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Publié le 12/06/2014 5 minutes de lecture
Un peu de frissons dans les vacances, cela n'a jamais fait de mal à personne! Ces lieux ont fait couler l'encre et alimenté les rumeurs; ils sont aujourd'hui les témoins de peurs ancestrales et de récits épiques à raconter aux enfants une fois sur place.
1. Bête du Gévaudan (Lozère)
Fut-elle loup, animal exotique (hyène), tueur en série? Main de Dieu, arme du diable? À ces questions, nulle réponse. Le temps a en effet forgé la légende: les faits remontent au XVIIIe siècle, très exactement entre 1764 et 1767. On recensa plus de 100 victimes, principalement des femmes et des enfants, dans l'ancienne province du Gévaudan. Tout fut entrepris pour tuer le monstre: battues, chasses, pièges… Louis XV, alerté par l'ampleur des ravages, envoya ses meilleurs limiers. Tuée deux fois (ce furent de gros loups), la bête, si elle cessa effectivement de tuer, continua de hanter les esprits.
Sur les terres empreintes de ce mystère se trouve aujourd'hui un parc, les Loups du Gévaudan (www.loupsdugevaudan.com), où l'on peut approcher cet animal sauvage, objet de tous les fantasmes.
2. Contes des monts d'Arrée (Finistère)
Les monts d'Arrée, ultimes rescapés du Massif armoricain et point culminant de la Bretagne, se dressent au cœur de paysages sauvages et austères qui tiennent une place de choix dans le folklore breton. Au fond du cirque qu'ils forment, le Yeun Ellez, «marais de la rivière Elez», avec ses eaux noires entourées de tourbières, serait le centre du pays de l'Ankou: la porte de l'Enfer. Tantôt personnification de la Mort, tantôt son serviteur zélé, l'Ankou est représenté sur de nombreux ossuaires de la région. La chapelle du mont Saint-Michel de Brasparts serait la gardienne des âmes des morts qui errent sur le marais…
Pour plonger dans cet univers, lisez La Légende de la Mort d'Anatole Le Braz, un recueil de contes et de légendes sur l'Ankou, traduit du breton.
3. Miracle de Gannat (Allier)
Dès son plus jeune âge, Procule s'était vouée à Dieu – l'abbé Cornille précise ainsi que, «encore à la mamelle», elle jeûnait deux fois par semaine. Elle fugua avant les noces quand son père, comte de Rodez, voulut la marier à Géraud d'Aurillac. Icelui la retrouva et la décapita sans autre forme de procès. Procule, que rien n'arrêtait, se saisit alors de sa tête et fuit la brute en laissant des traces de pas. Plusieurs chapelles lui ont été dédiées. Il n'en reste qu'une, sur le site dit du Pas de-Sainte-Procule – où l'on peut voir les empreintes de la vierge décapitée.
Gannat s'anime tous les ans lors du Festival des cultures du monde, fin juillet.
4. Magie dans le Berry (Cher)
Le Berry, ancienne province lovée entre les châteaux de la Loire et le Massif central, a gardé tous ses mystères, et sa capitale, Bourges, a conservé son patrimoine architectural exceptionnel du XVe siècle. Terre de magie, de sorcellerie et de légendes, hantée de brumes et de feux follets, le Berry nous replonge dans les paysages des romans de notre adolescence, écrits par George Sand ou par Alain-Fournier. C'est aussi l'un des plus vieux terroirs agricoles de France, où l'on déguste le fameux crottin de Chavignol avec un vin blanc de Sancerre. Magique!
Le Berry accueille chaque année le Printemps de Bourges, le grand rendez-vous de la chanson française.
5. Mystère de Rennes-le-Château (Aude)
Rennes-le-Château symbolise une des grandes énigmes de l'histoire de l'ésotérisme. C'est dans ce village que l'abbé Bérenger Saunière défraya la chronique par ses excès dispendieux, laissant présager l'existence d'un trésor découvert dans son église. Plusieurs bâtiments imposants construits à partir de 1896 par l'abbé Saunière, comme la villa Béthanie, la tour Magdala ou l'église Sainte-Marie-Madeleine, qu'il s'appliqua à rénover avec faste, attirent chaque année de nombreux passionnés cherchant à percer le mystère de l'abbé, un siècle après sa mort.
