Le site mégalithique de Filitosa, le plus connu de l’île, mérite amplement une visite. On le sait peu, mais la Corse est la première région européenne par la quantité et la qualité de la statuaire mégalithique. Filitosa concentre ainsi des vestiges dont l’histoire s’étale sur une très longue période : du néolithique ancien (VIe millénaire av. J.-C.) à l’occupation romaine. Particulièrement bien mis en scène grâce à une série de bornes sonores, le site dévoile de nombreuses statues-menhirs de l’époque mégalithique qui remontent à environ 1800 av. J.-C. Ces monolithes de 2 à 3 m de hauteur, taillés, polis et sculptés dans le granit, figurent des statues anthropomorphes munies d’un nez, d’yeux et dotées d’armes (épée, poignard). Découvert en 1946 par le propriétaire du terrain, Charles-Antoine Cesari – dont la famille gère l’accueil –, le site fut notamment fouillé par Roger Grosjean (1920-1975), archéologue du CNRS qui fit longtemps autorité sur le site. Filitosa est cependant loin d’avoir livré tous ses mystères.
La visite du site préhistorique
Après avoir acquitté le droit d’entrée, on dépasse le bâtiment du musée, que l’on découvrira en fin de visite, pour aller vers la statue-menhir Filitosa V (c’est en fait une copie, la statue originale étant exposée dans le musée). Reconnaissable à sa tête rectangulaire, elle est la plus volumineuse et la mieux “armée” de Corse. Continuez le chemin en obliquant à gauche vers le monument est et le monument central (torre), circulaire, et ses six petites statues, parmi lesquelles figure Filitosa IX, dont le visage est considéré comme un chef-d’œuvre d’art mégalithique. Le monument ouest, où un amoncellement de pierres forme la cavité d’une torre, se dresse quelques mètres plus loin, avant que le sentier descende et enjambe le cours d’eau pour atteindre le clou de la visite : cinq statues-menhirs alignées en arc de cercle au pied d’un olivier vieux de 1 200 ans. Derrière cet arbre s’étend une petite carrière de granit qui aurait fourni son matériau aux sculpteurs et un rocher ressemblant à la tête d’un dinosaure.
La signification de ces mégalithes reste obscure. Marquaient-ils l’appropriation d’une communauté sur le territoire ? Avaient-ils une fonction rituelle ? Après avoir fait longtemps autorité, la “théorie des Shardanes”, qui voyait dans ces guerriers des envahisseurs, est aujourd’hui abandonnée, et les chercheurs considèrent désormais que les statues-menhirs représentent des chefs locaux. Quant aux torre, ces édifices monumentaux circulaires, dont on voit des exemples au centre et à l’ouest du site, leur rôle est tout aussi mystérieux.
Le musée de Filitosa
Concluant la visite, le musée, installé dans un bel espace moderne en acier, pierre et verre de 400 m2 , a ouvert en 2020, après des années de travaux. Outre les statues originales Filitosa V et VI, on y trouve d’intéressants éclairages sur Roger Grosjean, l’histoire du néolithique à l’âge du fer et l’évolution des théories liées à l’origine des statues et monuments. De grands écrans interactifs donnent des informations sur les nombreux vestiges exposés dans les vitrines : pointes de flèches, objets en terre cuite et autres fragments vieux de plusieurs milliers d’années, comme les impressionnantes haches polies du néolithique datées de 5800 av. J.-C. Gardez du temps pour le musée, car il offre un intéressant complément d’information à la visite.
Quand visiter Filitosa ?
Le site de Filitosa, bien ombragé, se visite facilement à toute heure de la journée, mais la fin de matinée est sans doute le meilleur moment car alors le soleil est haut, les statues sont mieux éclairées. Des visites guidées sont proposées en saison (une le matin et une autre l’après-midi), mais les bornes sonores et le système de QR codes qui jalonnent le parcours permettent déjà d’avoir des explications très détaillées.