Pékin

Temple du Ciel

Merveille de cosmologie au symbolisme suffisamment riche pour occuper tout nécromancien en herbe pendant des années, le temple du Ciel ne ressemble à aucun autre temple à Pékin, ni même ailleurs en Chine. Chaque partie de cet ensemble de pavillons absolument unique est là pour une raison.

C'est au temple du Ciel (que les Pékinois appellent Tiantan), dans un parc de 267 ha entouré d'un mur, que le «fils du Ciel» célébrait les rites solennels pour obtenir de bonnes moissons, solliciter la clémence divine et expier les péchés du peuple. De fait, l'ensemble a été construit pour flatter le regard des dieux. Vus du ciel, les temples sont ronds, sur des bases carrées, architecture qui reflète l'ancienne croyance chinoise qui voit le ciel rond et la terre carrée. De même, l'extrémité nord du parc est arrondie et l'extrémité sud carrée.

Le temple de la Prière pour de bonnes moissons en constitue la pièce maîtresse. Son toit est décoré de somptueuses tuiles vernissées bleu, jaune et vert symbolisant le ciel, la terre et le monde des mortels. À l'intérieur, d'immenses piliers représentent les quatre saisons et les douze mois de l'année. Réduit en cendres après avoir été frappé par la foudre en 1889 – un très mauvais présage pour la dynastie Qing déjà aux abois –, le temple fut reconstruit l'année suivante en pin d'Oregon. Détail surprenant: tout l'édifice tient debout sans clou ni ciment.

Au sud du temple de la Prière pour de bonnes moissons se dresse la silhouette octogonale de la Voûte céleste impériale qui en reproduit la forme en plus petit. Le bâtiment abritait les tablettes des ancêtres des empereurs, utilisées lors de la cérémonie du solstice d'hiver, rituel le plus important de l'année. Autour de la voûte se tient le mur de l'Écho dont la forme semi-circulaire parfaite permet, dit-on, d'entendre un chuchotement d'un bout à l'autre.

Les dalles aux trois sons mènent à la Voûte. Le fait de taper dans ses mains produit un écho simple sur la première dalle, double sur la deuxième et triple sur la troisième. Il est parfois difficile de réaliser l'expérience, des dizaines de personnes tentant d'en faire de même autour de vous. Immédiatement au sud, l'empereur présidait des cérémonies dans l'autel circulaire. Ses dalles de pierre, ses escaliers et ses colonnes sont agencées par groupes ou multiples de neuf, un chiffre considéré comme divin.

Au-delà de sa portée historique, Tiantan est l'un des parcs les plus agréables de Pékin, émaillé d'anciens cyprès et très prisé des Pékinois âgés. De bon matin, avant l'ouverture des temples, ils y dansent sur de la musique de salon paisible et y pratiquent le tai-chi. Voir aussi.

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