La Réunion

Réunion : culture et traditions

Culture et société

Harmonie. S’il fallait décrire en un mot l’identité réunionnaise, c’est certainement ce mot qui viendrait en premier. Rares sont en effet les lieux, au XXIe siècle, où autant de communautés d’origines culturelles et religieuses différentes cohabitent sans (grands) heurts et mêlent leurs influences.

La société réunionnaise aujourd’hui : une île kaléïdoscope

La caractéristique principale de la société réunionnaise est sa diversité. Creuset ethnique mais aussi religieux, cette population patchwork, métissée, issue d’au moins trois continents, donne l’image d’une rare tolérance. Peut-on rêver plus bel exemple de cohabitation pacifique dans un monde si souvent tenté, sous d’autres cieux, par le repli communautaire ? À La Réunion, racisme et xénophobie n’ont aucun sens. Tout le monde vient d’ailleurs, et être “sang-mêlé” est la règle. Pour le visiteur, cet esprit de tolérance, palpable, est une réelle bonne surprise.

Plusieurs raisons permettent d’expliquer cette harmonie. En premier lieu, le fait que l’île était déserte avant l’arrivée des navires de la Compagnie des Indes. Aucun de ses habitants ne peut donc réellement revendiquer être “plus réunionnais” qu’un autre. À La Réunion, par ailleurs, le “Blanc” n’est pas automatiquement associé à la sombre mémoire de l’esclavage, comme c’est souvent le cas dans les îles des Antilles. L’existence des “Petits Blancs”, descendants des premiers colons européens aux revenus modestes, généralement agriculteurs dans les Hauts, a certainement une part dans cette distinction. La réussite sociale, enfin, n’a pas été uniquement limitée aux membres d’une seule communauté : de nombreux Réunionnais d’origine chinoise et Indiens z’arabes s’illustrent avec succès dans le commerce insulaire.

Tout cela a-t-il créé un monde idyllique ? N’allons pas trop loin. Certains affirment en effet que l’harmonie du melting-pot réunionnais repose sur un équilibre qui tient tant que chacun “reste à sa place”. Historiquement, et même si les choses évoluent, nombre de Chinois et d’Indiens sont avant tout commerçants, les Réunionnais d’origine africaine (les Cafres) fournissent la majeure partie de la main-d’œuvre ouvrière et agricole, et les grandes industries de la côte, notamment les sucreries, sont gérées par ceux que l’on appelle localement les “Gros Blancs”.

Si la société réunionnaise vit dans l’harmonie, il existe ainsi des rancœurs, qui s’expriment ici et là. Certains se souviennent par exemple des “zoreils dehors !” lancés aux métropolitains lors des émeutes de 1991 (qui étaient plus dirigés contre la politique de la métropole que contre les métropolitains eux-mêmes). Et comment analyser les 39,75% – soit davantage que la moyenne nationale – obtenus sur l’île par Marine Le Pen lors du 2e tour de la présidentielle 2017 (marquée, il faut le préciser, par une abstention record de 37,09%) ? Dans la continuité, 5 ans plus tard, le taux d’abstention sur l’île, au 1er tour de la présidentielle 2022, atteignait 46,36%.

L’importance de la famille 

La famille reste le pilier de la vie quotidienne créole. Le week-end, de nombreux Réunionnais gagnent soit les plages ombragées, soit les kiosques aménagés dans les Hauts pour sacrifier au rituel du pique-nique familial, avec les “marmailles” et les “gramounes”. Et peu importe les bouchons parfois interminables qui encombrent la circulation au retour. Oté, on fait contre mauvaise fortune bon cœur, en écoutant les “la di la fé” (cancans) sur Radio Free-DOM.

Les vendredis et samedis soir, place à la fête, notamment à Saint-Gilles, le bastion zoreille, et à Saint-Pierre, plus créole. Les voitures rutilantes sont alors de sortie. À La Réunion, on a le culte de la consommation et d’un certain paraître, qu’incarne à merveille la possession d’une voiture, si possible de sport. Et tant pis si l’on vit avec le RSA : l’important, c’est de montrer et de se montrer.

La population 

La Réunion compte environ 860 000 habitants. À titre de comparaison, la population était de 350 000 habitants au début des années 1960. Le taux de natalité étant demeuré très élevé durant ces 25 dernières années, la population est très jeune : plus du tiers des Réunionnais ont moins de 20 ans.

La religion à la Réunion

 À La Réunion, les minarets des mosquées côtoient les clochers, et les temples tamouls et chinois sont au coude-à-coude…

La foi catholique a profondément imprégné l’atmosphère de l’île, comme en témoignent les noms des localités : nul doute possible, l’île est entourée de saints… Elle en a aussi modelé le paysage, notamment par les nombreuses chapelles implantées au bord des routes, dans les grottes ou au sommet des escarpements (beaucoup d’entre elles ont été bâties par les familles dont des membres ont été tués accidentellement à ces endroits). Les fêtes des saints patrons sont très populaires, et il existe également une minorité protestante.

L’hindouisme, apporté par les immigrants indiens tamouls et malabars venus travailler dans les plantations de canne à sucre, est la deuxième religion de l’île. Les temples sont très colorés et les fêtes traditionnelles spectaculaires, notamment Pandialé, Teemeedee (marche sur le feu) et Cavadee, durant lequel les pénitents se percent les joues avec des aiguilles d’argent. On a vu se développer au cours des années un puissant mouvement de syncrétisme avec le catholicisme. Nombre de Malabars réunionnais participent en effet aux rites et aux cérémonies catholiques, aussi bien qu’à ceux de la communauté hindoue.

