Alpes

Alpes : environnement, nature et animaux

Des glaciers interminables suivis d’alpages verdoyants, de doux vallons face à des dents de granit acérées, des torrents agités se jetant dans des lacs paisibles, des forêts de résineux, de vastes massifs calcaires… Les Alpes françaises offrent un éventail de paysages très contrastés. Le tout habité par une flore et une faune remarquables.

Le territoire

Entre les plaines du Nord et le monde méditerranéen, la chaîne des Alpes marque la géographie de l’Europe occidentale, mais en détermine également le climat. Longue de 450 kilomètres, entre les contreforts du Jura et les pentes dévalant vers la Grande Bleue, cette frontière naturelle est hérissée de sommets vertigineux dont les plus célèbres dépassent les 4000 m. Obstacle infranchissable pour les nuages venus de l’Atlantique, les Alpes occidentales séparent une Europe océanique, royaume de la forêt et des prairies, d’une Europe méditerranéenne aux pluies rares et à la végétation sèche.Pour autant, cette barrière connaît des failles. Parallèlement à la collision des plaques continentales ayant présidé à un soulèvement très progressif (entre – 70 et – 5 millions d’années) du sol en lieu et place d’un océan nommé Thétys, l’eau a sculpté le paysage. Formant des vallées et délimitant des massifs : une quarantaine pour les seules Alpesfrançaises ! Les plus élevés (Mont-Blanc, Belledonne, Beaufortain, Mercantour) sont constitués de roches cristallines (le granit surtout) tandis que les massifs dits préalpins (Bauges, Chartreuse, Vercors, Vaucluse) issus de la remontée du plancher océanique sont calcaires. D’où la présence de nombreuses cavités souterraines… et de fossiles.Vallées de l’Arve, de la Maurienne, de la Tarentaise, de la Clarée, de la Durance… Depuis 50 000 ans, ces “fissures” géologiques ont permis à l’homme de coloniser une terre bien moins hostile qu’elle n’en a l’air. En haute altitude, lorsque la sécheresse se fait sentir en plaine, les alpages fournissent au bétail de verdoyantes pâtures. Quant aux versants alpins, vaste réceptacle des pluies océaniques, ils regorgent de forêts providentielles. Le nom de Savoie ne provient-il pas de l’ancien territoire “Sapaudie” (en latin “Sapaudia”) qui signifierait “forêt de sapins” ou le “pays des sapins” ?Jusqu’au milieu du XXe siècle, la présence humaine s’est cantonnée aux vallées et aux moyennes montagnes. Aujourd’hui, les activités écconomiques centrées sur le tourisme hivernal gagnent la haute montagne, ce qui ranime certains villages mais impacte l’environnement qu’il convient de protéger.

Les lacs

Les Alpes françaises comptent environ 600 lacs à plus de 1 500 m d’altitude. La plupart sont dus au retrait des glaciers ayant suivi la dernière grande période glaciaire (- 115 000 à - 10 000 ans). Le plus grand de ces lacs d’altitude est le lac d’Allos perché à 2 230 mètres de hauteur dans le parc national du Mercantour, dans les Alpes-de-Haute-Provence.Plus bas, les quatre lacs d’origine glaciaire les plus vastes en France, tous situés en Savoie et en Haute-Savoie affichent une altitude inférieure à 500 m. Doté d’un microclimat très agréable, le lac Léman, paradis des auteurs romantiques, est situé au nord du territoire, à cheval sur la Suisse. Le lac d’Annecy, autrefois moribond, se fait fort aujourd’hui d’être l’un des plus purs d’Europe, même si ses eaux limpides peinent à se renouveler en oxygène, si bien que les poissons y sont de plus en plus rares. À Aix-les-Bains, entouré par le massif de l’Épine, le mont du Chat, le mont Revard et les Bauges, le lac du Bourget, source d’inspiration pour Lamartine reste leplus sauvage de “ces petites mers à la montagne”. Dans l’avant-pays savoyard, les eaux du lac d’Aiguebelette, bien que d’origine glaciaire, frôlent les 28°C en été.Quant au plus grand lac des Alpes françaises, il n’est pas naturel. Emblème des Hautes-Alpes, le lac de Serre-Ponçon a été créé en 1959 après la construction d’un barrage sur la Durance. Lac de Roselend dans le Beaufortain, lac du Mont-Cenis en vallée de Maurienne, lac de l’Orceyrette dans le Briançonnais, lac des Gaillands près de Chamonix… Bien qu’artificiels, ces étendues émeraude participent désormais à la beauté des paysages et sont devenues les destinations de superbes randonnées.

