Plus de 90 ans après la mort de son créateur Antoni Gaudí, les travaux de ce chef-d'œuvre moderniste emblématique de Barcelone se poursuivent. Inspiré par la nature, ce temple, dont les accents gothiques peinent à tempérer une débordante extravagance, s’élance vers le ciel avec majesté et espièglerie. Franchir ses portes revient à entrer dans un conte de fées : une forêt de colonnes et de troncs soutient le plafond et une lumière chatoyante traverse de splendides vitraux. Truffée de symbolisme et de détails superbement travaillés, la basilique promet une longue contemplation.
Inscrite au Patrimoine mondial de l'Unesco, l'œuvre magistrale de Gaudí, subjugue par sa verticalité, sa riche iconographie et sa modernité intacte. Cette basilique en construction depuis 1882 devrait être achevée en 2026. Elle attire plus de 4,5 millions de visiteurs par an, ce qui fait d'elle le monument le plus fréquenté d'Espagne !
La Sagrada Família : l'œuvre d'une vie
C'est à ce Temple Expiatori de la Sagrada Família (temple expiatoire de la Sainte Famille) qu'Antoni Gaudí a consacré 43 ans de sa vie. Mandaté par une société conservatrice souhaitant bâtir un sanctuaire pour expier le matérialisme qui gagnait la ville, l'architecte finit par concevoir sa tâche comme une mission sacrée. Et, lorsque les fonds commencèrent à se tarir, il n'hésita pas à puiser dans ses propres réserves et à solliciter des dons. Gaudí conçut un édifice de 95 m de long sur 60 m de large, pouvant accueillir 13 000 fidèles, avec une flèche centrale de 170 m de haut et 17 autres tours de 100 m ou plus. A la mort accidentelle de Gaudí, en 1926, seuls les murs des absides, la crypte, un portail et une tour étaient terminés.
Les travaux reprirent en 1952, mais une polémique a toujours entravé leur progression. Les opposants à la poursuite de la construction clament que les modélisations informatiques basées sur les rares plans de Gaudí qui subsistent ont accouché d'un monstre très éloigné du projet initial et du style de l'architecte.
L'intérieur, l'abside et la crypte de la basilique
La couverture de la nef, achevée en 2010, est soutenue par une forêt de piliers aux angles extraordinaires, particulièrement innovants, qui s'élancent vers le toit et supportent une multitude de ramifications évoquant une canopée. Les piliers sont constitués de quatre type de pierre : pierre tendre de Montjuïc pour ceux des bas-côtés ; granit, basalte gris sombre et porphyre rouge foncé d'Iran pour les colonnes principales à la croisée du transept. Le vitrail, aux teintes rouges, bleu, vert, jaune et ocre, crée une atmosphère magique et hypnotique quand le soleil filtre à travers.
Sous l'abside, une vitre permet de voir la crypte, dans laquelle Gaudí fut enterré le 12 juin 1926. Construite entre 1882 et 1889, elle est la partie la plus ancienne de la structure et on la doit en grande partie au premier architecte de la basilique, Francisco de Paula del Villar y Lozano. Ce lieu où l'on célèbre désormais la messe n'est accessible que durant les heures de culte.
La façade de la Nativité et Claustre del Roser
Achevée en 1905, la façade de la Nativité (Façana del Naixement), au nord-est, est l'un des fleurons de l'édifice. L'essentiel en fut réalisé sous la supervision de Gaudí. Les quatre tours sont destinées à accueillir des cloches tubulaires capables de jouer une musique complexe à un volume sonore puissant. Leurs parties supérieures portent des mosaïques dessinant les mots "Sanctus, Sanctus, Sanctus, Hosanna in Excelsis, Amen, Alleluia". Les trois portails représentent, de gauche à droite, l'Espérance, la Charité et la Foi. Parmi le foisonnement de sculptures, de nombreux visages ont été exécutés à partir de moulages en plâtre faits sur la population barcelonaise.
En haut, un cyprès offre un refuge symbolique aux colombes de la paix qui parsèment le décor végétal. A droite de la façade se trouve le Claustre del Roser, un mini-cloître de style néogothique à l'extérieur de l'église. Son portail achevé en 1897 est considéré comme un guide laissé par Gaudí pour les futurs bâtisseurs.
La façade de la Passion et les écoles de Gaudí
Au sud-ouest, la façade de la Passion (Façana de la Passió) coiffée de quatre tours évoque les derniers jours du Christ. Réalisée entre 1954 et 1978 d'après des dessins de Gaudí, elle ne fut officiellement achevée qu'en 2018. De 1986 à 2006, le sculpteur Josep Maria Subirachs (1927-2014) travailla à la décoration du portail. Sans chercher à imiter Gaudí, il a produit des images fortes et controversées. Elles ont été disposées en forme de S sur trois niveaux, de la Cène (en bas à gauche) à la mise au tombeau (en haut à droite).
Juste en face, les Escoles de la Sagrada Família, un petit bâtiment bas au toit en brique savamment ondulé, fut conçu par Gaudí en 1909 pour accueillir une école destinée aux enfants des ouvriers travaillant sur le chantier.
La façade de la Gloire et les tours centrales de la Sagrada Família
Gaudí voulait que la façade de la Gloire (Façana de la Glòria), côté Carrer de Mallorca, soit la plus grandiose. Elle devrait être la dernière section à être achevée et deviendra l'entrée principale de la basilique. Comme les trois autres façades, elle sera couronnée par quatre tours (au total, les 12 tours représenteront les 12 apôtres). A l'intérieur se trouvera un narthex (vestibule) formé de 16 "lanternes", ensemble d'hyperboloïdes surmontés par des cônes.
L'extrêmité nord-ouest du bâtiment s'articule autour de six tours centrales. La première, la Torre de la Mare de Déu, haute de 138 m, a été achevée fin 2021 et est surmontée d'une énorme étoile à 12 branches. Quatre des six tours centrales, symbolisant les quatre évangélistes, atteindront 135 m de haut. Elles entoureront toutes l'énorme tour centrale de 172,5 m située au-dessus du transept, qui représente le Christ (et à l'intérieur de laquelle se trouve un ascenseur).
Les ajouts ultérieurs feront de l'édifice un symbole microcosmique de l'Eglise chrétienne, presque aussi haut que Montjuïc.
Informations pratiques
Adresse : C/ de Mallorca, 401, L'Eixample, 08013 Barcelona, Espagne
Consultez le site de la Sagrada Família.
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