L’islam constitue également une importante composante religieuse. Il s’est implanté à partir du milieu du XIXe siècle, avec les Indiens originaires du Gujarat (appelés “Z’arabes”), et s’est rapidement développé. La communauté “z’arabe”, présente dans le commerce, est aujourd’hui prospère.

Ces trois grandes religions coexistent pacifiquement. Dans une même ville, il est ainsi courant de voir, dans le même périmètre, l’église, la mosquée et le temple. Il est à noter que le débat sur le voile et la burqa, virulent en métropole, rencontre relativement peu d’échos à La Réunion, où la tolérance est de mise. L’intégrisme religieux, quel qu’il soit, ne semble par ailleurs pas implanté sur l’île.

En dehors de la célébration du Nouvel An chinois, la communauté sino-réunionnaise, qui compte quelques temples sur l’île, est très discrète dans ses pratiques traditionnelles ou religieuses.

Langue

Si le français est la langue officielle, le créole réunionnais est très communément parlé. Ce savoureux parler mêle au français des influences hindi, arabe ou malgache. Vous entendrez sans doute souvent:

Maintenant : Aster
La nuit : Fait noir
Enfant : Marmaille
Moi : Moin
Toi/vous : Ou
Eux : Zot
Arbre : Pied de bois 
Métropolitain : Zoreil
Exclamation courante: Oté!

La gastronomie à la Réunion

La mosaïque réunionnaise se décline jusque dans les assiettes. La cuisine locale entremêle en effet les particularités de chacune des identités de l’île : créole, indienne, française, chinoise. Nombre de spécialités associent des éléments empruntés à des courants gastronomiques venus d’horizons très divers. À l’heure de l’apéritif, il n’est pas rare de trouver sur la table des bouchons – bouchées de porc cuites à la vapeur à la mode chinoise – et des samoussas d’origine indienne.

Les spécialités locales : Cari et rougail

Le plat traditionnel est le cari, ragoût parfumé dans la composition duquel entrent des tomates, des oignons, de l’ail, du gingembre, du thym et du safran ou du curcuma. Différentes viandes peuvent être cuisinées dans ce fond de sauce. Outre le fréquent cari poulet, il se décline en cari de porc, cari canard ou cari pintade. Les caris sont accompagnés de riz blanc (un apport malgache, en plus de certaines brèdes) et de “grains” (haricots rouges ou blancs, lentilles ou pois du Cap).

Divers poissons ou fruits de mer peuvent aussi prêter leur saveur à cette alchimie culinaire. Parmi ces spécialités, citons le cari de camarons (crustacés d’eau douce ressemblant à de grosses crevettes), le cari bichiques (alevins aussi prisés que rares et chers, qui fréquentent l’embouchure des rivières à certaines périodes de l’année et sont réputés pour leur finesse) et le cari z’anguilles, tous deux des spécialités de l’est de l’île, ou encore le cari zourite (cari de poulpe), voire le cari de langouste. Les Réunionnais préparent également d’excellents civets, principalement de canard et de coq.

Quant au rougail, il ne s’agit généralement pas d’un plat, mais d’un condiment épicé. À base de tomates, d’ail, de gingembre et de piment – les rougails sont souvent très forts ! –, il enrichit généralement les plats proposés, dont les inévitables caris. Des rougails sont aussi préparés à base de citron, de mangue verte ou de pistache. Le rougail saucisses est une exception à la règle : il ne s’agit pas d’un condiment mais d’un cari de saucisses (voir ci-dessus). Mitonné avec des tomates, de l’oignon, du thym, des girofles et de l’ail, c’est l’un des plats les plus emblématiques de la table réunionnaise. Citons aussi le rougail boucané, un délicieux cari de viande de porc fumée, et le rougail morue. Ce poisson des mers froides, bon marché et facile à conserver séché, a été importé sur l’île, tout comme il l’a été aux Antilles, dès l’époque de la Compagnie des Indes.

Les marchés à la Réunion

Fenêtre sur la vie quotidienne des habitants de l'île, les marchés de La Réunion sont également un excellente introduction à la goûteuse et originale gastronomie locale et à ses produits de prédilection, au carrefour des traditions culinaires métropolitaine, indienne, chinoise et créole. Le plus célèbre, et le plus animé, est sans conteste celui qui se tient chaque vendredi et samedi matin à Saint-Paul, dans une joyeuse cacophonie.

Sucre, rhum et distilleries

Tourisme industriel ? Pas seulement. Car à La Réunion, le sucre c'est aussi une culture, une histoire, un patrimoine. Au fil de la visite des distilleries de l'île, et de ses deux gigantesques sucreries encore en activité, vous apprendrez tout sur la fabrication de l'alcool et du sucre de canne, filière qui a modelé le destin économique de La Réunion et s'ouvre à de nouveaux débouchés. Une part non négligeable de l'électricité consommée sur l'île provient en effet de la canne à sucre.

La vanille de la Réunion

En 1841, un jeune esclave de La Réunion, Edmond Albius, découvrait le procédé permettant de poliniser manuellement la vanille, donnant ses lettre de noblesse à la vanille dite "Bourbon". La production a depuis connu des hauts et des bas, mais la vanille réunionnaise reste l'une des plus appréciées auprès des connaisseurs. Plusieurs sites, notamment dans l'est de l'île, permettent de découvrir cette délicate orchidée qu'est Vanilla planifolia.

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