Sous ses airs de forteresse, la co-cathédrale Saint-Jean cache un joyau baroque exubérant, datant de sa refonte au XVIIe siècle. Œuvre de Gerolamo Cassar, l’édifice construit entre 1573 et 1578 remplaça l’église Saint-Laurent de Vittoriosa comme lieu de culte des chevaliers.
Dans la nef, longue et étroite, chaque mur, chaque pilier, chaque nervure est riche de décor. Du sol, immense patchwork de pierres en marbre (347 au total) aux peintures de la voûte en berceau, en passant par le chœur, l’ensemble produit un effet grandiose. La cathédrale compte huit chapelles dédiées aux langues (maisons des chevaliers) de l’ordre de Saint-Jean, qui primaient à cette époque sur le pays d’appartenance.
On l’appelle co-cathédrale Saint-Jean car elle n’a pas d’évêque. L’unique cathédrale de l’archipel maltais se situe à Mdina.
Les différentes chapelles de la cathédrale
Chapelle de la langue d’Allemagne
Des pièces d’or (principalement des florins hollandais) furent fondues, et le précieux métal fut appliqué sur le calcaire à globigérine de la cathédrale. Cette explosion de dorures est couronnée par un emblématique aigle à deux têtes.
Chapelle de la langue d’Italie
Dans un superbe style baroque, Le Mariage mystique de sainte Catherine de Mattia Preti surplombe le mausolée en marbre polychrome à la mémoire du grand maître Gregorio Carafa.
Chapelle de la langue de France
Cette chapelle contrastant par son austérité compte quatre somptueux mausolées. Un retable de Mattia Preti représente la conversion de saint Paul en chemin vers Damas. Des fleurs de lys, emblèmes des rois de France, et des croix de Malte ornent les murs.
Chapelle de la langue de Provence
Avec son retable représentant l’archange saint Michel menant les armées de Dieu contre Satan, cette chapelle abrite les tombeaux des grands maîtres Antoine de Paule et Jean Lascaris-Castellar. Un escalier descend à la crypte (souvent fermée) où sont enterrés les 12 premiers grands maîtres, dont Jean Parisot de la Valette.
Chapelle de la langue anglo-bavaroise
Aussi appelée chapelle des Saintes-Reliques, car elle en possédait avant de les restituer à Henri VIII lorsqu’il fit sécession avec l’Église catholique, puis se rallia à la langue de Bavière. Au-dessus de l’autel trône Le Baptême du Christ de Giuseppe Mazzuoli, et des portraits de saint Jean signés Mattia Preti ornent le plafond voûté.
Chapelle du Saint-Sacrement
Jadis contenant une icône de la Vierge rapportée de Rhodes, jusqu’à la prise de Malte par Napoléon, cette chapelle réservée au culte abrite un crucifix du XVe siècle provenant de Rhodes et les clés d’une forteresse prise aux Turcs.
Chapelle de la langue d’Auvergne
Cette chapelle dédiée à saint Sébastien abrite le tombeau couvert d’or de Fra Annet de Clermont de Chattes Gessan – grand maître durant cinq mois – flanqué de colonnes torsadées du XVIIe siècle.
Chapelle de la langue d’Aragon
Dans cette chapelle accueillant les tombeaux exubérants des frères (et grands maîtres successifs) Rafael et Nicolas Cotoner se trouve la première œuvre (le retable) de Mattia Preti. L’autel en marbre est soutenu par deux statues d’esclaves.
Chapelle de la langue de Castille, León et Portugal
Consacrée à saint Jacques, cette chapelle conserve aussi des reliques de saint Clément. Son retable signé Mattia Preti est encadré de monuments dédiés aux grands maîtres António Manoel de Vilhena et Manoel Pinto de Fonseca.
L'oratoire et le musée de la cathédrale
La Décollation de saint Jean Baptiste (décapitation), le plus grand tableau peint par le Caravage, saisit par son réalisme lugubre et son intensité dramatique. C’est la seule œuvre arborant la signature du peintre… dans le sang de Jean Baptiste. Dans une pièce voisine, une autre toile du maître représente saint Jérôme âgé. Une vidéo appelée Meet Caravaggio relate, avec imagination, le séjour de quinze mois (1607-1608) du peintre à Malte.
Accessible par l’escalier jouxtant l’oratoire, le musée est fermé pour travaux à l’heure où nous écrivons ces lignes. Y sont conservés les graduels (livres de cantiques, XVIe siècle) du grand maître Philippe de Villiers de L’Isle-Adam, des livres de chœurs enluminés et des tapisseries flamandes du XVIIe siècle réalisées d’après des cartons de Rubens. Le musée renferme aussi une exposition sur le Caravage et son temps.
Les informations pratiques pour préparer votre visite
Adresse & accès
St John’s Co-Cathedral, St John’s Square, Valletta VLT 1156.
Entrée visiteurs par Republic Street (Great Siege Square, face au Palais de Justice) ; l’entrée principale donne sur St John’s Square. Le site est à quelques minutes à pied de City Gate.
L'entrée est payante
Bon à savoir
Habillez-vous de manière appropriée pour la visite d’un lieu de culte. Des foulards sont fournis si vous n’avez rien pour vous couvrir les bras et les épaules. Les talons hauts sont interdits afin de protéger les sols en marbre. Prévoyez suffisamment de temps pour explorer la cathédrale dans ses moindres recoins, notamment si vous prenez l’audioguide. Pour une vue d’ensemble sur l’intérieur baroque, grimpez l’étroit escalier menant au balcon, tout au bout de la nef. Pendant le Festival de musique baroque (janvier-février), des concerts sont donnés dans la cathédrale ou dans l’oratoire, offrant une rare occasion d’écouter de la musique classique avec un Caravage en toile de fond.
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