Berlin

L’île des Musées

Conçu comme un Louvre berlinois sur la Spree, cet imposant ensemble de cinq édifices surnommé l'île des musées est sans conteste le fleuron muséal de la ville. Ces musées inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco présentent 6000 années d’art et d’histoire culturelle. Contemplez les antiquités du musée de Pergame et de l’Ancien Musée, prenez un rendez-vous avec la reine Néfertiti au Nouveau Musée, imprégnez-vous des œuvres du XIXe siècle de l’Ancienne Galerie nationale et admirez les sculptures médiévales du musée Bode.

Les musées de l'île, véritable Louvre berlinois 

Achevé en 1830, l’Ancien Musée, situé près de la cathédrale de Berlin et du Jardin d’agrément (Lustgarten), fut le premier à ouvrir. Il est dédié aux antiquités grecques, étrusques et romaines. Derrière lui, le Nouveau Musée abrite le Musée égyptien, dont le fleuron est le buste de la reine Néfertiti, ainsi que le musée de la Préhistoire et de la Protohistoire. L’Ancienne Galerie nationale est consacrée à l’art européen du XIXe siècle. Le musée de Pergame, le plus fameux de tous, contient des trésors d’architecture monumentale antique, dont le célèbre autel de Pergame, actuellement en rénovation. À la pointe nord de l’île, le musée Bode est réputé pour sa collection de sculptures

L’Île des Musées au XXIe siècle

En 1999, les établissements de l’Île des Musées ont été inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco. Cette distinction est en partie due au projet de rénovation et de modernisation mené par l’architecte anglais David Chipperfield, dont l’achèvement était prévu pour 2026. À l’exception du musée de Pergame, dont les expositions sont en cours de réorganisation, la restauration des musées eux-mêmes est déjà achevée. 

La galerie James-Simon 

Situé dans la Bodestrasse, la galerie James-Simon est, depuis juillet 2019, le nouveau bâtiment d’entrée à l’Île des Musées. Elle doit son nom à un mécène et philanthrope juif allemand du début du XXe siècle. Conçu par David Chipperfield, l’édifice à colonnades comprend une billetterie, un café, une boutique et un espace d’expositions. Il sert de point d’accès direct au musée de Pergame, au Nouveau Musée et à la Promenade archéologique, une allée souterraine en construction qui devrait relier tous les musées de l’Île, à l’exception de l’Ancienne Galerie nationale.

 Le musée de Pergame 

Achevé en 1930, le Pergamonmuseum offre une plongée dans le monde antique. Ses 3 ailes offrent des trésors de sculpture et d’architecture monumentale de Grèce, Rome, Babylone et du Moyen-Orient répartis en 3 collections : les Antiquités classiques, le musée des Antiquités du Proche-Orient et le musée d’Art islamique. La plupart des pièces furent exhumées et transportées à Berlin par des archéologues allemands de la fin du XIXe siècle au début du XXe siècle. 

Musée des Antiquités du Proche-Orient 

En entrant dans le musée de Pergame par la galerie James-Simon, vous arriverez d’abord au Vorderasiatisches Museum. Ses joyaux sont incontestablement la porte d’Ishtar, la voie des Processions de Babylone qui y mène et la façade de la salle du trône royal. Datant du règne de Nabuchodonosor II (604-562 av. J.-C.) sur Babylone, cet ensemble saisissant est couvert de briques émaillées bleues et orné de bas-reliefs ocre représentant les principales divinités babyloniennes (lions, taureaux et dragons). Avant la porte d’Ishtar, contemplez les sculptures grandioses du palais de Tell Halaf (Syrie, Ier millénaire av. J.-C.) dans la première salle ; sachez qu’elles ont été reconstituées à partir de 27 000 fragments ! Dans la même salle, vous verrez aussi la statue colossale du dieu de l’Orage Adad (775 av. J.-C.). Autre trésor de la collection (salle 5), les petites tablettes d’argile à écriture cunéiforme détaillant transactions et accords. Provenant d’Uruk (Irak), elles remontent au IVe millénaire av. J.-C. et comptent parmi les tout premiers documents écrits. 

