La côte sud du Pérou

Lignes de Nazca

Tracées dans la Pampa Colorada (plaine Rouge), une plaine aride de 500 km2 jonchée de pierres, les lignes de Nazca sont l’un des plus grands mystères archéologiques du monde. Constituées de plus de 800 lignes droites, de 300 figures géométriques et de quelque 70 dessins spectaculaires d’animaux et de plantes (biomorphes), les lignes de Nazca se discernent à peine au niveau du sol. Ce n’est qu’en les survolant que l’on découvre le stupéfiant réseau de gigantesques figures stylisées qui, pour la plupart, partent d’un axe central.

Les géoglyphes ont été tracés en ôtant les pierres sombres, brûlées par le soleil, et en les empilant de chaque côté des lignes pour révéler un sol plus clair, riche en gypse. Les dessins les plus élaborés représentent des animaux, dont un lézard long de 180 m, un singe à l’extraordinaire queue en spirale et un condor de 130 m d’envergure. On reconnaît aussi un colibri, une araignée et l’“astronaute”, un curieux personnage à la tête en forme de bocal. Certains pensent qu’il s’agit d’un prêtre à tête de chouette.

La question demeure : qui a tracé ces lignes et pourquoi, et comment pouvait-on se rendre compte de l’avancement des dessins alors que les lignes ne se distinguent que du ciel ? Pour Maria Reiche (1903-1998), une mathématicienne allemande qui a mené des recherches approfondies, ces lignes auraient été réalisées par les cultures de Paracas et de Nazca entre 900 av. J.-C. et 600 de notre ère, certains ajouts revenant aux Huari qui descendirent des hauts plateaux au VIIe siècle. Elle pensait que les lignes constituaient un calendrier astronomique utilisé pour l’agriculture, et qu’elles furent tracées grâce à des formules mathématiques sophistiquées (et à une longue corde). Toutefois, les quelques alignements qu’elle constata entre le soleil, les étoiles et les lignes ne suffirent pas à convaincre d’autres experts.

Plus tard, le documentariste anglais Tony Morrison supputa que les lignes étaient des chemins reliant des huacas (sites cérémoniels). Selon une suggestion plus fantaisiste de l’explorateur Jim Woodman, les Nazcas savaient construire des montgolfières et pouvaient observer les lignes depuis les airs. Selon l’écrivain George von Breunig, les lignes seraient une gigantesque piste de course.

Une théorie plus prosaïque a été énoncée par l’anthropologue Johann Reinhard, qui supposait que, étant donné l’importance de l’eau dans ce désert aride, les lignes correspondaient à un culte de la montagne, de l’eau et de la fertilité. Des travaux de la Fondation Suisse-Liechtenstein confirment que les géoglyphes seraient dédiés au culte de l’eau ; selon cette théorie, la chute de la culture nazca serait due non à la sécheresse, mais à des pluies dévastatrices provoquées par un phénomène de type El Niño !

Une chose est certaine : quand les Nazcas commencèrent à transformer leur désert en œuvre d’art, ils lancèrent un débat qui devrait encore occuper les archéologues pendant des décennies, voire des siècles.

SLSA ; www.slsa.ch
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