
Visions d'architectes
Mis à jour le : 9 février 2017

Ils sont venus, ils ont vu, ils ont construit. Les grands bâtisseurs de la planète ont crée un riche patrimoine tout droit sorti de leur imagination.
1. Antonio Gaudí et la Sagrada Família, Barcelone (Espagne)
Jamais la vision d’un homme n’a été autant en phase avec une ville : Antonio Gaudí incarne Barcelone. Son architecture fluide est à la fois ludique et solide, pieuse et malicieuse, colorée et inimitable, à l’image de la capitale catalane. Gaudí (1852-1926) la dota d’édifices fantastiques : le féerique parc Güell, la curviligne Casa Milà et l’ondoyante Casa Batlló. Mais la Sagrada Família, son chef-d’oeuvre inachevé, force l’admiration, même si cette basilique controversée tient autant de la symphonie de pierre dédiée à Dieu que d’un édifice en construction. Les dernières volontés de l’architecte catalan faisant débat, elle pourrait bien rester longtemps en l’état.
La Sagrada Família (www.sagradafamilia.cat) est ouverte tous les jours (9h-18h, 9h-20h avr-sept ; 12,50 €). Deux de ses tours comportent des ascenseurs (2,50 €).
2. Charlotte Perriand et Les Arcs (France)
Lorsque, dans les années 1960, on décida la construction de stations de ski pour accompagner le développement des sports d’hiver, la commune de Bourg- Saint-Maurice eut la riche idée de solliciter une architecte et designer de talent, Charlotte Perriand. Durant une vingtaine d’années, cette dernière supervisa les projets Arcs 1600 et 1800 et les marqua de son empreinte : fonctionnalité de l’urbanisme (stations piétonnes) et de l’habitat (optimisation des espaces d’habitation), harmonie intérieur/extérieur (larges baies vitrées et balcons), recours au préfabriqué (salles de bains en polyester moulé)… Surtout, cette Savoyarde d’origine, éprise de montagne et de culture japonaise, prit soin d’intégrer les constructions à l’environnement, leur faisant épouser la pente et les parant de matériaux locaux (mélèze, lauze…).
L’office du tourisme organise en été des visites gratuites de la station (www.lesarcs.com).
Une des créations de Charlotte Perriand. domat33f
3. Norman Foster et le Reichstag, Berlin (Allemagne)
Le siège du parlement allemand, le Reichstag, érigé en 1894, a connu bien des vicissitudes : la république de Weimar, la montée du nazisme, un incendie criminel (exploité par les nazis à des fins répressives), des bombardements dévastateurs, l’incurie, une restauration malheureuse et l’abandon à l’époque du mur de Berlin. Après la réunification de l’Allemagne en 1990, l’architecte britannique Norman Foster entreprend de le réhabiliter. Des inscriptions soviétiques ornent encore les murs d’origine, tandis qu’une coupole de verre et d’acier d’une modernité éblouissante symbolise la volonté du pays d’aller de l’avant.
Le dôme du Reichstag (www.bundestag.de) se visite de 8h à minuit (dernière entrée à 22h). Arrivez tôt pour ne pas faire la queue (il faut même parfois réserver quelques jours à l’avance).
4. Imhotep et Saqqarah (Égypte)
Premier grand architecte de l’Histoire, Imhotep, né vers l’an 3 000 av. J.-C., est l’un des rares Égyptiens de sang non royal à avoir été divinisé. Véritable légende de l’Égypte antique, médecin, vizir, poète et astrologue, il fut également un bâtisseur de pyramides hors pair. Désireux de faciliter, le moment venu, l’accès aux cieux du pharaon Djéser, Imhotep fit ériger la pyramide à six degrés de Saqqarah, premier monument en pierre d’Égypte, au gigantisme inouï pour l’époque (62 m). Saqqarah inspira toutes les autres pyramides, et le site, une vaste nécropole, a traversé les siècles jusqu’à nous. Saqqarah est à 30 km au sud du Caire.
Un nouveau musée dédié à Imhotep a été inauguré en 2006. Il est situé sur la route qui mène au complexe funéraire de Djéser.
Pyramide de Saqqarah. François Philipp
5. Edwin Lutyens et New Delhi (Inde)
Lorsque l’Empire britannique décida de déplacer sa capitale de Calcutta à Delhi, la tâche fut confiée à Edwin Lutyens. Les travaux débutèrent en 1912. L’architecte anglais imagina pour sa “New Delhi” de grands bâtiments officiels néoclassiques et de larges avenues, mêlant architecture traditionnelle et style indien. Fleuron de la ville, le Rajpath (“voie royale”) est délimité à l’est par la monumentale porte de l’Inde et à l’ouest par le Rashtrapati Bhavan – palais de 340 pièces destiné sous l’Empire à un vice-roi, et devenu depuis la résidence du président d’une nation indépendante.
