Guide de l'ouest du Kazakhstan !
L’ouest du Kazakhstan –tellement à l’ouest que sa partie au-delà de l’Oural se trouve en Europe– est une porte d’accès à l’Asie centrale lorsque l’on arrive du Caucase ou des régions russes de la Volga et de l’Oural. Les plus importantes réserves de gaz et de pétrole du Kazakhstan –Tengiz (pétrole), Karachaganak (gaz) et le pétrole offshore de Kachagan, sous la mer Caspienne– et une surabondance d’autres ressources minérales ont entraîné un boom économique dans les principales villes de l’Ouest; ailleurs, cependant, la population est assez clairsemée et le paysage désertique et steppique.
Pour les amateurs d’exploration, les déserts à l’est d’Aktaou, parsemés de mosquées souterraines, de nécropoles, de chameaux errants et de formations rocheuses spectaculaires, sont tout simplement parfaits. Les autres villes majeures –Aktaou, Aktobe et Ouralsk– présentent un intérêt limité pour le voyageur, sauf comme points de transit pour les transports terrestres. La région compte une heure de moins qu’Astana et le reste du pays, mais les trains utilisent le plus souvent l’heure de la capitale.
Aktaou
Ville de la mer Caspienne, Aktaou constitue la porte d’entrée de l’Asie centrale par voie aérienne depuis le Caucase et Istanbul, et un ferry irrégulier la relie à Bakou (Azer-baïdjan). Dotée de plages sablonneuses et d’un climat tempéré (plusieurs degrés au-dessus de zéro en janvier), elle jouit l’été d’une modeste activité touristique. On peut y passer agréablement un jour ou deux, mais ce sont surtout les sites et le paysage naturel de la région alentour, le Manguistaou, qui justifient le voyage.
Après la découverte d’uranium et de pétrole dans la région, les architectes soviétiques décidèrent en 1958 d’ériger à cet endroit isolé une cité modèle, aux rues larges et droites. L’uranium provenant d’une mine à ciel ouvert à 30km au nord-est alimentait le réacteur nucléaire d’Aktaou, qui générait l’électricité de la ville, faisait fonctionner son usine de dessalinisation et produisait de l’uranium enrichi à des fins militaires. Si l’exploitation minière de l’uranium, le nucléaire et les industries associées ont décliné dans les années 1990, Aktaou revit aujourd’hui grâce au pétrole et au gaz extraits sur les rivages de la Caspienne et off-shore.
La seule véritable rue possédant un nom est Kazakhstan Respublikasy Prezidentininy dangyly –on comprend pourquoi beaucoup l’appelle encore Lenina. Les adresses à Aktaou sont données par les numéros de mikroraïon (microdistrict) et dom (bâtiment): 4-17-29 signifie microdistrict4, bâtiment17, appartement29. Du mémorial du MiG, prenez l’escalier pour voir le front de mer balayé par la brise, mélange de falaises et de bandes de sable, qui abrite l’été des bars et café animés parfois doublés de discothèques en plein air. Au bout de la rue étroite et de la promenade piétonnière qui longent la côte sur 1km au sud. La plage de Dostar, la plus vaste et la plus populaire, se déploie à 4km au sud-est de là.
Musée régional. Récemment rénové, il abrite des expositions d’un intérêt relatif sur des sujets allant des poissons de la Caspienne aux débuts de l’industrie pétrolière du Manguistaou.
Briz-Aktau. Voguez sur les eaux bleues de la Caspienne à bord d’un beau catamaran de 12m à voile et à moteur de fabrication française. Manœuvrés par des professionnels, les bateaux Briz transportent jusqu’à 10passagers pour des croisières d’une heure et plus, voire avec nuit à bord. Tous comportent quatre cabines pour deux personnes ainsi qu’un coin cuisine. Ils mouillent au Yakht-Klub Briz (Mikrorayon1), d’accès pratique. L’agence reste joignable par téléphone en dehors des heures d’ouverture du bureau.
Environs d’Aktaou
Les déserts rocheux de la région de Manguistaou s’étendent sur 400km, d’Aktaou jusqu’à la frontière de l’Ouzbékistan. Ce labyrinthe de canyons spectaculaires, d’étranges formations érodées multicolores, de mystérieuses mosquées souterraines et d’antiques nécropoles commencent tout juste à être exploré, notamment par les archéologues. Une branche mineure de la route de la Soie traversait ce secteur désolé, et des sites sacrés, certains avec des attributs soufiques manifestes, occupent désormais les lieux où la population inhumait ses morts, lorsqu’il ne s’agit pas d’endroits où vivaient les “hommes saints”. Les mosquées souterraines étaient sans doute, à l’origine, des grottes-ermitages pour les ascètes qui se retiraient dans le désert.
Quelques sites sont reliés par divers transports publics, mais pour la plupart des autres destinations, il est nécessaire de faire appel à un chauffeur expérimenté et ayant un 4x4. Le trajet jusqu’à ces sites, sur des pistes cahoteuses qui traversent un décor désertique irréel, avec pour seule compagnie d’occasionnels troupeaux de chameaux ou de moutons, fait partie du plaisir du voyage. Partner Tour, à Aktaou, et Stantours et Silk Road Adventures, à Almaty, sont des tour-opérateurs chevronnés qui proposent des circuits dans cette région.
Chakpak-Ata est sans doute la mosquée souterraine la plus étonnante de la région. Cruciforme, avec trois entrées et quatre salles, elle a été creusée dans une falaise proche de la Caspienne, à 133km au nord d’Aktaou et 37km au nord-ouest du village de Taushik. Les derniers 11km, au nord de la route Taushik-Fort Chevtchenko, s’effectuent le long d’une piste caillouteuse et bosselée. Datant probablement du Xesiècle, l’édifice présente sur ses murs des inscriptions gravées en arabe, des colonnes sculptées, des niches érodées et des dessins de chevaux et de mains. En contrebas de la falaise truffée de niches funéraires se tient une nécropole de la même époque regroupant plus de 2000tombes.
La bourgade de Chetpe se trouve à 150km au nord-est d’Aktaou par un axe goudronné (2heures30 en minibus depuis la gare routière). Au bout d’environ 35km, à l’endroit où les routes de Chetpe et de Taushik se séparent, une route secondaire de 4km conduit à l’Otpan Taou (532m), point culminant du Manguistaou. Sur ce mont se tient un “complexe historico-culturel” moderne jouissant d’un beau panorama et comprenant trois tours à coupole dorée, un monument à l’effigie de la louve mythique dont descendraient les Kazakhs et une torche symbolique à l’emplacement où, selon la légende, étaient allumés des feux d’alerte.