La collection des Antiquités classiques 

L’Antikensammlung présente des œuvres d’art de la Grèce et de la Rome antiques dans ce musée-ci et dans l’Ancien Musée. Le grand autel de Pergame étant actuellement inaccessible au public, le clou de la collection est désormais la porte du marché de Milet (IIe siècle), en marbre, située juste derrière la porte d’Ishtar, au rez-de-chaussée. Décorée avec raffinement, elle allie les styles grec et romain. Commerçants et chalands franchissaient la porte originelle de 17 m de haut pour accéder au marché qui se tenait sur la place de cette riche cité romaine d’Asie mineure (sur la côte sud-ouest de la Turquie actuelle). Une grande partie de la ville fut rasée par un séisme au début du Moyen Âge, mais les archéologues allemands, qui fouillèrent le site entre 1903 et 1905, parvinrent à la reconstituer. Superbement restauré, le pavement en mosaïques représentant Orphée, talentueux musicien de la mythologie grecque, provient également de Milet. Il ornait initialement la salle à manger d’une villa romaine du IIe siècle. 

Le musée d’Art islamique 

À l’étage, le fleuron du Museum für Islamische Kunst est la façade du palais du calife de Mushatta (VIIIe siècle, salle 9), dans l’actuelle Jordanie, un cadeau du sultan ottoman Abdülhamid II à l’empereur Guillaume II. Ce chef-d’œuvre représente des animaux et des créatures mythiques qui batifolent paisiblement dans une orgie de motifs floraux, allusion au jardin d’Éden. Dans les autres salles, on admirera de superbes céramiques, des sculptures, des miroirs et autres objets d’art, ainsi qu’un mihrab turquoise clair du XIe siècle provenant d’une mosquée de Konya (Turquie), et une coupole en cèdre et peuplier aux motifs raffinés issue du palais de l’Alhambra, à Grenade (Espagne). La salle d’Alep (salle 16) clôt la visite. Décorée de panneaux de bois peints, elle ne laisse aucun doute quant au pouvoir et à la prospérité de son propriétaire, un marchand chrétien de la Syrie du XVIIe siècle. Illustrant aussi bien des thèmes chrétiens que des scènes de cour telles que l’on en trouve dans les enluminures persanes, les peintures suggèrent une grande tolérance religieuse. 

Le panorama de Pergame 

Si l’autel de Pergame est fermé pour restauration, on peut se faire une idée de son impressionnante beauté avec l’exposition Pergamonmuseum. Das Panorama, installée dans un bâtiment en rotonde temporaire face au musée Bode. À l’intérieur, un grandiose panorama photonumérique à 360° conçu par l’artiste et architecte iranien Yadegar Asisi présente une vision réaliste de la cité antique de Pergame en l’an 129, sous le règne de l’empereur romain Hadrien. Quelque 80 sculptures originales de la collection antique du site y sont aussi exposées, dont une colossale tête d’Héraclès (Hercule) et un grand morceau de la fameuse frise de Télèphe

Le nouveau Musée 

Bombardé durant la Seconde Guerre mondiale et reconstruit en 1997 par David Chipperfield, le Neues Museum abrite le Musée égyptien (Ägyptisches Museum), dont le joyau est le buste de la reine Néfertiti, et le captivant musée de la Préhistoire et de la Protohistoire (Museum für Vor und Frühgeschichte). L’architecte britannique a incorporé dans le nouvel édifice le moindre vestige d’origine retrouvé. Alliant histoire et modernité, il a su créer un espace dynamique où se côtoient harmonieusement immenses escaliers, petites salles voûtées, halls couverts de fresques et hauts plafonds. On entre par la galerie James-Simon.

Le musée égyptien 

Le musée égyptien occupe 3 niveaux de l’aile nord du Nouveau Musée. Il renferme bien d’autres pièces que le buste de Néfertiti, créé vers 1340 av. J.-C. par le sculpteur de cour Thoutmôsis. Il fit partie du trésor découvert vers 1912 par une expédition berlinoise d’archéologues, alors qu’ils tamisaient les sables d’Amarna, la ville royale bâtie par Akhenaton (vers 1353-1336 av. J.-C.), époux de Néfertiti. Autre pièce célèbre, la Tête verte de Berlin (Berliner Grüner Kopf), taillée dans une pierre verte, représente un prêtre au crâne dégarni. Datant de la fin de la période égyptienne, elle témoigne d’influences grecques, mais semble étonnamment moderne. Il ne s’agit pas du portrait d’une personne donnée, mais une figure idéalisée censée représenter la sagesse universelle et l’expérience. Le musée compte une collection de sarcophages, des papyrus, en particulier le très long Livre de la mort de la maîtresse Neferini et d’émouvants portraits du Fayoum