Seuls les jardins du Rashtrapati Bhavan se visitent (tous les ans en février).
6. Le Corbusier et Chandigarh (Inde)
Quadrillage de rues quasi identiques où il est difficile de se repérer, imposants bâtiments de béton, lac artificiel, secteurs autonomes numérotés disposant chacun de zones d’habitations et de zones de travail, de commerces, d’écoles, d’équipements sportifs, de lieux de culte... Pas de doute, il s’agit bien d’une oeuvre de Le Corbusier, mais à l’échelle d’une ville entière ! Utopie moderniste, Chandigarh fut construite peu après la partition entre l’Inde et le Pakistan : Nehru souhaitait que la nouvelle capitale du Punjab symbolisât la modernité du nouvel État. Certes, cette architecture est sujette à controverse ; mais quoi qu’il en soit, Chandigarh est aujourd’hui la ville en Inde où il est le plus aisé de circuler.
Le Centre Le Corbusier présente de vieux documents, des croquis et des photos qui retracent le travail du maître d’oeuvre de Chandigarh (www.lecorbusiercentre.org).
La Main ouverte, Le Corbusier. Ian Brown
7. Kenzo Tange et le mémorial de la Paix, Hiroshima (Japon)
Le 6 août 1945, la ville d’Hiroshima était anéantie par le premier bombardement atomique de l’Histoire. Membre de l’Agence pour la reconstruction du Japon, l’architecte Kenzo Tange (1913-2005) dessine le plan de réhabilitation de la ville et y construit le parc mémorial de la Paix, inauguré en 1955. S’étendant sur 12 ha, le mémorial forme une vaste perspective ponctuée de structures épurées en béton brut, comme le musée de la Paix, se reflétant dans des bassins. Le dôme de Genbaku, ou dôme de la Bombe atomique, dresse son ossature à l’entrée du parc : bâtiment-souvenir préservé en l’état, c’est le seul, proche du point d’explosion, resté debout.
Le site officiel du mémorial et du musée (www.pcf.city.hiroshima.jp), partiellement en français, est une mine d’informations.
8. Alvar Aalto et le Palais Finlandia, Helsinki (Finlande)
L’audacieuse salle de concerts et de congrès conçue par Alvar Aalto sur les rives de la baie de Töölö (Helsinki, Finlande) associe design finlandais et fonctionnalité. Le projet d’urbanisme dans lequel elle s’inscrivait, proposé par l’architecte en 1961, tomba à l’eau, mais ce monolithe de marbre en donne un aperçu et constitue une vitrine de la “patte” d’Aalto : lignes modernistes, asymétrie, peu d’angles droits et un léger parfum méditerranéen. Si le son laisse à désirer – le toit incliné, censé recréer l’acoustique d’une église, n’a pas eu l’effet escompté – le monument en tant que tel a rencontré un succès fracassant.
Le Palais Finlandia (www.finlandiatalo.fi) ne se visite qu’en compagnie de guides, à des dates fixes (10,50 €).
Vue du palais Finlandia au coucher du soleil. Johannes Valkama
9. Jørn Utzon et l’opéra de Sydney (Australie)
C’est un Danois qui a signé l’un des monuments australiens les plus emblématiques : l’Opéra de Sydney. Le projet de cet édifice aux “coquillages” blancs (un clin d’oeil, peut-être, aux coquillages aborigènes trouvés là), proposé par Jørn Utzon en 1957 lors d’un concours, faillit être écarté par le jury. Difficile à croire, tant ces coques qui se recouvrent partiellement (d’aucuns y voient des voiles) se fondent à merveille dans le décor du port, avec les jardins botaniques derrière, les gratte-ciel à proximité et le pont de Sydney pour fidèle compagnon. Rien ne vaut l’arrivée en ferry, tout près de là, au Circular Quay.
L’Opéra de Sydney (www.sydneyoperahouse.com) propose plusieurs visites guidées. Comptez 155 $A et 2 heures pour celle des coulisses.
10. Frank Lloyd Wright et Taliesin West, Arizona (États-Unis)
Pour l’architecte américain, qui consacra sa vie à repenser les espaces privés et publics, un édifice n’était pas simplement “un lieu où vivre, mais une façon de vivre”. De ses 1 141 réalisations, quelques-unes sont ouvertes au public, dont sa propre résidence d’hiver. Taliesin West (1937) illustre le style de Wright – plafonds bas, espaces décloisonnés, continuité entre intérieur et extérieur –, en harmonie avec la nature environnante. L’orientation des fenêtres et de petits sentiers font le lien entre la maison et les contreforts du désert de Sonora, source d’inspiration pour Wright.
Taliesin West (www.franklloydwright.org) se situe à Scottsdale. Des visites guidées de 1 à 3 heures ont ont lieu quotidiennement (9h-16h).