Dans une jolie demeure en pierre du XIXe siècle, non loin des gorges de la Hrazdan, ce musée est unique en son genre. Les innombrables collages, dessins, photos et assemblages créés par Paradjanov, artiste protéiforme et grand cinéaste expérimental (notamment célèbre pour son film Sayat Nova), sont d’une grande originalité. La collection (quelque 700 œuvres) reflète l’humour, l’humanité et le talent prodigieux de Paradjanov, illustrant aussi les difficultés rencontrées par les artistes, cinéastes et écrivains de l’ex-URSS.
Né en 1924 à Tiflis (l’actuelle Tbilissi), Paradjanov part étudier le cinéma à Moscou en 1945. Le début de sa carrière est assombri par sa condamnation pour homosexualité (alors illégale) en 1948. Après sa libération, il vit quelques années en Ukraine puis s’installe à Erevan à la fin des années 1960. Il est de nouveau condamné en 1973 (pour “commerce illicite d’objets d’art, homosexualité et agression sur la personne d’un fils de dignitaire du régime”…) et écope de cinq ans de travaux forcés dans un bagne sibérien.
En prison, il grave avec ses ongles des visages sur des couvercles de bouteilles de lait, médaillons en aluminium qu’il nomme “thalers”. On en trouve un exemplaire au musée. Des copies en argent servent à la remise des prix du Golden Apricot, le festival international du film d’Erevan.
Paradjanov sera libéré à l’issue d’une campagne internationale soutenue par de nombreux artistes, dont Françoise Sagan, Jean-Luc Godard, François Truffaut, Luis Buñuel, Federico Fellini, Michelangelo Antonioni, Andreï Tarkovski, Louis Aragon et John Updike. Il meurt à Erevan en 1990.
010-538473 ; www.parajanov.com/museum ; 15/16 Dzoragyugh St ; 10h30-17h