonome, est colonisée par les Chinois, qui constituent près de la moitié de sa population.
3. En Pataganie, Bruce Chatwin, 1977 (Argentine)
Le bout du monde, le vrai. Terre des jusqu'au-boutistes, dépositaire des rêves de tour du globe échoués au cap Horn, et des libertés perdues dans la pampa.Bruce Chatwin y partit au milieu des années 1970.Il se fit l'écho, dans de courts chapitres comme autant de légendes dorées, des existences invraisemblables d'illustres inconnusexilés en Terre de Feu… rentrant à son tour dans la légende fuégienne. Trois façons d'aller en Terre de Feu: prendre un avion de Buenos Aires pour Ushuaia, «fin del mundo» auto-célébrée; descendre par la côte du Chili (il faudra, tôt ou tard, naviguer entre les glaces des canaux chiliens); emprunter la route de l'Est argentin, et gagner la Terre de Feu en traversant le détroit de Magellan en ferry.
>>> Dans ce dernier cas, faites une halte pour voir manchots de Magellan et baleines sur la peninsula Valdes.
4. Le passager du polarlys, Georges Simenon, 1932 (Norvège)
Dans le bateau qui relie Hambourg à Kirkenes, un port du Grand Nord norvégien aux confins de la Russie, on retrouve le cadavre d'un policier. Le capitaine du navire mène l'enquête. Simenon sait mieux que personne créer un climat de suspicion enveloppé par les brumes de la mer du Nord. Il a puisé son inspiration dans un voyage qu'il a fait jusqu'au cap Nord de Norvège en 1930. L'express côtier (Hurtigruten) cabote d'un port à l'autre entre Bergen et Kirkenes; l'occasion de découvrir la plus belle partie des côtes de la Norvège, entre fjords majestueux, villages isolés et paysages du cercle polaire.
>>> Renseignements sur www.hurtigruten.fr.
5. Premier de Cordée, Roger Frison-Roche, 1941 (France)
L'histoire est inventée, mais la montagne est authentique. Frison-Roche mit dans ce roman l'amour à mort qu'inspire la montagne, la passion et l'obstination de la grimpe. Les éléments autobiographiques sont nombreux, telle la transposition en Ravanat de Joseph Ravanel, le guide qui avait engagé Frison-Roche comme porteur lors de son ascension du mont Blanc, mais le plus documentaire, dans ce récit, reste la victoire intime que constitue le dépassement de ses propres limites. Il constitue la bible de nombreux alpinistes.
>>> Les passages les plus dramatiques du roman se jouent dans les Drus, deux pics du massif du Mont-Blanc que l’auteur connaissait bien, pour y avoir été guide.
6. Moby Dick, Herman Melville, 1851 (Océans Atlantique, Pacifique Indien)
Monter à bord d'un baleinier n'a rien d'une croisière de tout repos. Le jeune Ismaël en sera pour ses frais, en comprenant qu'Achab n'a d'autre boussole qu'un désir obsessionnel de vengeance à l'encontre deMoby Dick, monstreux cétacé qui lui a arraché sa jambe lors d'un précédent harponnage.Le Pequodlève l'ancre surl'île de Nantucket, sur la côte est des États-Unis, un haut lieu de la pêche baleinière devenu fief de la jet-set. Il sombre corps et biens au large de l'archipel de Kiribati, en Micronésie.
>>> Entre ces deux points, trois océans que les chasseurs de baleines écumaient en tous sens au milieu du XIXesiècle.
7. Tristes Tropiques, Claude Lévi-Strauss, 1955 (Brésil)
Se réclamant d'entrée de jeu d'une aversion pour les voyages et les explorateurs, Claude Lévi-Strauss déjoue les attentes du lecteur qui croirait trouver dans ce livre l'exaltation de l'aventure exotique. Et pourtant, il y a – et ô combien! – de l'aventure et de l'exotisme dans ce récit des missions ethnographiques que mena Lévi-Strauss dans les contrées les plus reculées du Brésil, entre 1935 et 1939. Simplement, le risque et le dépaysement ne sont pas une fin en soi, mais des paramètres du terrain de recherche que parcourt Lévi-Strauss à la rencontre des tribus indiennes, et dont il va tirer la sève de ses travaux scientifiques et de ses réflexions philosophiques.
8. L'odyssée, Homère (Grèce/Italie)
Question aventure, Homère avait placé la barre haut: un retour de la guerre de Troie long de 10 ans, au gré de vents contraires et d'îles peuplées de nymphes séduisantes et de géants cyclopes et anthropophages, des récifs peuplés de sirènes aussi enchanteresses que cannibales, et pour couronner le tout, un débarquement à Ithaque en forme de vendetta. On ne navigue plus en Méditerranée de la même façon qu'au VIIIe siècle av. J.-C., mais après avoir lu L'Odyssée, on se méfie des parages de la Sicile, fief des sirènes voraces.
>>> Paradisiaque et peu peuplée, l’île d’Ithaque constitue une halte de choix pour un mouillage en mer Ionienne.
9. Tragédie à l'Everest, Jon Krakauer, 1997 (Népal)
Ce compte rendu de la catastrophe du 10 mai 1996,qui vit 8 alpinistes mourir dans une tempête de neige sur l'Everest, dissuadera les lecteurs de prendre part au nombre croissant d'expéditions commerciales visant à grimper sur le plus haut sommet du monde. Les leçons de ce récit montrant comment de petites erreurs peuvent causer de graves problèmes à haute altitude n'ont hélas pas été tirées (en mai 2006, 11 personnes sont mortes sur l'Everest).
>>> Dans The Climb, écrit avec G. Weston DeWalt, Anatoli Boukreev, l’un des guides présents ce jour-là, donne sa version de la tragédie.
10. Tintin au Tibet, hergé, 1960 (Himalaya)
Au cours de leurs aventures, Tintin et Milou en voient de toutes les couleurs, mais le blanc qui domine le Tibet occupe une place unique dans l'œuvre. Tintin part retrouver son ami Tchang, porté disparu dans les montagnes du Tibet. Empreint de la beauté de l'Himalaya et touché par la paix émanant des lamaseries bouddhistes, cet album se distingue d'une singulière manière: c'est le seul dépourvu de méchant. Même le Yéti y révèle une âme poignante derrière son «abominable» légende.
>>> L’accès du Tibet aux touristes étrangers est régulièrement suspendu; renseignez-vous sur le site du ministère des Affaires étrangères.
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