Les parcs et les réserves naturelles

Les Alpes françaises comptent sur leur territoire trois parcs nationaux (Vanoise, Écrins et Mercantour), huit parcs naturels régionaux : massif des Bauges, Vercors, Queyras, Préalpes d’Azur ainsi qu’une partie de ceux de la Chartreuse, des Baronnies provençales, du Verdon et du mont Ventoux. Une cinquantaine de réserves naturelles viennent compléter ces espaces ayant vocation à aider la nature à reprendre son souffle et à limiter l’impact de l’homme sur l’environnement.Premier parc national français, créé en 1963 pour la protection des bouquetins, le parc national de la Vanoisese situe entre les vallées de la Maurienne et de la Tarentaise. Il culmine à 3 855 m d’altitude avec la pointe de la Grande Casse. Créé en 1973, le parc national des Écrinsest considéré comme le parc européen de la haute-montagne grâce à ses sommets prestigieux : la Barre des Écrins (4 02 m) et la Meije (3 983 m). Créé en 1979, le parc national du Mercantourdétient la plus forte diversité florale de France avec plus de 2 000 espèces de plantes, dont 200 rares et 30 endémiques. Tous ont été conçu comme une zone de protection pour les espèces végétales et animales mises à rude épreuve avec le développement du tourisme dans la région. Les activités humaines y sont strictement encadrées (le bivouac, la chasse, la cueillette, la circulation motorisée… sont proscrits), ce qui en fait des territoires d’exception pour les amoureux de randonnées et de nature.Soumis à moins d’interdictions que leurs grands frères, les parcs naturels régionaux cherchent à concilier le respect de la nature avec le développement de la vie économique, agricole et touristique. À l’instar du parc naturel régional de la Chartreuse, du parc naturel régional du Massif des Baugesou du parc naturel régional du Queyras, au sein desquels les activités de pleine nature sont très nombreuses.Les Alpes occidentales comptent aussi quatre géoparcs mondiaux de l’Unesco : le massif des Bauges et Chablais, une partie du géoparc des Haut de Provenceet du Lubéron. Ce label distingue des espaces territoriaux présentant un héritage géologique remarquable et promouvant le respect de l’environnement et de l’intégrité du paysage.

La faune et la flore

La faune et la flore alpines sont riches et se laissent facilement observer lors d’une randonnée à pied ou en raquettes.

Les animaux

Avec son drôle d’air endormi, la marmotte est la mascotte de la montagne. Elle peut être vue d’avril à septembre – le reste du temps, elle hiberne. À défaut de l’observer de près, vous entendrez peut-être son sifflement dans les alpages. Le chamois et le bouquetin ne sont pas rares dans la région. Le second, protégé et bien moins farouche, se distingue du premier par ses longues cornes cannelées. Le chamois a quant à lui des cornes plus fines et recourbées, et son allure est plus proche de celle du chevreuil ou de l’antilope. Bien plus rare, le lynx est aussi présent dans les montagnes des Alpes. Il vit dans les forêts isolées, où il vient d’être réintroduit avec succès. Vous pourrez plus facilement apercevoir des chevreuils ou des renards. Les lièvres variables, dont la fourrure est blanche l’hiver et marron gris l’été, gambadent dans les alpages de haute altitude. Mais ces rois du mimétisme sont rares à observer.Tout aussi discrets sont les loups. Arrivés d’Italie au début des années 1990 à la suite d’une recolonisation dans le massif des Abruzzes, ils sont apparus pour la première fois dans le parc national du Mercantour. Leur nombre s’élèverait actuellement à 600 individus avec une présence plus marquée dans la vallée du Vénéon en Isère et dans les Aravis, entre Savoie et Haute-Savoie.Dans les airs, vous verrez aussi la magnifique perdrix des neiges (ou lagopède), la chouette de Tengmalm, l’aigle royal, ou bien encore le gypaète barbu – le plus grand rapace de France, d’une envergure de 2,80 m en moyenne, de retour dans la région grâce à un long programme de réintroduction. Citons aussi le tétras-lyre, drôle de petit coq sauvage assez peureux qui vit entre alpages et forêt.