Le best-seller de Dan Brown, Da Vinci Code, serait inspiré en partie de ce mythe.
6. Gayant de Douai (Nord)
Chaque premier dimanche de juillet, depuis cinq siècles, les Gayant – «Géant» en picard – et leurs trois enfants font leur tour de ville. Un événement que les «Vint d'Osiers» – «Ventre d'Osier», le surnom des Douaisiens – ne manqueraient pour rien au monde. La légende veut qu'au IXe siècle Jehan Gelon, un homme à la haute stature et à la force herculéenne, accompagné de ses trois fils, ait miraculeusement sauvé la ville assiégée par les Normands. Les géants rappellent cet acte héroïque ainsi que les contes et légendes qui s'attachent au personnage. Aujourd'hui, si chaque ville du Nord a ses géants, les Gayant restent les plus connus.
En arrivant en fin de matinée, vous pourrez profiter des pauses des porteurs de géants pour rentrer dans le ventre de M. ou de Mme Gayant!
7. Jean de l'Ours (Pyrénées-Atlantiques)
Cette légende est sans doute l'une des plus célèbres des Pyrénées. Jadis, une jolie jeune fille fut enlevée par un ours qui l'enferma dans sa tanière, en obstruant l'entrée avec une grosse pierre. La jeune fille devint la femme de l'ours; un beau garçon naquit de cette union au bout d'un an. Ses membres étaient recouverts de poils comme son père mais son visage était avenant comme celui de sa mère. Il s'appelait Jean de l'Ours. Bien nourri, il devint tellement fort qu'il réussit à faire tomber la grosse pierre qui les retenait enfermés, sa mère et lui. Ils s'échappèrent et Jean de l'Ours s'en alla découvrir le monde des hommes.
L'enlèvement d'une femme par un ours est un thème récurrent des contes pyrénéens. À lire: Contes traditionnels des Pyrénées, Michel Cosem et Christian Verdun (Éditions Cairn, 2012).
8. Trésor des Templiers de Gisors (Eure)
Le sous-sol de la forteresse normande du XIe siècle renfermerait le fruit d'une légende où convergent les Templiers, les croisades, le Graal et, pour finir, André Malraux. Trahis par le roi de France, les Templiers sont enfermés en 1307 dans les cachots de Gisors, où ils auraient cachés la fortune de l'ordre, bâtie sur la découverte du Graal. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le gardien du château prétend avoir découvert une chapelle souterraine comprenant 19 sarcophages de pierre et 30 coffres en fer. Le ministre de la Culture du général de Gaulle fit fouiller le site par l'armée. Son résultat? Nul ne le connaît…
Outre son trésor, invisible, les qualités militaires de la forteresse médiévales sont, elles, bien visibles tous les jours, de 8h à 19h30 (jusqu'à 17h d'octobre à mars).
9. Château de Montségur (Ariège)
À 1 207 m d'altitude, le château de Montségur défie le temps. Comment s'imaginer que ces ruines d'enceinte ont abrité, au XIIIe siècle, le siège de l'Église cathare et que 220 hommes et femmes ont préféré périr sur le bûcher, à la reddition des albigeois, plutôt que de renier leur foi? Plusieurs légendes entourent le lieu; le trésor des cathares y aurait été caché, notamment. De réels phénomènes solaires survenant aux solstices (des rayons traversant le château avec précision) entretiennent les nimbes qui entourent Montségur.
Musée et château sont ouverts de février à décembre. Possibilité de visites guidées (réservation obligatoire au 05 61 01 06 94).
10. Légendes de Brocéliande (Ille-et-Vilaine)
Brocéliande, c'est l'autre nom de la forêt de Paimpont, creuset de la légende arthurienne et dont les sites, teintés d'imaginaire et de rêve, portent l'empreinte de Lancelot, de Merlin, de Viviane, de la fée Morgane, des chevaliers de la Table ronde et de la quête ultime du Saint-Graal. En tout, 8 000 ha de forêt ponctués de lacs sublimes, de châteaux, de fontaines féeriques, d'un patrimoine religieux renommé et de mégalithes, qui ne révèlent jamais mieux leur magie qu'en automne.
Le syndicat d'Initiative de Brocéliande, à Paimpont, (www.brocéliande-tourisme.info) organise en été des balades contées.