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Publié le 08/12/2020 4 minutes de lecture
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S’il est un pays qui semble bien avoir été forgé par les quatre éléments, c’est le Japon. Et s’il est une région du Japon où ces quatre éléments ont laissé une trace particulièrement spectaculaire de leur puissance, c’est la préfecture d’Aomori.
Le feu de l’enfer d’Osorezan
C’est sur la lointaine péninsule de Shimokita que se trouve l’Osorezan, un volcan de 874 mètres, dont le nom vient du mot japonais signifiant «peur». Car si ce volcan est éteint, il reste associé… au purgatoire et à l’enfer. Mais ne vous y trompez pas: le sanctuaire bouddhique érigé près du lac du cratère du volcan est l’un des trois plus grands sites sacrés du Japon, et ce depuis plus de 1000 ans.
Le temple, érigé en l’honneur de Jizō Bostasu, divinité protectrice des enfants, est situé, dit-on, aux portes de l’enfer: un petit ruisseau qui se jette dans le très beau lac Usori (le lac de caldeira dont je vous parlais plus haut) est censé représenter la légendaire rivière Sanzu, que les âmes doivent traverser en chemin vers l’au-delà. Les nuées de corbeaux noirs et les torrents d’eau jaune sulfureuse participent à cette ambiance infernale de toute beauté.La péninsule compte trois grandes villes: Mutsu (accès en ferry ou en train), Wakinosawa (accès en ferry) et Ōma (accessible en voiture ou bus), le point le plus au nord du «continent» japonais; cependant attention: le site d’Osorezan n’est ouvert que de mai à octobre.L’eau et l’air, créateurs de paysages sur les côtes d’Hotokegaura et Tanesashi
Les côtes du Japon ont été sculptées par l’eau et le vent. Un vrai travail d’artiste… qui a ses chefs d’œuvre. C’est le cas d’Hotokegaura, situé à l’extrémité ouest de la péninsule de Shimokita, évoquée plus haut: son littoral est entrecoupé de falaises de 100 mètres de haut, faites de roches volcaniques érodées par 20 millions d’années de vents et de vagues sauvages, jusqu’à creuser d’étranges figures dans lesquelles d’aucuns reconnaissent des portraits du Bouddha (Hotokegaura signifie «plage où il y a Bouddha»).Des bateaux effectuent un circuit deux fois par jour entre Wakinosawa et Hotokegaura d’avril à octobre.
La terre porte ses fruits: le mont Shirakami, les érables de Nakano et le site de Sannai Maruyama
Et il y a la terre, naturellement, les fruits qu’elle donne… et ceux que l’Homme crée. Je vous avais déjà parlé de Shirakami-Sanchi dans un précédent article, la plus grande forêt primaire de hêtre japonais au monde (et l’une des dernières). Elle abrite des espèces protégées, tels l’ours noir d’Asie et l’aigle royal.Toutes ces merveilles sont juchées sur une chaîne de montagnes qui, à partir de Fukaura ou Ajigasawa, se prêtent à l’alpinisme, et plus généralement à des activités nature, comme la randonnée ou le rafting, près du village de Nishimeya.Autre mont, autres arbres: le Mont Nakano est lui célèbre pour ses érables, dont quelque 100 espèces différentes ont été plantées durant l’ère Edo. La montagne et ses arbres offrent un spectacle renommé à l’automne, lorsque les feuilles prennent une couleur rouge vif.
Ce spectacle est encore sublimé la nuit, l’été, grâce à des illuminations nocturnes.Enfin, les Japonais ont très tôt travaillé la terre de leurs mains. En témoigne le fascinant site archéologique de Sannai-Maruyama, qui remonte à l’ère Jōmon (entre 15000 et 2000 ans avant JC): la période Jōmon (qui signifie «motif de corde») a été nommée d'après les nombreuses céramiques présentant des motifs de corde qui ont été découvertes sur ce site archéologique, l'un des plus célèbres de l'ère Jōmon au Japon. Un grand nombre (à peu près 2 000 pièces) de poteries et de pierres, notamment des Dogu (des statuettes énigmatiques) en forme de femme ont été découverts lors de fouilles. Les reconstitutions de l’habitat de la période sont marquantes et donnent l’impression de côtoyer les racines de la civilisation japonaiseLe site de Sannai-Maruyama est situé à 5 km à l’ouest de la gare d’Aomori, et on peut s’y rendre en bus municipal.