Les arbres et les plantes

La flore alpine est très variée et s’étage sur plusieurs strates, correspondant chacune à un écosystème bien défini. De 200 à 1 000 m d’altitude, c’est l’étage collinéen. Le chêne et le hêtre dominent. Ensuite vient l’étage montagnard (de 1 000 à 1 500 m). Place au pin sylvestre, à l’épicéa, au sapin et au mélèze. En baissant les yeux, vous pourrez admirer rhododendron, buissons de myrtilles, lis martagon et lis commun (lis orangé). À partir de 2 000 m d’altitude on arrive à l’étage subalpin : c’est là que s’étendent les alpages, ces pâturages d’herbes et de fleurs auxquels les Alpes doivent leur nom. Le pin cembroy règne en maître, tout comme la gentiane acaule ou le chardon bleu. Enfin, entre 2 500 et 2 800 m, on parle d’étage nival. C’est le monde des roches et des glaciers. La végétation y est très rare.

Problèmes environnementaux

Réchauffement climatique

Le réchauffement climatique est plus important en montagne que dans les plaines : la hausse enregistrée est de 2°C depuis 1960, contre 1°C sur l’ensemble du territoire.Les conséquences en sont visibles. On observe d’abord un recul général des glaciers, au-delà même des prévisions les plus pessimistes élaborées il y a plusieurs années. Au cours du XXe siècle, la mer de Glace sur le massif du Mont-Blanc a par exemple perdu en moyenne 1,30 m d’épaisseur par décennie sur toute sa surface. Or les glaciers jouent un rôle crucial. Ces vastes réserves d’eau gelée ont vocation à régulariser et à alimenter les cours d’eau, qui approvisionnent à leur tour la faune et la flore, les hommes dans les villages, et les cultures dans les plaines.Du fait de ces températures de plus en plus chaudes, on observe une remontée générale des différentes strates de végétation. Les espèces qui poussaient autrefois à 1 000 m d’altitude se retrouvent désormais à 1 200 m, etc. Parallèlement, la limite pluie/neige a monté de 300 m ces cinquante dernières années. La zone glaciaire étant de plus en plus mince, les animaux qui y vivent doivent monter toujours plus haut pour se nourrir, ce qui pose des problèmes à des espèces comme la perdrix des neiges, le tétras-lyre ou le lièvre variable. Le problème étant plus criant pour les espèces de très haute montagne.Le réchauffement climatique a par ailleurs des conséquences sur l’”or blanc”, qui devient de plus en plus rare. Les stations de basse altitude le constatent déjà. Même si les premières chutes de neige sont parfois très précoces, les stations perdent en moyenne 1 cm de neige et une journée de neige par année. Dans trente ans, il faudra donc compter sur un mois d’enneigement en moins (soit un quart de la saison hivernale), et 30 cm de moins sur les pistes. Cela ne sera pas sans conséquence sur l’économie de la région, dont une part importante du PIB dépend directement du tourisme. Et l’utilisation de neige de culture, dont la production est très gourmande en eau et en énergie, ne saurait résoudre à elle seule le problème.

Pollution atmosphérique

Les Alpes font également face à un sérieux problème de pollution de l’air, dû notamment au transport de marchandises et d’hommes. Contrairement à la Suisse, où de grands parkings et des navettes souvent obligatoires attendent les touristes en bas des vallées, ici, la voiture individuelle est encore reine. À chaque période de vacances scolaires, d’interminables cortèges de touristes friands de sports d’hiver asphyxient les vallées en se rendant dans les stations. Les embouteillages sont impressionnants.Le fret est très important dans ce secteur, frontalier avec l’Italie. Les camions transitent par le tunnel du Mont-Blanc, mais surtout par celui de Fréjus, très fréquenté. Les gaz d’échappement émis par les véhicules se dissipent mal et ont tendance à stagner dans les vallées au moment des inversions de températures, c’est-à-dire quand le climat change.Sur les routes, soyez attentif aux injonctions à lever le pied et à réduire votre vitesse de 20 km/h. Ralentir la vitesse de chacun permet de diminuer un peu ce problème de pollution. Pour améliorer la qualité de l’air, nombreux sont les élus et les habitants qui réclament depuis longtemps le transbordement des camions vers le train.C’est là l’objectif de la liaison ferroviaire transalpine Lyon-Turin, une ligne de chemin de fer mixte (voyageurs et fret) à travers les Alpes, entre la France et l’Italie. En juillet 2021, les contrats du chantier pour la construction d’un tunnel de 57,5 km entre Saint-Jean-de-Maurienne (Savoie) et Suse (Piémont) ont été attribués. Sa mise en service est prévue pour 2030. La ligne mixte voyageurs/fret de 78km entre Lyon à Chambéry, ainsi que l’itinéraire fret de 62km, essentiellement souterrain, entre Avressieux (Savoie) et Saint-Jean-de-Maurienne sont encore à l’étude.