Musée de la Préhistoire et de la Protohistoire 

Les points forts de cette collection sont les antiquités troyennes découvertes par l’archéologue Heinrich Schliemann en 1870 près de Hisarlik, dans l’actuelle Turquie. Cependant, la plupart des bijoux élaborés, des armes richement ornées et des tasses en or exposées sont des copies : les originaux ont été confisqués par l’Union soviétique après la Seconde Guerre mondiale et sont toujours à Moscou. Seules exceptions, 3 modestes vases en argent vieux de 4 500 ans sont fièrement exhibés dans leur propre présentoir en verre. Un étage plus haut par le grand escalier, un autre trésor vous attend dans la salle de Bacchus : la statue de bronze du jeune serviteur de Xanten, entourée par des objets du trésor des Barbares de Neupotz englouti par le Rhin au IIIe siècle. Outils de fer, chaînes, chaudrons et argenterie donnent un bel aperçu de la vie quotidienne en Rhénanie, occupée alors par les Romains. L’exposition du dernier étage remonte aux âges de la pierre, du bronze et du fer. Parmi ses pièces phares, le squelette fossilisé d’un Néandertalien de 11 ans, datant de 45 000 ans et trouvé en 1909 au Moustier (Dordogne). Vieux de 3 000 ans, le cône d’or de Berlin (Berliner Goldhut ; salle 305), partie supérieure d’un couvre-chef, est l’un des 4 objets de ce genre découverts à travers le monde – celui de Berlin (vers 1000-800 av. notre ère) serait le mieux conservé. Lié au culte du soleil, il nimbait celui qui le portait de pouvoirs surnaturels aux yeux des peuples de l’âge du bronze. 

L'Ancien Musée 

L’architecte Karl Friedrich Schinkel donna libre cours à son goût pour le néoclassicisme en réalisant les plans de l’Altes Museum, premier bâtiment édifié (1828-1830) sur l’Île des Musées pour accueillir des expositions. Une monumentale colonnade cannelée mène à une rotonde, inspirée du Panthéon de Rome, où est exposée la précieuse collection d’antiquités. Au rez-de-chaussée, sculptures, vases, sépultures et bijoux illustrent la vie sous l’Antiquité grecque et romaine, avec une partie dédiée aux Étrusques

La collection grecque 

Suivant un ordre chronologique, la collection est riche d’objets de toutes les périodes de l’art grec antique du Xe au Ier siècle av. J.-C. Parmi les plus anciens figure une collection de casques en bronze, mais les statues monumentales et les vases raffinés montrent une plus grande maîtrise. On remarque tout d’abord un kouros de Didyme (salle 2), superbe nu masculin au sourire mystérieux et à l’impressionnante chevelure. Dans la salle suivante, les yeux se tournent vers la déesse de Berlin, une statue funéraire magnifiquement conservée d’une jeune femme riche vêtue d’une élégante robe rouge. Finement ciselée, la déesse assise de Tarente (salle 9) séduit aussi. Favori des visiteurs, le Garçon priant (salle 5), statue en bronze d’un jeune homme aux bras tendus, fut réalisé à Rhodes vers l’an 300 av. J.-C., et rapporté à Berlin par Frédéric le Grand en 1747. Subjugués, Napoléon comme Staline le gardèrent temporairement, l’un à Paris et l’autre à Moscou. Aujourd’hui, son sourire irradie à nouveau l’imposante rotonde recouverte d’un plafond à caissons orné de fresques. Une lucarne centrale éclaire 20 statues de divinités, dont Zeus, Nikè (déesse de la Victoire) ou Fortuna

La collection étrusque et romaine 

La collection étrusque est l’une des plus grandes hors d’Italie. Elle renferme des pièces sensationnelles. On peut y admirer un bouclier rond provenant de la tombe d’un guerrier, ainsi qu’une amphore, des bijoux, des pièces et divers autres objets du quotidien datant, pour les plus anciens, du VIIIe siècle av. J.-C. La tuile de Capoue permet de se familiariser avec la langue étrusque, tandis que des urnes cinéraires richement décorées et des sarcophages nous renseignent sur les rites funéraires anciens. Les salles suivantes, consacrées à la Rome antique, donnent à voir de superbes sculptures et des bustes romains, dont ceux, remarquables, de César et de Cléopâtre, tout comme le fameux trésor de Hildesheim – un magnifique service de table en argent du Ier siècle constitué de 70 pièces. Réservé aux adultes, le cabinet érotique contient des représentations suggestives de satyres, d’hermaphrodites et de phallus géants. 

Le Musée Bode 

Le Bodemuseum (angle Am Kupfergraben et Monbijoubrücke) occupe depuis 1904 la pointe nord de l’Île des Musées, et un bijou d’architecture néobaroque, bien restauré, lui sert d’écrin. Sculptures, peintures, pièces et objets byzantins y sont présentés dans des salles baignées de lumière. Majestueux escaliers, cours intérieures, plafonds peints et sols de marbre confèrent à cet édifice aux proportions divines le prestige d’un palais. Installée dans le grand vestibule à coupole, la statue équestre du Grand Électeur Frédéric Guillaume d’Andreas Schlüter donne le ton. Une basilique italienne de style Renaissance, où trône une sculpture en terre cuite émaillée de Luca della Robbia, mène ensuite à une salle à coupole plus petite, de style rococo, où trônent des statues en marbre de Frédéric le Grand et de ses généraux. Les galeries sont disposées de part et d’autre de cet axe, et se poursuivent à l’étage. 

