Kirghizistan

Kirghizistan : culture et traditions

Le terme kirghiz dérive de kyrk, pour les quarante tribus kirghizes de l’épopée de Manas, chacune d’entre elles étant représentée par une flamme sur le soleil du drapeau national. Les colons russes utilisèrent le terme kirghiz pour désigner de manière générale les Kirghiz et les Kazakhs, les premiers étant désignés initialement comme les Kara-Kirghiz, ou “Kirghiz noirs”.Le Kirghizstan compte environ 80 groupes ethniques, les trois principaux étant les Kirghiz (72%), les Ouzbeks (14%)et les Russes (6%). Les autres minorités comprennent Ukrainiens, Ouïghours, Kalmouks, Tatars et Dounganes (Hui musulmans originaires de Chine). Si, depuis 1989, on assiste à un départ massif des Slaves et des Allemands, les Kirghiz (avec les Kazakhs) restent sans doute le peuple d’Asie centrale le plus russifié. Le russe, lingua franca à Bichkek et dans le nord du pays, est toutefois moins parlé dans le Sud. Environ un cinquième des actifs travaillent à l’étranger, en majorité depuis la Russie, et envoient de l’argent à leur famille restée au pays.Les deux tiers de la population vivent en zone rurale. Toujours puissants, les liens claniques exacerbent les différences régionales, l’antagonisme culturel Nord-Sud constituant un important facteur d’instabilité sociale, tout comme les tensions ethniques entre Kirghiz et Ouzbeks. Si ces dernières passent généralement inaperçues aux yeux des visiteurs, elles ont engendré de violents affrontements, notamment en 1990 à Özgön, en mars 2005 à Bichkek et en juin 2010 à Och et Jalal-Abad.

Langue

On compte une trentaine de langues parlées au Kirghizstan. Leurs origines sont altaïques (turque), indo-européennes, sino-tibétaines, caucasiennes, ouraliennes et coréennes. Le kirghiz et le russe sont les langues majoritaires et officielles, mais les minorités linguistiques représentent 47% de la population. Il y a plus de Kirghiz (64,9%) que de locuteurs kirghiz (52,7%). Le kirghiz officiel est celui du Nord, lequel a subi les influences du mongole et du kazakh, dont il est très proche. Le kirghiz du Sud a subi celles de l'ouzbek, du farsi et du tadjik. Inversement, il y a plus de russophones (30,3%) que de Russes (12,5%) car de nombreuses communautés minoritaires (Ukrainiens, Allemands, Biélorusses, Arméniens, Géorgiens, Tatars, Coréens, Kurdes ou Bachkirs) utilisent le russe comme langue de communication.

Nourriture

Riz, savoureux assaisonnements, légumes, yaourt et viandes grillées: la cuisine centrasiatique ressemble à celle du Moyen-Orient ou de la Méditerranée. Les plats servis au Kirghizstan trouvent leur origine dans la cuisine nomade et sont donc principalement à base de viande (y compris d'abats), de produits laitiers et de pain. Les laghman (nouilles) épicées règnent en maîtres, sous l’influence des Dounganes (Chinois musulmans). Les hoshan, boulettes de pâte frites et cuites à la vapeur apparentées aux manty (raviolis), se dégustent tout chauds sur les marchés. Le yaourt vous laissera un souvenir impérissable. En dépit de leur héritage musulman, la plupart des Kirghiz boivent de l'alcool, du moins avec leurs invités. Si vous n'aimez pas les alcools forts (en général, de la vodka), mieux vaut vous en excuser à l'avance. On vous servira aussi peut-être du koumis, lait de jument fermenté et légèrement alcoolisé, disponible uniquement au printemps et en été, lorsque les juments mettent bas. En revanche, le bozo (alcool épais et mousseux à base de millet fermenté) est disponible toute l'année. Le thé, longuement infusé, est coupé d’eau bouillante et de lait au moment du service.

Religion

Les Kirghiz sont en majorité musulmans. Ceux du Nord, plus russifiés, suivent moins strictement la doctrine musulmane que leurs cousins du Sud. Néanmoins, on observe une montée rapide de l’observance des rites islamiques, en partie en réaction à la corruption présente dans le secteur laïc. Des communautés déclinantes de Russes orthodoxes survivent, en particulier à Bichkek et à Karakol, villes qui comptent chacune une cathédrale en activité.