Du tourisme de masse au tourisme responsable

Rivières et lacs ont longtemps pâti de l’accroissement brutal de population dans les stations au moment des vacances. Conçus pour répondre aux besoins des habitants, les stations d’épuration et les systèmes de traitement des déchets ont dû être adaptés aux variations démographiques et en particulier au fort pic de fréquentation hivernal. De nets progrès ont été réalisés, mais les risques de pollution (dioxine, PCB…) sont encore là, et les poissons des lacs restent sous surveillance.En dehors de la question de la pollution de l’eau, un enjeu majeur est représenté par l’usage de l’eau lui-même. Canons à neige, barrages électriques, piscines, habitations dispersées en altitude, logements de masse dans les stations, agriculture… tout concourt à créer des tensions dans le cycle hydrologique. Un problème loin d’être résolu.De manière générale, les sports d’hiver tels qu’ils sont pratiqués à l’heure actuelle continuent d’avoir des conséquences sur l’environnement, mais ils sont à la base d’une économie florissante en Savoie Mont-Blanc. Il est donc difficile de remettre en cause la poule aux œufs d’or. Cela n’empêche pas des professionnels de plaider pour un tourisme “extensif doux”. L’oxymore peut prêter à sourire, mais plusieurs initiatives concrètes ont été mises en œuvre ces dernières années. Des navettes de transports en commun (le plus souvent gratuites) ont été mises en place dans les centres-villes et pour relier les stations entre elles. Du côté des restaurants, certains chefs se mettent au zéro déchets et plaident pour une alimentation locavore, quitte à ce que leur carte soit un peu moins diversifiée.Motoneiges électriques, fontaines à eau pour éviter les bouteilles en plastique, réduction de l’éclairage public… les initiatives se multiplient. Mais se sachant d’ores et déjà condamnées à ne plus être enneigées dans les années à venir, certaines stations ont pris le pli de la diversification et cherchent désormais des alternatives au tout-ski. Notamment en développant les activités sportives ou de nature comme le vélo ou la randonnée.Si vous souhaitez vous-même limiter votre impact sur les montagnes où vous aimez venir vous ressourcer, des actions sont à votre portée. Consultez par exemple le site des Mountain Ridersqui promeuvent un tourisme responsable, notamment par le label Flocon vert, attribué depuis 2011 à des stations vertueuses dont six sont situées dans les Alpes : Morzine Avoriaz, Les Arcs, Megève, Valberg, Chamrousse, La Pierre-Saint-Martin, la vallée de Chamonix et Châtel. L’Ademe (onglet particuliers et écocitoyens) regroupe aussi des ressources pour adopter des pratiques écoresponsables.

Conseils aux randonneurs

Les espèces menacées d’extinction sont nombreuses en Savoie Mont-Blanc. Le marcheur ne prêtant pas attention à la vie sauvage peut faire autant, sinon plus de dégâts qu’un chasseur. Ces quelques conseils de bon sens permettront de ne pas déranger les animaux sauvages : Évitez d’emmener des chiens, même en laisse, dans des secteurs sauvages. Ne cherchez pas à toucher les animaux.Évitez les mouvements brusques et parlez à voix basse. Ne les nourrissez pas.Ne cherchez surtout pas à les surprendre, utilisez plutôt des jumelles. Chaque animal a une distance de fuite qu’il faut veiller à bien respecter.Ne dérangez pas les nids et les terriers. Restez à distance des zones abritées susceptibles de comporter des nids, des litières, des zones de repos. Il s’agit par exemple des buissons, des pieds de falaises, des marais, des roselières, etc.Soyez vigilant quand vous croisez une termitière ou une fourmilière. Ne donnez surtout pas de coup de pied.Qu’il s’agisse de végétaux, de minéraux ou d’animaux (morts ou vivants), ne ramenez jamais de “souvenirs”. Laissez le biotope intact.En hiver, les animaux de la montagne sont en mal de nourriture et s’épuisent plus facilement. Il est impératif de ne pas les déranger. Ne suivez pas leurs traces et évitez les zones où ils sont susceptibles d’évoluer.

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