Guide du nord du Kazakhstan !
C’est la partie la plus russifiée du pays, mais c’est également ici que se trouve la nouvelle et voyante capitale, Astana, clé de voûte du Kazakhstan moderne, prospère et cosmopolite de demain, tel du moins que l’envisage le président Nazarbaev.
Les steppes du Nord comptent aussi des zones d’une étonnante beauté naturelle: les lacs aux flamants roses de Korgaljyn; les collines, les forêts et les lacs des environs de Bourabaï ou les pittoresques monts Kyzylaraï au sud-est de Karaganda.
Les steppes planes du nord du Kazakh-stan sont restées quasi vierges jusqu’au XIXesiècle, fréquentées uniquement par les nomades kazakhs et leurs troupeaux. Au fur et à mesure que l’emprise de la Russie progressait vers le sud, des immigrants russes et ukrainiens arrivèrent pour cultiver les steppes –ils étaient plus d’un million en 1900. Pendant la période soviétique, les Kazakhs furent intégrés de force dans les fermes collectives, et de nouvelles villes industrielles, telles que Karaganda et Kostanaï, virent le jour pour transformer le charbon, le fer et d’autres minerais. Dans le même temps, plus d’un million de prisonniers politiques furent enfermés dans l’immense camp de travail KarLag proche de Karaganda. Au cours des années1950, de vastes régions de steppe furent converties en champs de blé dans le cadre de la campagne des Terres vierges de Khrouchtchev, attirant encore davantage de colons.
Dans les années 1950 également, la plupart des camps de travail furent fermés, mais beaucoup de survivants demeurèrent sur place. Depuis l’effondrement de l’Union soviétique, beaucoup d’Allemands, de Russes et d’Ukrainiens ont émigré, mais les Kazakhs représentent toujours moins d’un tiers de la population à certains endroits.
La période de mai à septembre se révèle la plus agréable pour visiter cette région au climat nettement continental. En janvier et février, Astana connaît des températures entre -11°C et -22°C, le vent glacial de la steppe accentuant encore la sensation de froid extrême.
Lac Bourabaï
Le lac Bourabaï (ex-Borovoe), à 240km au nord d’Astana, forme l’épicentre du pittoresque parc national de Bourabaï qui couvre 835km2 de plans d’eau, de collines, de pinèdes et d’étranges formations rocheuses qui ont donné naissance à plusieurs légendes kazakhes. Si l’hébergement et les services s’améliorent constamment, le projet d’une vaste station au bord du lac ne s’est pas encore concrétisé.
Le village de Bourabaï s’étire sur 2,5km le long de la rive nord-est. Sur la route principale, le centre d’accueil des visiteurs et musée de la Nature comprend notamment une exposition d’animaux naturalisés provenant des parcs nationaux du pays, deux DAB et des boutiques de souvenirs. Vous pourrez y acheter un plan du parc. Le droit d’entrée inclut le zoo voisin en plein air, où deux chevaux de Prjevalski, plusieurs cervidés (dont trois marals) et divers rapaces, ours, loups, argalis et yaks vivent dans de petits enclos.
Un sentier pédestre bien tracé longe la route sur 9km entre les parties sud-est et nord-ouest du lac, en passant par Bourabaï. Du village, il faut parcourir 4km vers l’ouest pour rejoindre Goluboï Zaliv (baie Bleue). Une légende fameuse relie le Jumbaktas, le rocher en forme de sphinx qui émerge de l’eau à cet endroit, à l’Okjetpes, l’impressionnant pilier rocheux de 380m qui se dresse sur la rive derrière lui. Au XVIIIesiècle, alors que l’armée d’Abilaï Khan combattait les Dzoungares, on raconte qu’une princesse fut capturée et conduite à Bourabaï, où nombre de guerriers kazakhs souhaitèrent l’épouser. La belle accepta d’accorder sa main au premier d’entre eux qui parviendrait à atteindre d’une flèche le sommet de l’Okjetpes. Tous échouèrent, d’où le nom du rocher qui signifie “hors d’atteinte des flèches”. Éperdue, la captive se noya dans le lac, donnant ainsi naissance au Jumbaktas (“pierre mystérieuse”).
