Madrid

S'initier À la Peinture de Goya et de Velázquez au Musée du Prado

Le Prado abrite des collections si riches que vous pourriez venir à Madrid uniquement pour le visiter. Quelque 3 000 tableaux (moins de la moitié de la collection complète) signés des plus grands maîtres espagnols et européens ornent les murs du néoclassique Palacio de Villanueva, datant du XVIIIe siècle. Les récentes rénovations ont permis la création d'une nouvelle aile, l'Edificio Jerónimos, qui comporte de superbes cloîtres du XVIIe siècle, un espace d'expositions temporaires, une boutique et un café.

Pour éviter de vous perdre au milieu d'une telle profusion, vous pouvez axer votre visite sur deux peintres espagnols: l'impérieux Velázquez et le troublant Goya, tous deux exceptionnels à leur manière. Les portraits royaux qui firent la renommée de Diego de Silva Velázquez (1599–1660) sont situés salles 12, 14, 15 et 16. Tous semblent jeter des regards si pénétrants qu'ils donnent l'impression d’être vivants. Les Ménines (Las Meninas), le chef-d’œuvre du maître, est exposé salle 36. Achevé en 1656, ce tableau a pour titre officiel La Família de Felipe IV (La Famille de Philippe IV). Ce grand tableau représente Velázquez lui-même (à gauche) peignant le roi Philippe IV et Marianne d'Autriche, que l'on distingue dans le miroir du fond de l'atelier, en présence de l'infante Marguerite et de ses meninas (dames d'honneur). L'harmonie des couleurs, la lumière, la composition hors pair de l’œuvre et le mélange optique de la perspective effacent la séparation entre tableau et spectateur: nous voyons exactement ce que voient le roi et la reine, devenant à notre tour, et le temps d'un regard, sujet du tableau.

Francisco de Goya y Lucientes (1746–1828) est l'autre figure incontournable du Prado, avec des peintures qui illustrent l’âme espagnole torturée et indignée du début du XIXe siècle. Dans la salle 22, La Maja vestida et La Maja desnuda évoquent la liaison supposée (et scandaleuse) de Goya avec la duchesse d'Albe. Salle 39, vous pourrez voir El Dos de Mayo et El Tres de Mayo (Le 2 mai et Le 3 mai) qui évoquent la révolte madrilène de 1808 contre les agissements des troupes françaises et leurs sinistres conséquences. Bien entendu, vous ne devez pas manquer d'aller voir les œuvres déroutantes de la maturité de Goya, les Pinturas Negras (peintures noires, salles 67), dont le fameux et troublant Saturne dévorant son fils inquiète autant qu'il fascine.

Le musée expose aussi d'autres artistes majeurs comme Rembrandt, Dürer, Titien, Tintoret, Greco, Zurbarán, Raphaël, Murillo, Rubens, Van Dyck, Botticelli et Véronèse, pour ne citer qu'eux. Ne manquez surtout pas Le Jardin des délices de Jérome Bosch (1450–1516), salle 56A, l'une des œuvres picturales les plus étranges au monde.

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