Inde du Nord

Fort d’Agra

En parcourant cour après cour cette citadelle de grès rouge et de marbre au bord de la Yamuna, l’un des plus beaux forts moghols du pays, on ne peut qu’être frappé par ses dimensions.

Entrepris par l’empereur Akbar en 1565, le monument fut agrandi par la suite, notamment par son petit-fils Shah Jahan, qui utilisa le marbre blanc, son matériau de prédilection. À l’origine dévolu à des fonctions militaires, le fort fut transformé en palais par Shah Jahan ; il devint ensuite sa prison dorée pendant huit ans, après que son fils Aurangzeb l’eut détrôné en 1658.

Les doubles remparts massifs, de plus de 20 m de hauteur, mesurent 2,5 km de circonférence. La Yamuna coulait à l’origine le long de la muraille est, où des ghats (marches ou gradins donnant accès à la rivière) étaient réservés aux empereurs. À l’intérieur, un dédale de bâtiments forme une ville dans la ville, avec de vastes sections souterraines. De nombreux édifices ont été détruits au fil des ans par Nadir Shah, les Marathes, les Jat et les Britanniques, qui transformèrent le fort en lieu de garnison. Aujourd’hui encore, une grande partie du fort est utilisée par l’armée (cette zone est interdite au public).

Amar Singh Gate, au sud, est actuellement l’unique entrée du fort ; on y trouve la billetterie. Sa structure coudée visait à dérouter les attaquants qui avaient franchi la première ligne de défense, des douves infestées de crocodiles.

Une allée processionnelle sans fioritures mène à une porte et, sur la droite, à l’immense palais de Jahangir, tout de grès rouge. Devant le palais se trouve le Hauz-i-Jehangir, un bassin d’ablutions sculpté dans un bloc de pierre, à hauteur d’homme. Le palais fut probablement érigé par Akbar pour son fils Jahangir. Avec ses piliers de pierre, ses dômes délicats et ses arches, il mêle le style indien aux canons architecturaux d’Asie centrale, et rappelle ainsi les racines des Moghols.

Plus loin, le long du rempart est, le Khas Mahal est un superbe pavillon de marbre, pourvu d’un bassin, où vécut Shah Jahan. Les arches et les parois en sont finement sculptés. Patio, terrasse et fenêtres ouvragées offrent une belle vue sur le Taj.

La grande cour du harem, l’Anguri Bagh, est redevenue un jardin moghol. Dans la cour, une porte insignifiante, désormais verrouillée, donne sur un escalier qui descend vers un labyrinthe souterrain de pièces et de couloirs aménagés sur deux niveaux, et où Akbar hébergeait son harem de 500 femmes. Dans l’angle nord-est de la cour, on aperçoit le Shish Mahal (palais des Miroirs), aux murs incrustés de miroirs minuscules.

Juste au nord du Khas Mahal se dresse la Mathamman (Shah) Burj, superbe tour octogonale palatiale de marbre blanc. Shah Jahan y fut emprisonné durant les huit dernières années de sa vie, contemplant depuis ses fenêtres le Taj Mahal, dernière demeure de sa femme, qu’il rejoignit à son décès, en 1666, quand sa dépouille y fut transportée en bateau depuis sa prison. Désormais fermée, la Mina Masjid était sa mosquée privée.

Au bout de la cour, le long de la muraille est du fort, le Diwan-i-Khas (salle des Audiences privées) était réservé aux hauts dignitaires et aux ambassadeurs étrangers. Il renfermait le trône du Paon incrusté de pierres précieuses, dont le célèbre diamant Koh-i-noor (le diamant orne actuellement la Couronne britannique). Aurangzeb emporta le précieux siège à Delhi, d’où il fut transporté en Iran en 1739 par Nadir Shah, puis démantelé après l’assassinat de ce dernier en 1747. Surplombant le fleuve et le Taj Mahal au loin, le Takhti-i-Jehangir, une énorme dalle de roche noire, porte une inscription sur son pourtour. Le trône jadis installé ici fut réalisé pour Jahangir alors qu’il était le prince Salim.

Plus loin, sur le côté nord de la cour, une porte s’ouvre sur la ravissante petite Nagina Masjid, la mosquée du Joyau, toute de marbre blanc, édifiée par Shah Jahan en 1635 pour les dames de la cour, qui faisaient leurs achats au bazar des Dames, en contrebas. Près de la sortie de la mosquée, une porte dérobée débouche, en contrebas, sur le Diwan-i-Am (pavillon des Audiences publiques), où Shah Jahan traitait des affaires intérieures. Ses arches en forme de coquillage mènent à une superbe salle du trône, où l’empereur écoutait les requêtes de ses sujets. Devant, la petite tombe de John Colvin, un lieutenant- gouverneur des provinces du Nord-Ouest mort de maladie dans le fort pendant la révolte des Cipayes de 1857, paraît quelque peu incongrue. Plus au nord, enfin, la Moti Masjid est actuellement fermée au public. De là, retournez sur vos pas pour regagner la porte Amar Singh Gate.

Du Taj, on peut se rendre au fort à pied, par le verdoyant Shah Jahan Park, ou en autorickshaw pour 80 ₹. Il est interdit d’entrer avec de la nourriture. Le fort ouvre 30 minutes avant le lever du soleil, soit 15 minutes après l’ouverture de la billetterie. Dernière entrée 30 minutes avant le coucher du soleil.

Lal Qila ; aube-crépusculeporte d’Amar Singh

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