Depuis des décennies, Bali incarne la quintessence du paradis exotique. Cependant, la réalité est nettement moins idyllique. Les conditions de vie de nombreux Balinais sont en effet très précaires, même si l’île prospère grâce au tourisme et que la classe moyenne se développe.
L’image paradisiaque de l’île recèle néanmoins une part de vérité : aucun autre endroit de la planète ne ressemble à Bali, seule île hindouiste au sein du pays abritant la plus importante population musulmane au monde. La culture balinaise est unique et les habitants la mettent en avant avec fierté : après tout, il y a un peu plus de 100 ans seulement, 4 000 nobles balinais, vêtus de leurs plus beaux atours, préférèrent périr sous les tirs de l’armée néerlandaise plutôt que de se rendre et de devenir des sujets coloniaux.
Certes, le développement économique de l’île a modifié le paysage et provoqué des débats sans fin sur les conséquences du remplacement d’une société agricole par une industrie de services touristiques. Les spas, les discothèques, les boutiques et les restaurants haut de gamme de Seminyak et de Kerobokan font de l’hédonisme un mode de vie local, mais il suffit de gratter le vernis pour retrouver l’âme balinaise.
La créativité de l’île est omniprésente, et une pratique harmonieuse de la religion imprègne tous les aspects de la société, confortant l’identité communautaire. Les temples sont partout, dans chaque maison, chaque bureau, chaque village, sur les montagnes et les plages, dans les rizières, les arbres, les grottes, les cimetières, les lacs et les rivières. Mais loin d’être cantonnée aux lieux de culte, la religion peut se manifester n’importe où, parfois au beau milieu de la circulation pendant les heures de pointe.
Les us et coutumes à Bali
Si les Indonésiens tolèrent les comportements occidentaux, n'oubliez pas pour autant de respecter certains usages particuliers.
Ne tendez jamais la main gauche : rappelez-vous qu'elle est considérée comme impure. Utilisez les deux mains pour tendre quelque chose à une personne âgée, en signe de respect.
Évitez de parler avec les mains posées sur les hanches, geste équivalant à une expression de mépris, de colère ou d'agressivité dans la danse traditionnelle.
Veillez toujours à vous vêtir décemment : décolletés pour les femmes et shorts pour les hommes sont jugés incorrects ou vulgaires.
La tolérance balinaise
Les Balinais quittent rarement leur famille et leur village auxquels ils attachent une grande importance. Le coût d’un voyage à l’étranger est de toute façon prohibitif. Ils sont d’autant plus étonnés par l’attention que leur portent les visiteurs, mais cela renforce leur fierté. Ils sont par ailleurs réputés pour leur tolérance et leur hospitalité à l’égard des autres cultures.
D’une amabilité indéfectible, les Balinais aiment engager la conversation. L’anglais est très répandu, mais ils aiment entendre les touristes tenter de parler en bahasa indonesia ou de placer des expressions balinaises telles que “sing ken ken” (pas de souci). Essayez et vous vous ferez vite des amis. Leur sens de l’humour s’accompagne d’un tempérament accommodant. Ils n’apprécient pas les mouvements d’humeur et rient des étrangers “émotifs”, qui se mettent parfois en colère.
Quelle langue parle-t-on à Bali ?
La langue nationale, l'indonésien, ou bahasa indonesia, est très proche du malais. La plupart des Indonésiens s'expriment dans cette langue. Il existe aussi plus de 400 langues régionales et dialectes. Voici quelques expressions de bahasa indonesia.
Quelques mots d'Indonésien
oui : ya
non : tidak
merci : terima kasih
je vous en prie : kembali
bonjour (jusqu'à 11h) : selamat pagi
bonsoir : selamat malam
comment allez-vous ? : apa kabar ?
je m'appelle... : nama saya...
je viens de...: saya dari...
je suis marié(e) : saya sudah kawin
je ne suis pas encore marié(e) : saya belum kawin
toilettes: kamar kecil/WC (prononcer « way say »)
combien coûte ceci ? : berapa harga ?
je suis malade : saya sakit
docteur : dokter
dentiste : dokter gigi
hôpital : rumah sakit
Sachez que le pluriel en indonésien se forme en redoublant le mot. Exemple: orang, "un homme", orang orang, "des hommes". Vous voilà paré !
