Tout le long de la côte, vous apercevrez des châteaux et des mosquées sculptés dans le corail, mais le modèle du genre est Fort Jesus, qui domine le port et la vieille ville. Classé au patrimoine mondial de l’Unesco, c’est le site le plus visité de Mombasa. Les murs de un mètre d’épaisseur sont ornés à l’intérieur de fresques, d’inscriptions en lettres romaines ou arabes et d’éléments swahilis qui, en plus d’embellir les lieux, figent dans la pierre toute l’histoire de Mombasa et du littoral.

Le fort fut érigé en 1593 par les Portugais, désireux d’asseoir leur domination sur cette région de l’océan Indien, mais il est ironique de constater que sa construction marque le début de la fin de leur hégémonie. Théâtre des rébellions swahilies, de l’occupation par les marins portugais ou les soldats d’Oman, l’ouvrage changea de mains au moins neuf fois entre 1631 et 1875, date à laquelle il tomba sous le contrôle des Britanniques qui en firent une prison.

C’est par Fort Jesus que l’architecture Joao Batista Cairato, qui érigea des bâtiments dans toutes les colonies orientales du Portugal, de Mombasa à Goa, termina sa carrière. Exemple typique de l’architecture militaire de l’époque, le fort, s’il était bien gardé, était imprenable car les attaquants ne pouvaient s’approcher des murs sans tomber sous le feu croisé des défenseurs.

Aujourd’hui, il abrite un musée, construit sur les anciennes casernes. Les objets exposés donnent un bon aperçu de la vie et de la culture swahilies, mais on regrette qu’ils soient mal commentés et si peu mis en valeur, comme le reste de cet ensemble fortifié d’ailleurs, pourtant le premier site touristique de la ville.

Dans une autre partie du fort, la salle Mazrui comporte un mur orné d’arabesques florales et surmonté de linteaux en bois datant de la période omanaise. Dans une autre salle, des marins portugais ont couvert les murs de dessins témoignant du multiculturalisme de l’océan Indien : quatre mâts européens, boutres arabes à trois mâts et autres “dromadaires de l’océan”, ces élégants mtepe (bateaux traditionnels swahilis). Non loin, deux os de baleine servent prosaïquement de balançoire à bascule pour les enfants. La maison omanaise du bastion San Felipe, à l’angle nord-ouest, date du XVIIIe siècle. Fermée lors de notre visite, elle expose quelques bijoux et objets d’artisanat omanais. Le mur oriental réunit une salle d’audience omanaise et le passage des Arches, creusé dans la pierre corallienne brun rosé, qui mène à un panorama azuréen entre ciel et mer.

En arrivant tôt le matin, vous éviterez sans doute les groupes mais certainement pas la nuée de guides. Officiels ou non, ils sont très entreprenants, et si certains ne vous aideront guère, d’autres sont excellents. À vous de juger. Les guides officiels demandent 500 KSh pour un circuit de Fort Jesus ou de la vieille ville, les autres négocient. Si vous ne voulez pas de guide, refusez fermement mais poliment, sinon ils n’abandonneront pas et vous réclameront ensuite un pourboire. La brochure Fort Jesus, en vente à la billetterie, permet d’explorer seul les lieux.

carte ci-dessus ; adulte/enfant 800/400 KSh ; 8h-18h
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