Huaraz et les cordillères

Chavín de Huántar

Site le plus représentatif de sa période, le préclassique moyen tardif, vers 1200-500 av. J.-C., Chavín de Huántar est aussi le plus fascinant des centres religieux et cérémoniels disséminés dans les Andes centrales. Cette prodigieuse réalisation comporte de vastes édifices et un dédale de galeries souterraines (aujourd’hui éclairées). Bien que Chavín paraisse de prime abord moins imposant que Machu Picchu et Kuélap, l’endroit prend toute sa mesure dès lors que l’on découvre sa fantastique histoire à travers la visite du musée.

Le site de Chavín comporte une série de temples, en forme de pyramides tronquées, construits à différentes époques. Il est surtout connu par ses ornementations zoomorphes et anthropomorphes sculptées dans la pierre. La plupart des monuments visibles aujourd’hui datent de la grande période de construction qui s’échelonne entre 900 et 700 av. J.-C. Au centre se trouve Plaza Mayor, une vaste place excavée qui, comme partout dans le site, possédait son système de drainage par un réseau de canalisations extrêmement élaboré. Un large escalier, l’Escalinata Blanca y Negra, monte de la place vers le portique du plus imposant édifice, l’Edificio A – également appelé Templo Tardío (“Temple tardif”, en opposition au temple du Lanzón, bien plus ancien). L’Edifico A a résisté à plusieurs puissants séismes au fil des ans. Étagés sur 3 niveaux, maçonnés en pierre et en mortier (et incorporant parfois des blocs de pierre taillée), les murs étaient autrefois ornés de têtes-clous (pierres sculptées en forme de tête humaine combinée avec des traits d’animaux ou d’autres caractéristiques – peut-être induites par la prise de drogues hallucinogènes –, et se prolongeant par des pointes pour leur insertion dans le mur). Une seule de ces têtes-clous est restée en place, mais on peut en voir d’autres dans le musée.

Véritable prouesse technique, les galeries souterraines sous l’Edificio A forment un labyrinthe de souterrains, de conduits et de salles. Au cœur de cet ensemble se dresse un monolithe en granit blanc, superbement sculpté, haut de 4,50 m, le Lanzón de Chavín. On retrouve le style menaçant typique de Chavín sur les bas-reliefs du Lanzón, représentant un humain à la tête surmontée de serpents et à la dentition acérée comme celle d’un félin. Le temple le plus ancien (850 av. J.-C.), “El Templo Viejo” ou “Templo Lanzón”, renferme le Lanzón, probablement un objet de culte en raison de sa position centrale dans le centre cérémoniel ; il est parfois appelé le “Dieu souriant”, en dépit de son air inquiétant. La stèle Raimondi et l’obélisque Tello constituent d’autres remarquables exemples de l’iconographie gravée dans la pierre de Chavín.

Des curiosités architecturales, comme le positionnement des canaux de drainage ou les “miroirs” en charbon poli pour renvoyer la lumière, conduisent les archéologues de l’université de Stanford (Californie) à penser que ce sanctuaire était destiné à créer un effet de choc et de stupeur. Pour effrayer les fidèles, les prêtres utilisaient des effets visuels et auditifs. Ils soufflaient dans des conques qui faisaient écho, amplifiaient le son de l’eau coulant dans les canaux et réfléchissaient la lumière du jour par des puits de ventilation. Pour les désorienter encore davantage, on faisait sans doute ingérer aux novices des substances hallucinogènes, tel le cactus San Pedro, avant de les laisser pénétrer dans l’obscurité du labyrinthe.

Pour profiter au maximum de votre visite, le mieux est d’engager un guide ou de participer à une excursion organisée à la journée (transport inclus) depuis Huaraz. Cette seconde possibilité est de loin la plus satisfaisante avec un budget limité, même s’il faut pour cela partager le site avec les nombreux autres visiteurs. Pour goûter à la solitude, passez la nuit en ville et visitez les ruines en matinée. La Sala de Interpretación Marino González, près de l’entrée, est aussi une bonne source d’informations historiques.

9h-16h mar-dim
#ExperienceLonely