Assouan, la perle du Nil
Assouan a toujours eu un destin à part. Si les dirigeants du Nord, thébains, macédoniens et romains, ont souvent cherché à ignorer le Sud, ils ont en revanche toujours reconnu le rôle stratégique de cette ville-frontière. Les premières installations humaines sur l’île Éléphantine remontent au moins à 3000 av. J.-C. L’île, nommée Abou (“ivoire”) en raison du commerce qui y florissait, constituait une forteresse naturelle juste au-dessous de la première cataracte, première d’une série de six rapides entre Assouan et Khartoum.
Par la suite, Assouan est devenue un lieu d’exil ainsi qu’une zone de rassemblement militaire pour les troupes coloniales. La ville a également été l’une des premières destinations touristiques du monde, grâce notamment aux voyages de Thomas Cook sur le Nil, dès 1869. Assouan continue aujourd’hui d’être une place commerciale dynamique, une ville universitaire importante et une destination touristique. La communauté nubienne y est nombreuse, insufflant à la ville un charme singulier. Le rythme paisible et les paysages nilotiques sont tout simplement envoûtants !
Découvrir le centre-ville d'Assouan
La corniche d’Assouan s’étire le long du Nil et offre une promenade agréable au coucher du soleil, avec vue sur Éléphantine et le désert. À mi-chemin, une route mène au vieux marché (Sharia as-Souq), animé et parfumé, où l’on trouve épices, galabiyya, objets en feuille de palmier, artisanat nubien et henné de qualité. Plus on s’enfonce dans le souk, plus l’ambiance devient authentique. Près de la gare, le Nubia Tourist Book Center et le Hanafi Bazaar proposent livres sur la Nubie, paniers, amulettes, caftans et perles africaines dans une atmosphère conviviale.
S'évader sur l'île Éléphantine
Au cœur du Nil, l’île Éléphantine offre le plus beau visage d’Assouan : authentique, lumineuse et chargée de légendes. Dédiée autrefois au dieu Khnoum, elle abrite aujourd’hui les villages nubiens de Siou et Koti, parfaits pour une promenade entre ruelles ombragées, jardins, restaurants et boutiques d’artisanat. Des visites guidées mènent jusqu’à la maison-musée Animalia, consacrée à la culture nubienne. L’île offre aussi plusieurs maisons d’hôtes avec vue sur le jardin botanique, ainsi que le Panorama Restaurant du Mövenpick, réputé pour son panorama sur Assouan.
Plonger dans l'histoire au musée nubien
Le musée de la Nubie, inauguré en 1997 à Assouan, retrace l’histoire et la culture nubiennes à travers plus de 3 000 objets issus des opérations de sauvetage de l’Unesco lors de la création du lac Nasser. Conçu en granit rose par Mahmoud el-Hakim et lauréat du prix Aga Khan, le musée présente poteries anciennes, bijoux, couronnes, artefacts des tombes de Ballana et pièces coptes et islamiques. Une section explique la relocalisation de 22 temples menacés par le haut barrage et l’exode de milliers de Nubiens. Les dioramas illustrent la vie traditionnelle.
Visiter ou séjourner à l'hôtel Old Cataract, un joyau du patrimoine
L’Old Cataract, hôtel mythique d’Assouan, domine le Nil depuis une falaise face à l’île Éléphantine, aux tombes des Nobles et au mausolée de l’Aga Khan. Construit en 1899 par Thomas Cook, il séduit par son architecture victorienne, ses jardins et son embarcadère privé. Agatha Christie, Churchill, le tsar Nicolas II et de nombreuses célébrités y ont séjourné. Même sans y loger, on peut profiter de son célèbre thé en terrasse au coucher du soleil. L’hôtel propose aujourd’hui piscine avec vue sur le Nil, spa, salle de sport et restaurants haut de gamme.
S'offrir un voyage dans le temps à Philae
L’excursion vers le temple de Philae est l’une des plus belles d’Assouan : une courte traversée en bateau mène à l’île d’Agilkia, où se dressent les monuments dédiés à Isis. À l’origine situés sur l’île de Philae, ces temples sacrés — associés au mythe d’Osiris — furent déplacés par l’Unesco dans les années 1980 pour les sauver des eaux du barrage.
Le site, remarquable par son état de conservation, mêle héritage pharaonique, grec et romain. On y découvre le kiosque de Nectanébo II, la grande cour menant au temple d’Isis, le mammisi de Horus, des bas-reliefs finement sculptés, ainsi que les derniers hiéroglyphes connus (394 apr. J.-C.). Le temple d’Hathor et le kiosque de Trajan complètent la visite, tandis que les édifices romains tardifs témoignent de la transition entre culte égyptien et christianisme.
Admirer l'ancien barrage d'Assouan
Situé à 6 km en aval du haut barrage, l’ancien barrage d’Assouan mérite une halte. Construit entre 1898 et 1902 par l’ingénieur britannique Sir William Willcocks, il fut alors le plus grand barrage de sa catégorie : 2,4 km de long, 50 m de haut et bâti en granit d’Assouan. Conçu pour réguler le Nil et étendre les terres cultivables, il a été rehaussé deux fois pour répondre aux besoins croissants du pays. Il assura une part importante de l’énergie hydroélectrique de l’Égypte jusqu’à l’ouverture du haut barrage en 1970.
Explorer le temple de Kom Ombo
Situé à 45 km au nord d’Assouan, le temple de Kom Ombo, dressé au bord du Nil, est l’un des sanctuaires les plus singuliers d’Égypte. Construit à l’époque ptolémaïque, il est dédié à deux divinités : Sobek, le dieu crocodile, et Haroëris, une forme d’Horus. Cette double identité se reflète dans son architecture parfaitement symétrique, avec deux entrées, deux salles hypostyles et deux sanctuaires. Ses bas-reliefs finement sculptés montrent des scènes médicales uniques, dont l’un des plus anciens calendriers de soins connus.