Les noms à Bali
Loin d’être simple, la logique des noms balinais peut échapper au profane. Au nom traditionnel de chacun viennent s’ajouter d’autres noms reflétant souvent la vie de la personne. Ces derniers permettent aussi de distinguer les homonymes.
L’attribution des noms traditionnels, qui sont mixtes, suit des règles simples. L’ordre des noms, avec des variations selon les régions et les castes, est le suivant :
- Premier enfant : Wayan (Gede, Putu)
- Deuxième enfant : Made (Kadek, Nengah, Ngurah)
- Troisième enfant : Nyoman (Komang)
- Quatrième enfant : Ketut (ou simplement Tut)
Beaucoup de familles se limitant désormais à 2 enfants, vous rencontrerez quantité de Wayan et de Made.
Les castes jouent également un rôle important dans l’attribution des noms et certaines particularités défi nissent clairement le statut social. Le système des castes de Bali est beaucoup moins complexe que celui de l’Inde.
- Sudra : Quelque 90% des Balinais appartiennent à la caste des paysans. Les noms sont précédés du titre “I” pour un garçon et “Ni” pour une fille.
- Wesya : La caste des bureaucrates et des commerçants. Gusti Bagus (masculin) et Gusti Ayu (féminin)
- Ksatria : Une caste supérieure, regroupant les descendants des familles royales et les guerriers. I Gusti Ngurah (masculin) et I Gusti Ayu (féminin), avec des titres supplémentaires comme Anak Agung et Deva.
- Brahman : Le haut du tableau : les professeurs et les prêtres. Ida Bagus (masculin) et Ida Ayu (féminin).
Un autre prénom complète le nom traditionnel et permet aux parents de laisser libre cours à leur créativité. Certains noms reflètent les espoirs qu’ils placent en leurs enfants comme I Nyoman Darma Putra, supposé être dévoué ou bon (dharma). D’autres s’inspirent de la modernité, tels I Wayan Radio, né dans les années 1970, et Ni Made Atom, dont les parents aimaient simplement la sonorité du mot.
Bali religion
L'hindouisme, la religion officielle
Religion officielle de Bali, l’hindouisme est ici très imprégné d’animisme et ne peut se comparer à l’hindouisme indien. Les Balinais vénèrent la trinité Brahma, Shiva et Vishnu, les trois incarnations du dieu (invisible) Sanghyang Widi, ainsi que les dewa (divinités ancestrales) et les fondateurs des villages. Ils vénèrent aussi les dieux de la Terre, du Feu, de l’Eau, des Montagnes, de la Fertilité, du Riz, de la Technologie et des Livres, sans oublier les démons peuplant les tréfonds des océans. Comme les Indiens, ils croient au karma et à la réincarnation, mais attachent moins d’importance aux autres coutumes hindoues. Il n’existe pas de “caste intouchable”, les mariages arrangés sont très rares et on ne marie pas les enfants.
La version balinaise de l’hindouisme apparut quand la dynastie hindoue Majapahit, qui gouvernait auparavant l’Indonésie, se retira à Bali alors que l’archipel s’islamisait. Si les Bali Aga (les premiers habitants de Bali) se réfugièrent dans les montagnes (notamment à Tenganan dans l’est de Bali) pour échapper à cette nouvelle influence, le reste de la population se contenta de l’adapter, ajoutant la foi des Majapahit à ses croyances animistes aux influences bouddhistes. Sur les flancs du Gunung Agung, le site le plus sacré de l’île, se dresse le Pura Besakih, où des cérémonies attirent fréquemment des centaines, voire des milliers, de fidèles. Des cérémonies plus modestes ont lieu tous les jours sur l’île pour apaiser les dieux, calmer les démons et conserver l’équilibre entre le dharma (les forces du bien) et l’adharma (les forces du mal).
L'Islam, la religion minoritaire
L’islam est une religion minoritaire à Bali, pratiquée essentiellement par des immigrants javanais ou des descendants des peuples marins de l’île de Célèbes (Sulawesi).
