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Publié le 26/06/2023 4 minutes de lecture
Mon téléphone vient de sonner. La direction de Lonely Planet France me confie une nouvelle mission : mettre à jour le guide « Stockholm en quelques jours ». Le timing est serré et je dois organiser mon terrain en peu de temps. Challenge accepté !
Par conviction écologique, j’opte pour le train. De plus, j’ai toujours aimé ce moyen de transport qui permet d’appréhender les kilomètres parcourus (près de 2 000 km entre Paris et Stockholm), ancrant le globe-trotteur dans le temps du voyage. Un luxe à une époque où tout s’accélère.

Où acheter son billet de train ?
Mon départ doit avoir lieu d’ici peu et je ne perds pas de temps pour réserver mon billet. Je me rends sur la plateforme française SNCF Connect, bien que j’aurais également pu acheter mon ticket sur Trainline, un site de référence pour voyager en train ou en car à travers l’Europe.
La dernière option envisageable aurait été de me présenter au guichet d’une gare, mais j’ai trouvé plus simple de tout organiser directement sur Internet.
Combien coûte le ticket ?
C’est là où le bât blesse ! Tandis qu’un aller-retour en avion coûte moins de 250 euros, le même trajet en train m’a été facturé 449 euros. J’ai pourtant choisi les correspondances les moins chères, sans même le confort d’un wagon-couchette. Un écart de tarif regrettable, qui n’incite pas les voyageurs à tendre vers des déplacements zéro carbone.

Déroulé du trajet
Plus de 26 h sont nécessaires pour gagner la capitale suédoise, depuis son homologue française, en suivant les voies ferroviaires. Pour ce trajet, les jonctions sont effectuées en gare de Mannheim, puis d’Hambourg. Je débute mon périple à bord d’un premier train ICE, (InterCity Express, le train à grande vitesse allemand), puis d’un second, tous deux dotés d’un confort certain, et j’emprunte enfin le vétuste Snälltåget (un train de nuit suédois, qui dessert Copenhague et le nord de l’Allemagne). Je regrette alors de ne pas avoir réservé ma place dans un wagon-couchette, mais mon budget n’était pas extensible.
Toutefois, lors du trajet retour, une agréable surprise m’attendra. Je serai surclassée et je pourrai dormir dans un vrai lit, entre Stockholm et Hambourg : les petits bonheurs inattendus du voyage sont toujours les plus appréciables !

Début du voyage Paris-Stockholm en train
Peu de temps après avoir quitté la gare de Paris-Est, mon train appartenant à la Deutsche Bahn fend les champs de colza. Fascinée par ces paysages dorés, légèrement vallonnés, et hypnotisée par les discrets mouvements de balancier du wagon, j’entre en Allemagne sans m’en apercevoir. Parsemés çà et là, des villages aux façades colorées, enserrant de splendides clochers à bulbe, esquissent alors un tableau différent. La grisaille s’installe, me rendant pensive. Au fil des heures, j’égrène mille idées et j’échafaude de nouveaux rêves : la magie du chemin de fer opère. En outre, si la Suède se trouve toujours à plus d’un millier de kilomètres, la France semble déjà loin.

Des retards fréquents
Ayant acheté le ticket de train le moins cher (il fallait ajouter une centaine d’euros minimum pour les différentes autres possibilités), je n’ai pas pu choisir mes correspondances. Une option hasardeuse, car 15 minutes de changement à Mannheim, puis 22 minutes à Hambourg, ne m’offrent aucune latitude horaire. De quoi pimenter assurément le voyage !
Je fais cependant confiance à la rigueur légendaire allemande, afin de ne pas me laisser envahir par le stress. Un planning chargé m’attend en effet à mon arrivée à Stockholm, et je ne peux me permettre un éventuel retard. Mais mon optimisme ne me porte pas chance. Lors du second transit, à Hambourg, mon train entre en gare avec 23 minutes de retard. Notez l’ironie de la situation : à une minute près, mon voyage aurait été un long fleuve tranquille. Je me répète alors, comme l’écrivait si justement Shakespeare, que « ce qui ne peut être évité, il faut l'embrasser ».
D’après de nombreux voyageurs, habitués à circuler sur cette ligne, les retards y sont monnaie courante. Si vous vous lancez dans la même épopée ferroviaire, mieux vaut donc prendre votre temps en prévoyant des étapes, au risque de vous retrouver bloqué à Hambourg, au milieu de la nuit.

Suite et fin de ce long périple
Je suis toujours à Hambourg, et heureusement, je peux sauter deux heures plus tard dans un autre train de nuit, qui traverse le Danemark jusqu’au petit matin. J’assiste ainsi à un majestueux lever de soleil sur le pays embrumé : chaque situation revêt souvent deux facettes, lorsque l’on sait saisir la beauté de l’instant.
Le Snälltåget dans lequel je me trouve s’arrête ensuite inopinément, et plusieurs heures, en gare de Malmö. J’ai longtemps habité en Suède, dans cette jolie ville du sud, et partir explorer ses rues pittoresques me démange. Toutefois, je ne prendrai pas le risque de voir mon train quitter soudainement les lieux… sans moi !
Dernière ligne droite. Les paysages de Scanie plats et verdoyants m’envoûtent. À mesure que je file vers le nord-est, la nature se transforme. Elle se fait brute, sans artifice. Criblée de lacs, elle devient un parfait refuge pour de nombreux oiseaux. Puis une épaisse forêt se met à envelopper délicatement la voie ferrée. Bien qu’il me tarde d’arriver, je me délecte de ces fresques éphémères, dignes des plus grands peintres.
Enfin, et avec quatre heures de retard, j’atteins la gare de Stockholm Central. La ville bourgeonne : le printemps s’est tout juste installé. Un moment important pour les Suédois, qui chaque année, guettent avec impatience la fin de l’hiver. Comme le dit la maxime, tout vient à point à qui sait attendre.

Idées d’étapes pittoresques
Réaliser ce voyage d’une traite est fatigant et peut se révéler compliqué. Ainsi, pour rendre l’aventure faisable, il est conseillé de découper votre itinéraire en plusieurs étapes.
Cologne et sa cathédrale ornée de gargouilles, Brême et son vieux quartier de pêcheurs, Hambourg et son histoire maritime séculaire, Copenhague et son port coloré de Nyhavn, ou encore Malmö et son célèbre pont de l’Öresund, sont autant d’escales à planifier qui vous laisseront un souvenir enchanteur.
Tout bien considéré, relier Paris à Stockholm en train n’est donc pas adapté pour un long week-end, mais reste tout à fait envisageable pour un séjour d’une quinzaine de jours, ou plus. Prendre son temps doit impérativement être le maître mot. Et en somme, c’est bien là que réside tout le sel du slow travel.