Érigée sur le site de l’ancien palais de Viracocha, la cathédrale fut bâtie avec des blocs récupérés du site inca voisin de Sacsayhuamán. Sa construction, commencée en 1559, dura près d’un siècle. À sa droite se dresse l’Iglesia del Triunfo (1536), et à sa gauche, l’Iglesia de Jesús María (1733).

La cathédrale contient l’une des plus belles collections d’art colonial de la ville, en particulier des peintures de l’escuela cuzqueña (école de Cuzco), qui se caractérisent par une étonnante combinaison des styles européens pieux du XVIIe siècle et de l’imagination et des coutumes d’artistes originaires des Andes. Ainsi verrez-vous fréquemment un portrait de la Vierge Marie portant une jupe en forme de montagne, avec une rivière au niveau de l’ourlet, ce qui l’identifie à la Pachamama (Terre Mère).

Exemple le plus frappant de ce style, La Última Cena, de Marcos Zapata, représente la Cène, mais tous les mets disposés sur la table sont typiquement andins. Le regard est attiré par le cochon d’Inde (cuy) rôti.

La plus ancienne peinture de Cuzco figure la ville lors du grand séisme de 1650. Les habitants défilent sur la place en portant un crucifix, priant pour que la terre cesse de trembler (ce qui, miraculeusement, se produisit d’ailleurs). Appelé El Señor de los Temblores (le Seigneur des Tremblements de terre), ce crucifix, noirci par les innombrables bougies votives allumées à son pied, est installé dans une alcôve, à droite de la porte qui mène à El Triunfo. Tous les ans, le jour du Lundi saint, le Señor est transporté lors d’une procession et les fidèles lui jettent des ñucchus, des fleurs qui ressemblent à des gouttelettes de sang et représentent les blessures de la crucifixion. Les fleurs laissent un résidu collant sur lequel se fixe la fumée des bougies votives allumées sous la statue, d’où sa couleur noire. Mais la légende veut qu’il soit sous sa chemise aussi blanc qu’au premier jour.

Des portraits des évêques de Cuzco tapissent la sacristie, à commencer par Vicente de Valverde, le religieux qui accompagna Pizarro dans sa conquête. La Crucifixion, au fond de la sacristie, serait l’œuvre du peintre flamand Antoon Van Dyck (1599-1641) – certains guides affirment qu’on la doit à Alonso Cano, un Espagnol du XVIIe siècle. L’autel d’origine, en bois, se dresse au fond de la cathédrale, derrière l’actuel autel en argent, en face du chœur magnifiquement sculpté du XVIIe siècle. De nombreuses chapelles latérales, riches d’or et d’argent, sont ornées d’estrades et d’autels élaborés qui contrastent avec l’architecture par ailleurs austère de la cathédrale.

Les énormes portes principales ouvrent aux fidèles de 6h à 10h. Les fêtes religieuses ajoutent encore à la splendeur de la cathédrale. Lors de la Fête-Dieu, de multiples piédestaux supportent des grandes statues de saints, entourées de milliers de bougies, et des musiciens les honorent en jouant des airs andins funèbres.

Plaza de Armas ; 10h-18h ; Triunfo s/n
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