Les Sasak de Lombok, autrefois adeptes du wetu telu pratiquent désormais un islam modéré, comme dans beaucoup d’autres régions d’Indonésie. Ils observent les 5 piliers de l’islam : la profession de foi selon laquelle il n’y a de dieu qu’Allah et que Mahomet est son prophète, la prière 5 fois par jour, l’aumône aux pauvres, le jeûne du ramadan et le pèlerinage à La Mecque au moins une fois dans sa vie. Cependant, contrairement à d’autres pays musulmans, les femmes ne sont pas soumises à la ségrégation, le port du voile n’est pas obligatoire (même s’il se répand de plus en plus) et la polygamie reste rare.
Les offrandes à Bali
Si les touristes à Bali sont accueillis comme des hôtes de marque, les divinités, les ancêtres, les esprits et les démons restent les personnages les plus importants. Les Balinais leur font des offrandes tout au long de la journée en signe de respect et de gratitude, ou pour apaiser un démon maléfique.
Un présent fait à un être supérieur doit attirer son regard, si bien que chaque offrande constitue une œuvre d’art. La plus courante consiste en une feuille de palmier à peine plus grande qu’une soucoupe, sur laquelle sont déposés des fleurs, de la nourriture (du riz, mais parfois des crackers ou des sucettes) et quelques pièces de monnaie, surmontés d’un saiban (offrande pour un temple). Les sanctuaires plus importants et les grandes occasions exigent des offrandes plus recherchées telles que des pyramides de fruits ou de gâteaux ou même des animaux entiers, comme le babi guling (cochon de lait).
Une fois présentée aux dieux, l’offrande ne peut être ré-utilisée, aussi faut-il en confectionner tous les jours, une tâche habituellement réservée aux femmes. Vous verrez des offrandes prêtes à être assemblées sur les marchés.
Les offrandes destinées aux dieux sont placées en hauteur et celles pour les démons, sur le sol. Essayez de ne pas marcher dessus, mais si cela arrive, n’en faites pas un drame ; vu leur profusion, il est presque impossible de toutes les éviter. Au Bemo Corner à Kuta, les offrandes sont déposées devant le sanctuaire, au milieu de la route, et rapidement écrasées par les voitures. Partout sur l’île, des chiens rôdent autour des offrandes pour chiper les crackers de riz. Les dieux et les démons absorbant instantanément l’essence des offrandes, les chiens se contentent des restes !
Les arts à Bali
Le dynamisme de sa vie artistique fait de Bali et des îles de la région bien plus qu’une destination tropicale. Peinture, sculpture, danse balinaise et musique traduisent le talent naturel des Balinais, un héritage de l’ère Majapahit.
Une île d’artistes
Il n’existe aucun mot balinais pour “art” et “artiste”. Jusqu’à l’arrivée des touristes, l’expression artistique était en effet réservée à la religion et aux rites, et presque toujours l’apanage des hommes. Peintures et sculptures servaient uniquement à décorer les temples et les sanctuaires, tandis que la musique, la danse et le théâtre visaient à divertir les dieux de retour à Bali pour les cérémonies importantes. Contrairement à leurs homologues occidentaux, les artistes balinais ne cherchaient pas à se distinguer. Leurs œuvres reflétaient un style traditionnel ou une nouvelle idée, mais jamais leur personnalité.
Cela changea avec l’arrivée d’artistes étrangers à Ubud à la fin des années 1920 ; venus apprendre des Balinais et partager leur savoir-faire, ils contribuèrent à faire de l’art un commerce devenu très florissant aujourd’hui. Ubud demeure le centre artistique de l’île, où continuent d’affluer des artistes du monde entier et des autres régions d’Indonésie, des souffleurs de verre japonais aux photographes européens et aux peintres javanais.
Des galeries et des boutiques d’artisanat ont fait leur apparition un peu partout. Les peintures et les sculptures en bois ou en pierre y sont légion. Nombre de ces œuvres sont faites à la va-vite, et certaines sont assez vulgaires (difficile d’imaginer un pénis de 3 m de haut planté dans votre entrée), mais on peut en voir d’autres vraiment très intéressantes.
Voir aussi
Le catalogue des éditions Lonely Planet
L’évasion commence ici, découvrez nos guides et livres de voyage.