
Plage de Tarifa en Andalousie © photooiasson - iStock
Mis à jour le : 10 octobre 2019
Si vous ne deviez choisir qu’une seule région pour saisir toute la beauté et la complexité de l’Andalousie, ce serait certainement Cadix. Dans la province la plus méridionale d’Espagne vous attendent montagnes escarpées, oliveraies, xérès corsé, festivals, flamenco dans son expression la plus pure, culture équestre, sans oublier la splendide Costa de la Luz, bordée de plages de sable doré et lieux de rendez-vous prisés des surfeurs.
Du fait de son emplacement à l’extrémité sud de l’Espagne, au point de rencontre entre Méditerranée et Atlantique, Tarifa se caractérise par une atmosphère et un climat différents de ceux du reste de l’Andalousie. Les vents forts de l’océan y attirent surfeurs, véliplanchistes et kitesurfeurs qui, en retour, confèrent à cette vénérable localité, moins petite qu’il n’y paraît, une image de décontraction et d’ouverture sur le monde. Dernière étape espagnole avant le Maroc, Tarifa en constitue de surcroît un bon avant-goût. De fait, avec ses rues chaulées sinueuses, ses remparts et son ambiance nord-africaine, la vieille ville, fouettée par le vent, pourrait facilement être prise pour Chefchaouen ou Essaouira. L’affluence qui la caractérise, tout particulièrement en août, fait aussi partie de son charme.
Oubliez tout le reste. Les initiés le savent, Jerez est l’Andalousie. La ville en fait simplement moins ostensiblement état que Séville et Grenade. Jerez est la capitale de la culture équestre andalouse, la première étape du célèbre “triangle du xérès” et – malgré les protestations de Cadix et de Séville – le berceau du flamenco. La bulería (style de flamenco), réponse légère et ironique de Jerez à la tragique soleá de Séville, fut élaborée dans les célèbres barrios gitans de Santiago et San Miguel. Mais Jerez est également une ville moderne et vibrante. Ses stylistes sont établis dans de vieux palais, tandis que sa clientèle d’affaires se retrouve dans les modestes tabancos (ptavernes de xérès) à savourer une cuisine singulièrement contemporaine et arrosée de fino. Pour tenter de résoudre l’énigme intemporelle qu’est l’Andalousie, commencez à Jerez.
Les voyageurs rentrant de Cadix évoquent avec nostalgie ses plages, ses monuments et ses musées, mais aussi ses délicieux fruits de mer. Ils gardent aussi, et surtout, un souvenir ému des Gaditanos (ses habitants), peuple franc et sociable, qui s’anime à la faveur de son exubérant Carnaval, durant lequel la gaieté, l’humour et les entraînantes chansons de flamenco (appelées alegrías) réchauffent le cœur et l’esprit.
Pour comprendre Cadix, il faut se familiariser avec ses quartiers (barrios). La vieille ville se divise comme suit : le Barrio del Pópulo, centre du village médiéval autrefois prospère, où se dresse la cathédrale ; le Barrio de Santa María, vieux quartier gitan et foyer du flamenco ; le Barrio de la Viña, ancien vignoble devenu principal quartier de pêche de la ville et l’épicentre du Carnaval ; et le Barrio del Mentidero, qui s’étale autour de la Plaza de San Antonio, au nord-ouest. Las Bicis Naranjas et Urban Bike proposent des visites guidées de la vieille ville à vélo.
Les mots viennent à manquer à la vue de Vejer. Perché au sommet d’une colline rocheuse surplombant la N340, à 50 km au sud de Cadix, ce paisible village blanc dégage quelque chose de très particulier. On y trouve l’habituel dédale de rues sinueuses dans le cœur historique, quelques points de vue spectaculaires, un château en ruine, une offre gastronomique étonnamment raffinée, une poignée d’hôtels merveilleux et une influence mauresque tangible, mais aussi quelque chose qui relève du domaine de l’émotion : un air mystérieux, un soupçon de duende (esprit), peut-être.