À Goluboï Zaliv, on peut louer des barques pour ramer jusqu’au Jumbaktas. En continuant 1,75km plus loin autour du lac, on rejoint Polyana Abylay Khana (clairière d’Abilaï Khan), où le héros kazakh aurait rassemblé ses troupes au cours des campagnes dzoungares. Un haut monument surmonté d’un aigle le montre chevauchant un léopard des neiges. Un sentier au fond de la clairière mène en haut du mont Kokshetaou (947m), point culminant du parc, dont l’ascension nécessite environ 1heure30 de marche.
Plus facile et rapide à gravir, le mont Bolektaou procure une belle perspective sur le lac Bourabaï et, au nord sur le lac Bolshoe Tchebatchie. Comptez 30minutes par le sentier qui monte à droite juste avant la borne marquée Km4 à l’ouest du village de Bourabaï.
Les agences locales proposent divers circuits guidés (en russe) avec plusieurs participants dans le parc. Le relief en pente douce se prête au cyclotourisme. Pour louer un vélo, repérez les panneaux “Prokat Velosipedov” dans l’artère principale de Bourabaï.
Karaganda
Située en plein cœur des steppes, à 220 km au sud-est d’Astana, Karaganda doit essentiellement sa mauvaise réputation au charbon et au goulag. Les deux sont bien entendu intimement liés, les camps de travail (connus sous le nom de “KarLag”), qui entourent Karaganda ayant été créés sous Staline, dans le but de fournir de la nourriture et de la main-d’œuvre aux mines. Karaganda elle-même fut en majeure partie érigée par les forçats.
Durant la période de dépression des années1990, nombre des descendants d’Allemands déportés sous Staline ont émigré en Allemagne. Mais Karaganda a retrouvé depuis un dynamisme et une animation visibles. En témoignent ses quartiers centraux agréables, émaillés de parcs et de larges avenues arborées, le tout joliment illuminé le soir. Bukhar Jyrau dangyly, l’artère principale, coupe le centre-ville du sud au nord depuis les gares ferroviaire et routière.
L’écomusée de Karaganda, tenu par une ONG écologique, est sans doute le musée le plus imaginatif du pays. Toutes les pièces exposées peuvent être touchées, dont de grands morceaux de fusées, tombés dans la steppe à la suite des lancements spatiaux de Baïkonour, et des débris récoltés dans le polygone de Semipalatinsk. Le musée traite aussi, entre autres, de l’antilope saïga et de la sécurité chimique au Kazakhstan. Les visites guidées en anglais sont intéressantes (mieux vaut réserver). L’entrée est située derrière un panneau “Ortalykkazjerkoynauy” sur le côté du bâtiment de la Bank RBK.
Musée de l’Oblast de Karaganda. Récemment modernisé, le musée régional présente une vaste collection consacrée à l’histoire locale, avec notamment une section sur le KarLag. La visite guidée en anglais (150T) renforce beaucoup l’intérêt du lieu.
Parc central. Le verdoyant parc central, doté d’un lac, se déploie du nord au sud sur plus de 2km. L’entrée principale s’ouvre à mi-parcours de Bukhar Jyrau, du côté ouest.
Environs de Karaganda
Le village de Dolinka, 45km au sud-ouest de Karaganda, était le centre administratif du système de camps KarLag, dont le domaine s’étendait sur plus de 1200km2. Aménagées dans l’ancien quartier général, les 14salles de l’excellent musée du KarLag (musée des Victimes de la répression politique) donne un aperçu saisissant des souffrances endurées par les prisonniers, à travers des répliques de cellules, des dioramas, des peintures, des photos, des lettres et autres objets. Le taux de mortalité annuel dans les camps pouvait atteindre les 30%. Bien que les explications en anglais abondent, la visite guidée dans cette langue vaut largement la dépense; téléphonez pour réserver. Le village compte aussi d’autres vestiges du KarLag, dont l’hôpital, le dispensaire, le club des officiers et le cimetière des enfants de Mamochkino.
Spassk, 35km au sud de Karaganda sur la route d’Almaty, fut le site d’un camp du KarLag où des prisonniers de guerre furent détenus après la Seconde Guerre mondiale. Près de l’axe routier s’étend l’immense cimetière où reposent 5000d’entre eux, marqué par des groupes de croix sinistres et des monuments érigés par les pays dont des ressortissants moururent ici.
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