Le parc national de Butrint en Albanie.

Albanie

Parc national de Butrint

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Inscrit sur la liste du Patrimoine mondial par l’Unesco en 1992 – et seul site de toute la côte à bénéficier de ce classement –, dans une zone protégée par un parc national de 94 km2 , Butrint est une étape à ne manquer sous aucun prétexte. C’est un lieu magique à la fois par son emplacement, son environnement et son histoire, et où le temps semble suspendu. Presqu’île au sud-ouest du lac de Butrint, là où il communique avec la mer par le canal de Vivari, Butrint vue d’en haut ressemble à une feuille géante de nénuphar se détachant sur le fond bleu de l’eau.

Les premières traces de présence humaine remontent ici à 50000 ans av. J.-C., et le site a connu une occupation quasi ininterrompue entre 800 av. J.-C. et le XIXe siècle. Chacune des civilisations qui s’y est installée a conservé ce que la précédente avait édifié, d’où sa richesse archéologique. Rares sont les endroits à mêler aussi intimement nature et culture : sur les pas d’Énée qui, selon Virgile, y aurait séjourné, le visiteur qui parcourt tôt le matin les vestiges dispersés dans un écrin de verdure est environné par les chants des oiseaux, le coassement des grenouilles et la stridulation des grillons – une expérience inoubliable !

Que voir, que faire au Parc national de Butrint ?

Visiter le parc archéologique de Butrint

La presqu’île se parcourt en 2 heures environ, des sentiers ombragés reliant les différents monuments. Pensez à vous munir d’une bouteille d’eau, car il n’y a pas de structures de restauration sur place. Après la caisse, un sentier sur la droite mène à la tour vénitienne, construite au XVIe siècle. Continuez tout droit jusqu’aux ruines d’une grande villa romaine, le palais du Triconque. Le sentier tourne alors à angle droit sur la gauche pour se rendre au gymnase, lui aussi d’époque romaine, peut-être transformé en église par la suite.

Avant d’aller voir le baptistère, prenez à gauche du gymnase pour découvrir l’agora, le centre administratif de la cité grecque. Elle a été restaurée à l’époque romaine, ce qui est visible dans l’appareil utilisé : gros blocs de pierre pour les Grecs, briques pour les Romains. À côté se trouvent les thermes romains décorés de mosaïques géométriques, partiellement dissimulées sous des grillages et une couche de sable qui les protège des intempéries. Juste derrière se tient le merveilleux théâtre antique. C’est la pièce maîtresse du site archéologique, édifié au IVe siècle av. J.-C. par les Grecs et remis en état par les Romains. Il pouvait accueillir environ 2500 spectateurs. Le sanctuaire d’Asclépios complète cet ensemble.

Retournez sur vos pas, vers le gymnase, et entrez dans les bois : vous arriverez au baptistère. Construit au VIe siècle, c’est l’un des édifices les plus importants de la ville chrétienne. De plan circulaire, il comporte une double colonnade qui entourait la cuve baptismale et est orné d’un superbe pavement en mosaïque. Celui-ci est recouvert de sable par mesure de protection, sauf quelques semaines par an. Il est alors possible d’admirer ce décor d’une extrême finesse montrant des paons et des cerfs affrontés, ou encore des lièvres dans des médaillons. Plus loin, après une petite fontaine, s’élancent les arcades de l’église du VIe siècle (ou “grande basilique”). Mise au jour seulement dans les années 1970, elle est l’un des monuments les mieux conservés de Butrint. L’étude du bâti laisse à penser qu’elle a subi des modifications au IXe siècle. Elle a de nouveau été remaniée au XVIe siècle : elle a alors reçu une nouvelle façade, les colonnes de la nef ont été remplacées par des piliers, et le pavement en mosaïque a été recouvert de dalles en pierre.

De la grande basilique, on peut prendre le sentier qui s’enroule autour de la colline du château, en longeant les remparts érigés à l’époque hellénistique, au IVe siècle av. J.-C. Passez la porte du Lac et suivez les remparts en cherchant la porte du Lion. Elle est barrée dans sa hauteur par une pierre sculptée d’un bas-relief qui représente un lion tuant un taureau. Elle a été placée là au Moyen Âge, afin de ralentir d’éventuels assaillants. Remploi du VIe siècle av. J.-C. provenant sans doute d’un temple, c’est l’un des éléments les plus anciens du site. En montant en haut de la colline, où se trouvait autrefois l’acropole, vous verrez un château qui abrite un musée. Dès les années 1930, cet espace fut aménagé pour accueillir les objets trouvés lors des campagnes de fouilles entreprises par la mission italienne. Il a été entièrement réaménagé en 2005. Les objets rassemblés, venant de Butrint et des alentours, dont des bas-reliefs et des statues, sont présentés par ordre chronologique et couvrent l’histoire du lieu. La vue depuis la tour est fabuleuse : par temps clair, on voit toute la lagune, le canal de Vivari et Corfou.

Le lac de Butrint

Juste devant l’entrée du site, vous pouvez gagner la lagune en montant sur un bac à traille qui traverse le canal de Vivari. En face, le château vénitien, un fort triangulaire devenu gardien des ruines, est souvent fermé, mais prenez le temps d’en faire le tour et d’explorer la zone. Si vous êtes en voiture, vous pourrez partir de là pour le tour complet du parc national de Butrint, sur une route goudronnée la plupart du temps. Où que l’on regarde, la vue sur le parc est magnifique : mer et montagne se succéderont sous vos yeux, dans un cadre verdoyant Toujours dans les environs du site archéologique, vous trouverez sans difficulté le moyen d’embarquer sur le bateau de l’un des nombreux pêcheurs, seul moyen pour se rendre au château d’Ali Pacha (2500 lekë, 30 min). Au débouché du canal de Vivari dans la mer, ce petit édifice construit par les Vénitiens au tournant des XVe et XVIe siècles, détruit par les Français, aurait été reconstruit par Ali de Tepelen au début du XIXe siècle. Pendant la traversée, à faire si possible au coucher du soleil, vous verrez sur la côte les inévitables bunkers au milieu d’une nature luxuriante et sauvage. Le château, auquel on accède par une chaussée, présente une structure quadrangulaire cantonnée de tours. Quelques minutes vous suffiront pour l’explorer. Veillez à ne pas trop vous approcher des nids des goélands, ils pourraient se sentir menacés.

Comment aller à Butrint ?

En bus

Le billet de Saranda à Butrint coûte 100 lekë ; départ des bus toutes les heures de 6h30 à 17h10, via Ksamil.

En voiture et moto

Butrint n’est pas difficile à trouver : d’où que vous veniez, suivez les indications le long de la SH81 et vous arriverez directement à l’entrée du site archéologique. Au-delà, en continuant sur la nationale vers le sud, vous arriverez à la frontière grecque.

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