Les sommets déchiquetés de ce parc naturel s’élèvent brusquement au-dessus des plaines au nord-est de Cadix. Le parc renferme des gorges vertigineuses, des sapins rares, des orchidées sauvages et les plus hauts sommets de la province (à des hauteurs comprises entre 260 m et 1 648 m), dans un superbe cadre verdoyant. C’est la zone la plus humide d’Espagne (avec la Galice et la Cantabrie) avec une moyenne annuelle de 2 200 mm de pluie. Grazalema se prête à de belles balades – les meilleurs moments sont mai, juin, septembre et octobre. Pour les plus intrépides, les activités d’aventure ne manquent pas. Nommé (pour l’Espagne) première réserve de biosphère de l’Unesco en 1977, le parc de 534 km² s’étend au nord-ouest de la province de Málaga, incluant la Cueva de la Pileta.
On peut s’adonner dans ce splendide écrin naturel protégé à une kyrielle d’activités : randonnée (à pied, à vélo ou à cheval), spéléologie, kayak, escalade, observation d’oiseaux, parapente ou encore via ferrata. Pour les activités les plus techniques, faites appel à un guide auprès de Zahara Catur à Zahara ou Horizon à Grazalema, deux opérateurs jouissant d’une bonne réputation.
Tout ce que l’on imagine à propos des pueblos blancos prend corps à Arcos de la Frontera (33 km à l’est de Jerez) : un emplacement spectaculaire au sommet d’une falaise, un parador chic, une histoire frontalière mouvementée et une vieille ville paisible et pleine de mystère, aux arcs chaulés s’élançant au-dessus de ruelles tortueuses. Les bus touristiques et les constructions neuves s’y font rares, ce qui renforce le spectacle. Brièvement, au cours du XIe siècle, Arcos fut un royaume berbère indépendant. En 1255, le chrétien Alphonse X le récupéra pour le compte de Séville et le village resta “de la Frontera” (à la frontière), jusqu’à la chute de Grenade en 1492.
Sanlúcar est une de ces villes méconnues d’Andalousie dont la découverte tient d’une agréable surprise. En premier lieu, il y a la gastronomie : dans un vénérable quartier au bord de l’eau, Bajo de Guía, on peut déguster certains des meilleurs produits de la mer de la région. Ensuite, Sanlúcar se trouve à la pointe nord du célèbre “triangle du xérès” et ses bodegas authentiques, nichées dans les rues de la vieille ville, paisibles et jalonnées de monuments, produisent la manzanilla (un xérès particulièrement délicat). Enfin, située à l’embouchure du Guadalquivir, la ville offre un point d’accès plus tranquille et aisé au fabuleux Parque Nacional de Doñana (les entrées ouest, dans la province de Huelva, sont beaucoup plus fréquentées). Sanlúcar tire orgueil de son passé maritime ; c’est là que Christophe Colomb, pour son 3e départ et le Portugais Fernand de Magellan embarquèrent pour leurs voyages de découvertes.
La cité antique de Baelo Claudia constitue l’un des plus importants sites archéologiques romains d’Andalousie. En bord de plage, ces majestueuses ruines – avec belle vue sur le Maroc – comprennent les imposants vestiges d’un théâtre, un forum pavé, des thermes, un marché, la statue en marbre et les colonnes de la basilique, et des ateliers, dans lesquels étaient fabriqués les produits qui rendirent Baelo Claudia célèbre dans le monde romain : le poisson salé et le garum (condiment à base de restes poissons). Il y a un musée intéressant. La cité connut son apogée sous l’empereur Claude, de 41 à 54 ap. J.-C., mais entama son déclin au IIe siècle, à la suite d’un tremblement de terre.
À 16 km au sud-ouest de Vejer, le village décontracté de Los Caños de Meca s’étend le long d’une série de magnifiques plages de sable blanc. Jadis un paradis des hippies, Caños continue d’attirer des amoureux de la plage de tous bords et de toutes les nationalités – surtout en été – avec ses plages naturistes, sa culture alternative marquée d’hédonisme, et ses possibilités de kitesurf, planche à voile et surf.