Arts

Les instruments de la musique traditionnelle kirghize sont le luth (komuz), la vielle (kyl kyyak), les flûtes, les percussions, les guimbardes (temir komuz, ou jigach ooz à corde) et de longs cors.

Art du tapis en feutre

Typiquement kirghiz, les shyrdak, tapis colorés en feutre, sont assemblés par des femmes artisans à partir de pièces en laine de mouton ayant subi des semaines de lavage, séchage, teinture et traitement antiparasites. Les motifs appliqués représentent des végétaux (kotchkor mujuz), des cornes d’ibex (teke mujuz) ou des arabesques (kyal) dont le style est particulier à chaque région. Les couleurs vives sont apparues avec les teintures synthétiques dans les années 1960, mais les pigments naturels (feuilles de poirier et de framboisier, racines de dahlia et de bouleau) font leur retour. Un shyrdak fait main est couvert de points des coutures inégaux à l’envers, réguliers et serrés autour des motifs. Pour réaliser les ala-kiyiz (tapis aux panneaux colorés et flous), la laine est disposée selon le dessin souhaité sur une natte en chiy (roseau) puis arrosée d’eau chaude pour la feutrer et roulée jusqu’à ce qu’elle devienne compacte.Des coopératives de fabrication de feutre, à Bichkek, Karakol, Bokonbaevo et Kotchkor, proposent des démonstrations. Les étoffes sont souvent vendues par le biais du CBT ou d’autres bureaux de tourisme communautaire.

Cinéma

Le Kirghiz Aktan Abdykalykov est l’un des plus grands cinéastes d’Asie centrale. Il a notamment réalisé La Balançoire (1993), Le Fils adoptif (1998) et Le Singe (2001) présenté au festival de Cannes dans la sélection Un certain regard.Le film Tengri, le bleu du ciel (2009), de la Française Marie Jaoul de Poncheville, a été tourné au Kirghizstan ; il raconte l’histoire d’amour d’un pêcheur kazakh et d’une veuve kirghize.Retraçant le parcours de la dirigeante Kurmanjan Datka, La Reine des montagnes (2014), du réalisateur kirghiz Sadyk SherNiyaz, a rencontré un franc succès à l’international et a été nommé pour l’Oscar du meilleur film en langue étrangère.

Littérature

La littérature d’Asie centrale a été popularisée sous forme de chansons, de poèmes et de récits par des bardes itinérants appelés akyn. Parmi les plus célèbres, au XXe siècle, figurent Togolok Moldo (de son vrai nom Baïymbet Abdyrakhmanov), Sayakbaï Karalaïev et Sagymbaï Orozbakov.L’auteur contemporain le plus réputé est Chinguiz Aïtmatov (Tchinguiz Aïtmatov, 1928-2008). Parmi ses romans, tableaux édifiants de la vie et de la culture kirghizes, citons Djamilia (1967), Il fut un blanc navire (1970), Les Premières Cigognes (1975), Une journée plus longue qu’un siècle (1980), et Le Chien pie qui court au bord de la mer (1978), adapté avec succès par le cinéma russe en 1990.

L’épopée de Manas

Cycle de légendes orales vingt fois plus long que l’Odyssée, l’épopée de Manas raconte la naissance du peuple kirghiz, à travers le récit des épreuves imposées à Manas, batyr (guerrier héroïque) contraint de s’opposer à des hordes hostiles pour gagner une patrie pour son peuple. Des épisodes ultérieurs narrent les prouesses de son fils Semetey, de son petit-fils Seitek et de sa veuve Kanykei.L’épopée fut transcrite pour la première fois au milieu du XIXe siècle par l’ethnographe kazakh Tchokan Valikhanov et demeure aujourd’hui un pilier de la tradition orale. Les akyn capables de réciter Manas et d’improviser sur sa trame sont appelés manastchi. Selon la tradition, les authentiques manastchi découvrent leur vocation à l’issue d’une longue maladie ou d’un rêve bouleversant dans lequel le guerrier légendaire leur révèle leur mission.Depuis l’indépendance, l’épopée de Manas permet de rassembler culturellement les Kirghiz. Chaque ville ou presque possède sa statue de Manas. Bien que l’âge de la légende fasse débat, le Kirghizstan a fêté le 1 000e anniversaire de Manas en 1995. La légende attribue même au héros un tombeau près de Talas, où se rassemblent les pèlerins.

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