Une collection de sculptures 

Le clou du musée Bode est sa célèbre collection de sculptures européennes (Skulpturensammlung), allant du début du Moyen Âge à la fin du XVIIIe siècle ; beaucoup datent de la Renaissance italienne. Parmi les trésors de cette collection : la Madonne de Pazzi de Donatello, l’Homme de douleur de Giovanni Pisano et la Danseuse d’Antonio Canova. Toujours au rez-de-chaussée, on peut admirer la galerie de Gröningen (Gröninger Empore ; XIIe siècle), une tribune d’église provenant d’un ancien monastère, œuvre majeure de la période romane. La plupart des sculptures allemandes sont à l’étage, notamment des pièces du maître du gothique tardif, Tilman Riemenschneider, telles Sainte-Anne et ses Trois Maris et les Quatre Évangélistes. Ses contemporains Hans Multscher et Nicolaus Gerhaert van Leyden sont également exposés ici. Ouvert en 2019, le cabinet James-Simon donne à voir peintures, sculptures et mobilier issus de la collection privée de ce grand mécène. Vous y admirerez notamment la Vierge à l’Enfant endormi d’Andrea Mantegna. Exposée parmi les sculptures, une partie de la collection de la Pinacothèque (Gemäldegalerie) rend l’endroit encore plus attrayant. 

Le musée d’Art byzantin 

Avant de faire une pause à l’élégant café du musée, faites un détour par le Museum für Byzantische Kunst, qui n’occupe que quelques salles jouxtant le grand vestibule à coupole. On y trouve des œuvres d’art byzantines et de l’Antiquité tardive allant du IIIe au XVe siècle. Sarcophages romains, tablettes d’ivoire sculpté et icônes en mosaïque témoignent du remarquable accomplissement artistique des premiers temps du christianisme. Collection numismatique Au 2e étage, la Münzsammlung, avec plus d’un demi-million de pièces, est l’une des plus grandes collections numismatiques au monde : seule une infime partie est exposée. La pièce la plus ancienne, remontant au VIIe siècle av. J.-C., dispose de son propre présentoir ; elle est entourée d’autres pièces de toutes tailles. 

L'Ancienne Galerie nationale

L’Alte Nationalgalerie, installée dans un grandiose bâtiment aux allures de temple grec, est ouverte depuis 1876. Y sont exposées sur 3 niveaux des œuvres d’art européen du XIXe siècle. Les révolutions et l’industrialisation caractéristiques de ce siècle tumultueux modifièrent la société en profondeur. Les artistes y réagirent de différentes manières. Si les romantiques allemands comme Caspar David Friedrich cherchèrent le réconfort dans la nature et si les nazaréens se tournèrent vers les thèmes religieux, les toiles épiques d’Adolf Menzel et de Franz Krüger glorifièrent l’histoire de la Prusse, et les impressionnistes se concentrèrent sur la lumière et l’esthétique. Au 1er niveau, la statue des princesses Louise et Frédérique de Prusse par Johann Gottfried Schadow (1764-1850) est un chef-d’œuvre du néo-classicisme, tout comme son buste de Johann Wolfgang von Goethe. Le peintre Adolph Menzel (1815-1905) est aussi mis à l’honneur dans une salle – admirez notamment son Concert de flûte de Frédéric le Grand à Sans-Souci (1852), qui représente le roi jouant de la flûte dans son palais de Potsdam. Le 2e étage est dévolu aux œuvres d’impressionnistes français tels que Monet, Degas, Cézanne, Renoir et Manet, dont le tableau Au conservatoire (1879) est considéré comme l’une des pièces maîtresses. Les Allemands sont également représentés avec L’Île des Morts (1883) d’Arnold Böcklin et plusieurs toiles de Max Liebermann. Le 3e et dernier étage est le domaine des romantiques : les paysages mystiques de Caspar David Friedrich y côtoient les fantaisies gothiques de Karl Friedrich Schinkel. À ne pas manquer par ailleurs, des œuvres majeures de Karl Blechen et des portraits de Philipp Otto Runge et Carl Spitzweg.

Informations pratiques 

Pour plus d'informations concernant les tarifs et horaires des musées, consultez le site de l'île des Musées

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